Où était-il? Pourquoi ne voyait-il rien? Pourquoi cette noirceur autour de lui? Casey était perdu. Minuscule petite chose au milieu de cette immensité vide. Il ne savait pas quoi faire. Ses jambes étaient comme paralysées. Ses membres tétanisés par cette voix qu'il venait d'entendre. "Mais pour qui tu te prends?!?". Tout à coup, l'obscurité se dissipa. Laissant place à une pièce sombre et triste. Casey ne pouvait toujours pas bouger. En face de lui, une silhouette flou. En fait, dans cette pièce, rien n'avait de contours bien distincts. Le temps passait à toute vitesse. Il n'avait pas le temps de réfléchir. Un autre personnage entra soudainement. Une femme. "Casey!". Elle vint près de lui. Elle le secoua, d'abord doucement, puis plus fort en voyant qu'il ne réagissait pas. "Casey!!!". Il ne répondait pas. Obnubilé par la première silhouette. Elle était restée seule, sans bouger. Elle ne faisait rien. Qu'attendait-elle? "CASEY!!!". La deuxième silhouette criait de plus en plus fort. Et de plus en plus. "Casey! Casey! Casey! Casey!...". Elle répétait sans cesse son nom. Ses pupilles écarquillées par l'inquiétude. Mais Casey ne bougeait pas. Alors elle continua. "Casey! Casey! Casey!...". Sa voix Changeait. Elle semblait mécanique. Comme un robot qui répéte sans arrêt. Comme l'appel désespéré d'une alarme incendie. "Casey! Casey! Casey! Biip!" Biip? La pièce se dissipa, entraînant les silhouette avec elle...

Biip. Biip. Biip. Biip.
Casey ouvrit un œil. La pièce n'était plus. Tout ça n'était qu'un rêve. Un simple rêve. Ou cauchemar. Il tourna la tête. Sur le sol en bois usé, son téléphone vibrait, répétant inlassablement le même "Biip". De là où il était, Casey pouvait voir le numéro qui s'affichait sur son écran. Son numéro. Il prit le téléphone et l'éteignit. Comme toujours. Jamais il ne répondrait à son cyclope de frère. C'était insensé. Mais ce dernier n'avait pas l'air de le comprendre. Chaque fois, il rappelait. Ce qui énervait prodigieusement Casey. En particulier lorsqu'il le réveillait. Ne dormait-il pas à une heure aussi matina... 11H23. D'accord, c'était peut-être lui qui était déréglé. Mais ce n'était pas une raison pour être aussi têtu. Le jeune garçon se leva. Il avait dormi par terre, contre le bois. Pas très confortable, mais ou dormir d'autre? L'appartement, si l'on pouvait toujours appeler cela comme ça, était en très très mauvais état. Dépourvu de meubles, il ressemblait à un logement dans lequel personne ne vit. Si bien sûr on ne faisait pas attention aux vêtements sales que la voisine avait la gentillesse de laver à sa place. Près de l'endroit où il avait dormi, une cannette de bière gisait, vide. Il la ramassa, comprenant au même moment son mal de tête tonitruant. Elle n'avait sûrement pas été la seule de la soirée. Non, elle N'AVAIT PAS été la seule de la soirée. Les événements lui revenaient en mémoire. Une soirée dans un bar malfamé avec des gens louches et de l'alcool à volonté. N'avait-il rien de mieux à faire? Il se réprimanda intérieurement, tandis qu'il s'avançait vers le seul et unique meuble de l'appartement, une petite table sur laquelle étaient posés une pile de vêtements propres et un bol de riz cantonnais froid. Sur cette première, un post-it indiquait le message suivant. "Voilà tes derniers vêtements. Je t'ai aussi mis un reste d'hier, il faut que tu mange, mon chou. Au fait, passe me voir, un de ces jours. XXX." Pas besoin de signature. Ou même de nom. Casey connaissait l'auteur de ce message. L'écriture, le surnom stupide, et puis l'habitude de recevoir ce genre de messages accompagnés du même genre de choses. La voisine. Casey arrache la message, l'écrasa, et l'envoya ballader dans un coin. Il détestait ce surnom. Et elle le savait très bien. