Sujet: L'échappée belle ; Privé. Sam 3 Avr - 18:49
L'échappée belle.
Je te préviens, petite, ça va mal terminer [ C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup ] Privé. Before ...
Alors que peu a peu, le linceul du ciel reprenait ses droits, et qu’une fine pluie de cendres moutonneuses s’abattait sur la tête, le rire semi hystérique de Lillian sembla peu a peu s’étouffer, s’atténuer en un ricanement ambigu, avant de se couper, pendant que sur sa tête brune, quelques flocons de nacre se posaient avec délicatesse. Sans un mot, Curve releva la sienne, et observa le ciel qui lentement envahissait la terre d’une moquette glacée. Les pensées qui éclairèrent ses yeux cendrés furent le souvenir premier d’enfants aperçus a travers les fenêtres de la nursery lorsqu’il avait un peu plus de cinq ans, qui batifolant et chahutant, cambraient les reins et tiraient la langue, cherchant a capturer un délicat présent du ciel. Cette pratique alors, l’avait intrigué. Passant la tête a travers la fenêtre a barreaux, il avait scruté le ciel, et a défaut de tendre la langue, avait tendu une main, paume retournée vers le dieu qui distribuait pareilles sucreries, et avait attendu, patient et muré dans un mutisme plein d’interrogations d’enfant, qu’un flocon veuille bien se poser sur sa main. Le présent lui fut offert, et a peine la petite molécule de neige eut elle frôlé ses doigts qu’il décrétait que ce jeu n’avait aucun intérêt, et qu’il préférait encore regarder les griffes du chat Tonnerre déchirer le ciel lors de ses crises de furies nocturne. Curve, le désir une fois satisfait, s’en détournait. Il était en quelque sorte un enfant capricieux mais silencieux, qui, désintéressé de tout, parvenait parfois a éveiller sa faible curiosité des choses pour comprendre un système, un fait ou un mécanisme qu’il ne comprenait pas. Une fois la connaissance acquise, il replongeait, blasé, dans sa coutumière léthargie. A quoi bon s’émerveiller pendant deux heures sur quelque chose qu’il avait assimilé du début a la fin ? Pourtant, inexplicablement, et malgré cette relative passivité, Curve ne s’ennuyait jamais. Paradoxalement, il pouvait passer une heure a observer un rayon de soleil jouer sur le mur, alors que contempler des enfants dans la cour ne l’intéressait pas.
Relevant la tête, le cendré chassa ses souvenirs d’un mouvement des paupières, et eut la surprise de sentir au bout de ses cils noirs, les molécules affectueuses de la première neige s’accrocher fermement. Un léger sourire lui vint, ce qui n’empêcha pas ses doigts de retirer le fin duvet blanc qui par ailleurs, avait commencé à recouvrir ses épaules et le haut de sa tête nacrée. L’ankylosie commencant a lui ronger les jambes, il résolut alors de se lever. Comme si Lillian était elle aussi une extension de son propre organisme, elle fit de même, et d’un mouvement leste qui lui rappela la biche effarouchée que l’on surprend en train de boire, elle se retrouva sur ses pieds avant même que lui n’ai étendu les jambes. Jusque la, tout était .. Normal. Néanmoins, un certain détail clochait. Ses doigts, entrelacés dans ceux de Lillian, n’avaient pas été libérés, et il se retrouvait le bras en l’air et les sourcils haussés, a chercher une réaction convenable autre que d’éclater d’un rire légèrement narquois. Elle lui fournit une autre série d’options lorsqu’elle bondit en avant. Le haut de son corps bascula légèrement, alors que ses muscles inquisiteurs se crispaient, refusant toute contrariété. Ils n’avaient pas a lui obéir a elle, et c’est en toute bonne foi qu’ils la stoppèrent dans son élan. La cause fila ; la conséquence débarqua, au grand galop dans ses grands sabots. Curve eut juste le temps de relever le nez pour voir Lillian s’écraser sur lui.