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle l'appelait comme ça. Salope. Quoi de mal à insulter une femme pour ce qu'elle était réellement? Combien de fois Casey s'était-il retrouvé dans son lit? Il ne comptait plus à présent. Lily. Avait-elle inventé ce nom? Sûrement. Comme lui avait inventé celui de "Mike". Et elle le savait très bien. Ils se racontaient leurs vies sans vraiment se les raconter. Leurs récits étaient pleins de mensonges, d'inventions, et de choses passées sous silence. Chacun voyait quand l'autre mentait. Mais leur relations était comme ça. Totalement superficielle. Ce n'était pas une relations amoureuse, loin de là. Elle recevait beaucoup d'hommes chez elle et Casey allait chez bon nombre de filles. Il enleva le plastique qui recouvrait le bol de riz et commença à le manger avec les couverts qu'elle avait soigneusement posés à côté. Lorsqu'il l'eut fini, il attrapa certains vêtements de la pile propre et alla dans la salle de bain. Là, il se déshabilla, entra dans la douche, et ouvrit le robinet, laissa couler l'eau froide sur sa tête. Vous pensez qu'il aurait eu de l'eau chaude? Vous vous trompez. C'était déjà un miracle qu'il ait de l'eau. Lily payait-elle la facture pour lui? Non, avec son travail minable de secrétaire le jour et celui pitoyable de serveuse la nuit, elle gagnait juste assez d'argent pour s'occuper de ses factures à elle. La compagnie des eaux avait tout simplement oublié de lui couper l'eau. Ou le dossier avait-il mystérieusement disparut de leurs fichiers... Sa douche prise, il enfila ses habits. Un jean, des converses grises foncées, et un débardeur tout aussi coloré, par dessus lequel il mit un sweat noir dont il remonta la capuche après s'être lavé les cheveux. Il n'oublia pas de mettre ses bracelets et son collier, objets auxquels il était maintenant habitué.Il prit son portable qu'il fourra dans sa poche. C'est à ce moment qu'il la vit. La neige. On la voyait tomber doucement du ciel, à travers les vitres poussièreuses de l'appartement. Il pesta. Saleté de neige. Il n'avait pas d'habit très chauds. Comment allait-il sortir? Bon, solution de dernière minute. Il prit un blouson en cuir assorti à des mitaines faites pour le style plus que pour se réchauffer et sortit. Pas besoin de fermer la porte. Il n'y avait rien à voler, de toute façon.

Casey avait marché un bout de temps. S'éloignant de plus en plus de sa "maison". Les deux capuches -celle du sweat et celle du blouson- soigneusement relevées sur sa tête. Il ne vouait pas être repéré. Ça serait trop bête.Les rues malfamées, les meilleures lorsque l'on veut passer inaperçu, défilaient sous ses yeux. Le jeune homme les connaissait bien. Deux ans qu'il les parcourait. Sans but. A part le malheur de son frère. Heather. Depuis combien de temps le harcelait-il? Difficile à dire. Casey n'avait plus vraiment la notion du temps, enfermé dans son petit appartement, scotché à son portable. Il aperçu quelqu'un qu'il connaissait. Un diller du coin. Petit môme qui reniait sa vie de gosse aimé pour prouver au monde qu'il pouvait défier les lois aussi bien que tout le monde. Il s'assit à côté de lui, grelotant sous la neige, et ils discutèrent. De choses sans importances. Bien sûr. C'était une journée normale. Juste avec un temps pourri. Une journée normale. Non. C'avait été une journée normale. Ce n'était plus le cas. Dans cette ruelle vide, il avait une chance sur un milliard de le trouver. C'était tombé dessus. Heather. Casey l'aurait reconnu parmi milles. Avec ses cheveux roux, son œil mort, tué par sa mère, son visage si masculin, et sa taille, insupportablement plus grande que la sienne. Heather. Cet enf**ré de rat qui, même sur son territoire, ne pouvait s'empêche de lui pourrir la vie. Heather. Il ne voulait pas le voir, il ne voulait pas lui parler. Merde! Il se leva précipitement et partit en courant, sous le regard étonné de sa "connaissance". A toute allure. Poussant les obstacles qui se mettaient en travers de son chemin. Il ne pouvait pas utiliser son pouvoir ici. Trop de gens. Les Omégas n'étaient pas recherchés s'ils avaient moins de vingt-cinq ans. Lui, si. Normal, il avait piraté des données importantes, lorsqu'il était à l'Orphelinat. Il accéléra le pas. Avec la carrure qu'il avait, Heather ne pouvait être que rapide. Casey tourna dans une rue. Plus personne, à part un clodo à moitié aveugle et une des putes du quartier. Il connaissait trop bien les rumeurs qui couraient sur cette femme pour utiliser son pouvoir. C'était une mauvaise langue. Chaque action, chaque geste, elle le répétait. Et pas qu'un peu. Il tourna dans une autre rue avec un dérapage plutôt mal contrôlé et s'entailla la main. Pas très profondément cependant et, même s'il eu un tic de douleur, il continua à courrir. Jamais. Non, plus jamais il ne reparlerai à Heather.

Une rue. Puis une autre. Et encore une autre. Casey courrait sans s'arrêter. Non, il ne pouvait pas. Il n'avait pas le droit. Huit ans. Depuis huit ans, il essayait de se créer une nouvelle vie. En vain. Il croyait avoir réussit. Mais il avait fallut qu'Heather le retrouve. Qu'il vienne lui rappeler à quel point il était mieux que lui. Qu'il revienne aiguiser sa haine. Cette haine qu'il entretenait depuis qu'il était tout petit. Et qui, se jour là, brûlait à nouveau dans ses yeux. Il entendait les pas de son frère derrière lui. Il savait qu'il le rattraperai. A un moment ou à un autre. Et qu'enfin ils devraient se faire face. Pour régler ce problème. Ou plutôt cette vie. Oui, leurs vies à tout les deux étaient en jeu. Dans cette confrontation ultime. Ce moment où ils devraient tout les deux s'affronter, les yeux dans les yeux. Casey ne voulait pas de ce moment. Dans un accès de lâcheté momentanée, il accéléra le pas. Non. Plus tard ils parleraient, mieux ce serait. Pour la première fois de sa vie, Casey avait envie d'être chez lui, au chaud. Ou encore caché chez la voisine. A parler de la pluie et du beau temps. Tout mais pas ça. Les pas se rapprochaient. Pas besoin de tourner la tête pour savoir qu'Heather se rapprochait avec eux. Pourquoi fallait-il que ce rat soit si rapide? Il fallait que Casey trouve une rue vide le plus vite possible. Là, il pourrait utiliser son pouvoir. Il pourrait s'évaporer, comme s'il n'avait jamais existé. Il pourrait semer l'autre abruti. Et il ne pourrait rien contre lui. Casey connaissait le pouvoir de son frère pour l'avoir lu dans les fichiers de l'Orphelinat. La glace. Mais même s'il venait à le geler, Casey pourrait quand même mêler ses atomes à ceux de la glace. Et Heather, stupide cyclope qu'il était, ne comprendrait rien. Oui, il était intelligent. Mais il n'était pas Heinstein. Et il lui faudrait du temps pour se rendre compte que Casey avait un contrôle total sur ses atomes. Heather était désormais tout proche. Trop proche. Et toujours trop de gens dans la rue. Casey tourna encore, espérant qu'il seraient enfin seuls. Râté. Pourquoi y avait-il toujours quelqu'un? N'était-on pas dans les bas-fonds de la ville? N'y avait-il pas un endroit que la vermine n'avait pas colonisé? Heather était tellement près que Casey pouvait sentir son souffle sa nuque. Sa nuque? Oui, pendant sa course, ses capuches étaient tombées, révélant ainsi la totalité de sa tête blonde. Il sentait maintenant le froid glisser contre son coup. Il le sentait rentrer dans son corps, attaquer ses cordes vocales. Sans doutes tomberait-il malade. Mais peu importe. Semer son frère était bien plus important. Et Lily aurait sûrement des médicaments. Lily. Pourquoi tout se rapportait-il toujours à elle? Pourquoi chaque fois qu'il pensait à sa nouvelle vie, elle venait s'infiltrer dans son esprit? Chaque fois qu'il pensait à sa sécurité? Peut-être était elle devenue comme une mère pour Casey. Après tout, elle nettoyait son appartement, s'occupait de son linge sale, lui préparait à manger, et lui donnait même un lit lors des nuits froides d'hiver. Mais qui coucherait avec sa mère? Personne, hein. Non, elle n'était pas comme une mère. Elle était peut-être juste sa seule amie. La seule amie qu'il ait jamais eu. Lily. Il ne tenait pourtant pas particulièrement à elle. Les relations étaient parfois bien étranges. Casey sortit brusquement de ses pensées. Une main venait de se poser sur son épaule. Une main grande et forte. Une main dont il devinait la pâleur. Dont la musculature et la poigne d'acier étaient reconnaissables parmi mille. La main d'Heather.