« … ¬¬ »
Tout comme elle, il eut une totale absence de réaction. Le vide, le néant, rien. Comme si on avait arrêté le cours du temps et qu’il ne pouvait que regarder ce qui se passait alentours sans avoir la capacité de remuer un muscle. Chose qui a vrai dire, l’arrangeait. Il fit en premier lieu, l’inspection mentale de son corps. Lillian s’était vautré sur lui en toute majesté, il avait les genoux éclatés et s’était explosé le dos contre le tronc de l’arbuste vengeur. Sa tête elle aussi pulsait sourdement, n’ayant elle, pas eu le temps d’esquiver la-super-attaque-moretelle-du-fion-de-miss-Lillian. En clair il s’était pris un beau coup de boule. Distraitement, il songea à la future bosse qu’il aurait. Un gnon bleu parmi le blanc de sa peau. Esthétique. Il grimaça, ennuyé a cette perspective, et se traita d’idiot. Puis son corps, lassé de ce poids en trop, réagit d’instinct et ce fut sans aucun ménagement qu’il vira Lillian de ses genoux. Qui elle, en même temps, se relevait. Résultat ? Elle se vautra en beauté dans la neige, l’entraînant en toute mauvaise foi avec lui. Il imagina le tableau. Lui sur le ventre, à bouffer de la neige. Elle, a quatre patte et le nez dans les racines de l’arbuste, a se traiter de conne. Il se redressa juste a temps pour voir le regard d’un des bétas posé sur lui. Et merde.
Curve qui, a la normale, prenait son temps pour réfléchir, sentit l’adrénaline irriguer son encéphale et aussitôt, les pensées et théories les plus complexes s’enchaînèrent et s’emboîtèrent avec vivacité, pour expliquer l’inexplicable. En l’espace de deux secondes, la situation était limpide. Loin d’être stupides, les bétas avaient savamment manigancé pour paraître comme tel. Ils étaient donc, d’apparence, tombés dans le piège banal du caillou lancé par Curve. Pourtant, la vérité était tout autre : ils avaient du se cacher non loin, a vieller, a guetter le gibier potentiel : après tout, ils n’avaient rien a perdre. Et eux, comme de pauvres inconscients, ils y avaient cru. Ils s’étaient lamentablement fait berner. Comme des momes. Curve grinça des dents. Sa mâchoire se crispa, son regard se fit dur. Il fronça les sourcils, et empoigna le bras de Lillan, la forçant a se relever d’un bond. Alors il se mit a courir, l’entraînant derrière lui dans la rue la plus proche. Quitte a se aire avoir, autant que ce soit en tentant le tout pour le tout. Apres tout, ils n’avaient rien a perdre.
Filant a toute allure, ne jetant pas une seule fois un regard derrière lui, entraînant toujours plus vite la gamine a qui il n’avait pas laissé le choix, il traçait, comète aux cheveux cendrés, parmi les petites rues désertes de la ville. Il était environ midi, les gens mangeaient, et le quartier aux alentours de l’orphelinat était peu fréquenté, a cause de la peur qu’inspirait les enfants mutants. D’une froide détermination, Curve aperçut une ruelle adjacente et y entraîna Lillian, notant avec une certaine surprise ironique que même en ayant cinq bétas aux trousses il était parfaitement détendu et maître de lui … Et que tout comme Lillian, il se déplaçait avec une étonnante absence de bruit, contrairement a la troupe de bourrins qui leur courrait après. Un sourire satisfait releva le coin de ses lèvres. Tout n’était pas encore perdu.
Comme il s’y attendait plus ou moins, il débarqua au grand galop dans une artère plus fréquentée, ou les larges trottoirs se rétrécissaient, et ou la route semblait plus entretenue. Quelques voitures y passaient au pas. Pilant un moment, le garçon jeta un regard furtif autour de lui, puis reprit sa course, dans une allure moins soutenue, néanmoins. Quelques regards se tournaient vers eux, agacés puis amusés ensuite. Sous les yeux des passants ils n’étaient rien de plus que deux gamins jouant ensemble, rien de bien extraordinaire. Apres avoir tourné a l’angle d’une rue, ils débouchèrent dans une des voies principales. Curve stoppa une seconde fois, et observa les lieux, laissant le temps à Lillian de souffler et à son propre cœur le loisir de ralentir.