Il l'avait rattrapé. Il l'avait rattrapé. Il l'avait rattrapé. Rapidement, cette information parcoura le corps de Casey, accompagnée d'un nouveau sentiment. Un sentiment de défaite. Une envie d'abandonner. De tout laissé tomber. Mais il ne succomba pas. Il fallait qu'il continue. Qu'il persévère. Et peut-être arriverai-t-il à semer son frère. La rue n'était toujours pas vide. Même avec cette main sur son épaule, Casey continua de chercher un endroit où il pourrait activer son pouvoir tranquillement. Après tout, c'était ça ou abandonner. Dans les rues étroites de la ville, il devait faire attention à ne pas trébucher. Sur des sacs poubelles, des bières, différents objets, ou encore des corps. Morts ou vivants. Pas que les l'endroit était particulièrement dangeureux. Non. C'était surtout des corps de vieux clodos qui faisaient des overdoses d'alcool ou d'autres cochoneries. Casey ne pouvait pas dire qu'il n'avait jamais touché à la drogue, ce serait faux. Il faisait d'ailleurs souvent des accès de bières. Même si ça n'avait rien à voir avec cette première. Enfin, ce n'était aque des essais. Il n'était pas accro et n'en prenait plus. Oui, il n'avait que seize ans. Mais qu'espèrait l'Orphelinat en lachant des enfants si jeunes parmi la délinquance de ce monde? Casey sauta par dessus une vieille veste abandonnée, se débarrassant par la même occasion du poid de la main d'Heather sur son épaule. Mais il ne l'avait pas semé pour autant. Il se souvenait des mots que ce dernier lui avait dit lorsqu'il l'avait attrapé. "Sale lâche!". Un lâche. Comment se permettait-il de critiquer? Qui était le plus lâche d'eux deux? Toujours, Heather avait vu son frère, pris aux mains de sa mère. Jamais il n'avait fait quoi que ce soit pour le sauver. Jamais il n'avait dégné bouger ses fesses pour le tirer de ce cauchemar. Casey lui, était surveillé quasiment 24 heures sur 24. Il ne pouvait rien faire. Mais Heather, lui, pouvait. Et il était quand même resté dans son coin, inutile. Incapable. Casey tourna dans une autre rue. Geste qu'il regretta. Une impasse. Il était tombé sur une impasse. Vide cependant. Il pouvait fuir. Il pouvait laisser son frère, seul, avec un air ébêté, et s'envoler, se laissant porter par le vent. Il pouvait. Mais pourquoi le faire? Cela n'aurait-il pas prouver qu'il était le pire des deux? Si. Et il tenait bien trop à sa fierté pour ça. Il abandonna cette perspective. Plus besoin de regretter son geste. Il était ici, pourquoi ne pas y rester? Au bout de cette impasse, il s'arrêta. Et se retourna. Laissant ainsi apparaitre son visage entier à son frère. Deux ans qu'ils ne s'étaient pas vus. Huit ans qu'ils ne s'étaient pas parlés. C'était l'heure de la confrontation. Et Casey aimait ça plus qu'il ne l'aurait cru. Ses yeux, désormais impassibles, regardaient son frère avec une réelle indifférence. Il ne perdrait pas son sang froid. Il le maîtrisait totalement à ce moment. Dans quelques secondes, il dirait les premiers mots à son frère depuis huit ans. Huit ans. Huit années parties en fumée. Avec seulement quelques mots. Ses yeux toujours fixés dans ceux d'Heather, il s'apprèta à ouvrit la bouche, prononçant ainsi les mots qui signeraient le début de la guerre. Une guerre entre eux deux. Une guerre apocalyptique. Perspective amusante. Un sourire se dessina sur ses lèvres. A la fois plein de haine et d'amusement.

" Qu'est-ce que tu veux, le Cyclope? "

C'était une rue misérable. Comme toute celles qu'il avait parcourues jusqu'à ce moment. Mais celle là était différente. L'Ambiance y était différente. Les bruits y étaient différents. Bref, tout. On n'entendait plus le ronflement épuisé des clodos, ou le son des tallons aiguilles des putes contre le sol. Même plus les rats, sales vermines pleines de microbes qui grouillaient dans ces rues pas franchement plus propres. Il n'y avait plus cette sensation de fuite qu'il avait éprouvée il y avait à peine quelques secondes. Secondes qui avaient duré une éternité. Son frère prenait autant de plaisir que lui à cette confrontation. C'était clair. Tout deux étaient là, à sourire. Mais quels sourires! Ils ne reflétaient que le haine, sentiment profond et plus qu'indispensable. Oui, indispensable. L'être humain à besoin de haïr. Il a besoin de voir quelqu'un qui a moins que lui. Il a besoin de voir quelqu'un souffrir pour se sentir bien. Enfin, était-ce vraiment le cas? Ou était-ce juste le sentiment que Casey éprouvait en regardant son frère? Comment avaient-ils pu en arriver là? Frère de sang, jumeaux, faux d'accord, mais jumeaux quand même, de la même mère, du même père. Comment pouvaient-ils être aussi différents? Etait-ce vraiment le caractère des parents qui résonnait en celui des enfants, ou était-ce leur éducation qui les forgeait réellement? Que de questions dont Casey se fichait éperdument. Il haïssait son frère, c'était tout ce qui comptait. Il lui suffisait d'entendre sa voix pour avoir envie de tout casser, de voir son visage pour avoir envie de le tuer. Oui, il voulait sa mort. Et Heather voulait sûrement la sienne. Ou pas. Après tout, pourquoi le cherchait-il? Pourquoi l'appelait-il sans arrêt? Que lui voulait-il, au juste? Voilà ce que Casey voulait savoir. Et cet abruti s'était contenté de répondre qu'il voulait lui parler. Comme si il ne l'avait pas compris. S'il voulait se battre, il n'aurait pas appelé sur son téléphone. Sauf s'il voulait un rendez-vous pour le faire, ce qui était très improbable. Non, Heather n'était pas de ce genre. Il voulait lui parler. Mais lui parler de quoi? Cette question trottait dans la tête du jeune homme, inévitable. Mais que lui voulait Heather, merde?!? Il continua à le détailler. Oui, il avait beaucoup grandit. Il était tellement grand qu'il faisait maintenant plus que son âge. Peut-être 17, ou 18 ans. Mais en le regardant, Casey voyait bien qu'il n'avait rien à faire dans ce genre d'endroit. Il était bien habillé, soigneusement, et assez couvert pour ne pas craindre le froid mordant des ruelles sombres. De son côté, Casey était très différent. Il se fondait dans le paysage, comme s'il lui appartenait. On voyait à sa façon de se tenir, à ses vieux habits, à son style, et au calme de ses yeux qu'il avait l'habitude de se balader ici. Après tout, c'était sa vie. Quasiment toute ses connaissance y passaient leur journée et leurs nuits, lui y comprit. IL n'avait rien d'autre à faire. Il n'avait pas vraiment donné de but à sa vie. Il érait. Inutile. Mais il s'en fichait. Il préférait être inutile qu'être utile à Heather. Utile à Heather. Comment cette idée stupide avait-elle pu lui passer par la tête? Peut-être parce que depuis un moment déjà, son cerveau recherchait activement ce que pouvait lui vouloir son frère. Et la seule solution probable était la suivante: il voulait l'utiliser. Oui, mais pourquoi? Réfléchissons un peu. Quelle était la seule chose dans laquelle Casey avait toujours surpassé Heather? Quel était ce talent qu'il entretenait soigneusement depuis des années? La réponse se fit rapide. Il n'y avait qu'une seule possibilité. Hacker. C'était ça. Il voulait l'utiliser pour Hacker quelque chose. Pauvre chose. Il pouvait toujours aller se faire voir. Casey n'avait jamais Hacké que pour lui même, n'Hackait que pour lui même, et n'Hackerait jamais que pour lui-même. Jamais il ne le ferait pour quelqu'un. Et encore moins son frère. Il s'appuya sur la poubelle qu'il y avait derrière lui et croisa les bras.

" Toujours aussi direct, Heather-le-Martyre. Si tu t'imagines que j'ai tout mon temps, tu te trompes. Et encore moins pour parler avec toi. Je n'attendrais pas trois heures. Non, en fait, je n'attendrais pas trois secondes. Dépêche toi, le compte à rebours à commencé. Trois. Deu... "

Casey s'arrêta brusquement. Ses pupilles écarquillées par la surprise. Non. Pas ça. Tout mais pas ça. Pas à ce moment là. Il venait de glisser sa main dans sa poche gauche. La main qu'il avait blessée. Pourquoi? Parce que la blessure s'avérait plus profonde qu'il ne l'aurait pensé, et qu'il ne voulait pas donné à son frère le plaisir de voir son sang couler. Ça serait trop bête. Mais c'était une erreur. Jamais il n'aurait du y mettre sa main. Jamais. Il était pris au piège maintenant. Il lui était quasiment impossible de s'en échapper. Il referma sa main sur le petit paquet de poudre blanche qui s'était ouvert pendant la course. Il remarquait ce genre de choses normalement. Mais cet abruti de dealer avait du le glisser au moment où il avait vu Heather. Saleté. Il aurait du s'en apercevoir. Il aurait du s'en apercevoir. Mais c'était trop tard maintenant. La poudre s'était répandue dans toute sa poche. Pire, elle se diluait maintenant dans son sang, rentrant par la même occasion dans sa main. Parcourant ses veines, attaquant ses muscles, ses défenses. Il voulut se dématérialiser avant qu'elle n'atteigne le cerveau. Pour qu'elle reste dans certains atomes et ne puisse plus avancer. Pour éviter à Heather, en plus de le voir saigner, le plaisir de le voir dans cet état. Trop tard. Il n'avait pas été assez rapide. Ou elle au contraire l'était trop. Elle avait atteint les nerfs. Il avait perdu la bataille. Contre une simple poudre blanche. Très puissante cependant. L'homme avait su inventer une substance le détruisant complètement. Et il continuait de l'utiliser. Elle paraissait peut-être inoffensive. Mais c'était un ennemi redoutable. Personne ne pouvait gagner contre elle. Personne. Casey vacilla. Plus assez de force pour tenir debout. Ses muscles le lâchaient. Dans peu de temps, il ne pourrait plus faire grand chose. Mais c'était quoi cette drogue au juste? Un somnifère? A quoi ça pouvait servir d'être privé de ses forces? Il n'y avait que les imbéciles pour acheter ça. Casey tomba à genoux. Il ne sentait presque plus ses jambes. Sa tête tournait. Sa vision se troublait. Il n'entendait à la fois rien et un son tonitruant. Qui lui explosait les tympans. Il sentait son cerveau l'abandonner. Laisser le contrôle à cette putain de poudre blanche. Son portable tomba par terre. Fragile et précieuse petite chose. Une merveille technologique à laquelle il tenait comme à la prunelle de ses yeux. Sans lui, il n'était rien. Sa seule occupation disparaissait. Il pourrait, bien sûr, se procurer un ordinateur, grâce a ses relations dans les quartiers riches, mais ce n'était pas aussi pratique. Avec son portable, il pouvait Hacker où il voulait, quand il le voulait, et sans se faire remarquer. Il était tout pour lui. Depuis des années, ils étaient partenaires. Maintenant, Casey le connaissait jusque dans se moindres recoins. Jusqu'à le plus petite rayure de sa coque grise, jusqu'au moindre petit pixel. Il connaissait même par cœur son circuit, pour l'avoir ouvert bon nombre de fois. Il y tenait plus que tout au monde. Il voulut le rattraper. Il ne put pas. Plus assez de force. Il s'en voulut énormément. Il ne voulait pas le perdre. Il ferma les yeux et laissa sa tête tomber en arrière. La drogue continuait de se diluer. Sa main, maintenant sortie de sa poche, n'était pas belle à voir. La blessure ne se refermerai pas de sitôt. Les sang dégoulinait sur le béton. Laissant Casey, à genoux, et dans un état pitoyable. Avec son pire ennemi en face de lui. Qu'allait faire Heather? Lui prendrait-il son précieux téléphone? Le battrait-il jusqu'à la mort? L'emprisonnerait-il? Impossible de prévoir. En fait, Casey n'était pas en était de réfléchir. Il ramena péniblement sa tête en avant, tournée vers son frère. Et cette fois, ce ne furent pas des yeux impassibles qui s'ouvrirent vers lui. Mais des pupilles dilatées. Il était shooté.