La route était très fréquentée, de nombreuses voitures s’y croisaient. Sur les deux trottoirs en face a face, des vitrines reluisantes annonçaient presque toutes un menu alléchant, et des portes ouvertes s’échappait un fumet délicieux. Dans la rue principale ou se côtoyaient restaurants de luxe et marchants de sandwichs et de frites graisseuses, les deux fraudeurs passeraient inaperçus. L’heure du repas leur facilitait la tache, puisque les restaurants étaient bondés. Malgré sa haine pour la foule, le garçon résolut de s’y plonger. Il fit un pas, aperçut un groupe de Deltas, et s’arrêta net, indécis. Ceux-ci, au nombre de trois, patrouillaient avec calme, tels des policiers. Le garçon ignorait s’ils avaient été prévenus pour leur tomber dessus, mais il ne préférait pas prendre de risques. L’un d’eux tourna la tête en leur direction. Le cendré fit un bond de coté et détala. Ceci tout en bénissant le ciel d’avoir fugué avec une compagnie rapide et endurante, pas contrariante pour deux sous. Lillian suivait sans mot dire, sans l’approuver ou le ralentir, ce qui arrangeait les choses puisque Curve n’avait ni le temps ni l’envie de créer un plan qui leur conviendrait tous les deux : il agissait pour lui et selon ses convenances, et tachait de sauver la brunette par la même occasion.
Devant lui s’ouvrit une porte, d’où s’échappait une odeur affriolante de moules et de frites. Le garçon s’engouffra dans le petit établissement, cherchant des yeux une cachette qui n’attirerait pas l’attention des clients. Il se dirigea en premier lieu vers les sanitaires, puis, apercevant dans un coin reculé de la salle, une large porte battante, il pivota et fila vers celle-ci. Poussant de la main les lourds pans de bois, il se trouva face a une allée sombe ou s’entassaient des cartons de nourritures, des chaises et bien des outils utiles a un restaurant aisé. Derrière lui, les voix des bétas l’encouragèrent a ne pas faire marche arrière. Il bnndit vers un placard au fond de la salle, l’ouvrit et le referma derrière Lillian. La poignée lui resta dans la main : ils étaient enfermés sans moyen d’en sortir. Un bruit de porte s’ouvrant à la volée lui indiqua que les bétas entraient dans la même pièce qu’eux. Il déglutit, et ne bougea plus.
Dans le noir omniprésent de leur cachette de fortune, Curve sentait son cerveau tourner a cent a l’heure, comme quelque véhicule emballé dont les freins auraient lâché ; il songeait aux deux probabilités majeures concernant les Bétas a leur trousses : Soit ils les avaient vus entrer dans l’établissement, et fouilleraient chaque centimètre carré de l’endroit. Soit ils pensaient qu’ils s’étaient glissé dans l’un des restaurants de l’avenue et fouilleraient sommairement toutes les stations de restauration, mais plus brièvement.
A son grand damn, les Bétas ne partaient pas.
Tantôt proches et tantôt lointaines, leurs voix étaient pourtant bel et bien la, stoppant toute échappée désespérée. Visiblement, ils devraient rester cloîtrés la un bon moment. Il se décida alors à desserrer ses doigts, posant ceux-ci sur la porte qui lui faisait face. Il tourna alors la tête, adressant un regard à Lillian qu’il n’avait pas daigné regarder pendant les dix dernières minutes. Et un sourire franchement narquois releva ses lèvres.
La brunette, pas plus essoufflée que lui, était encastrée dans son coin, tout comme lui l’était en ce moment. Le faible espace du placard pourtant, ne leur permettait pas un espace suffisant pour être a l’aise, et ils étaient presque l’un sur l’autre, tant les parois étaient proches et le plafond bas. Le placard se composait d’une moitié inférieure tout en longueur ou ils étaient serrés, et une petite étagère en hauteur, ou Curve avait distingué quelques boites dont il n’avait pas cherché a savoir ce qu’elles contenaient. Désormais, il savait parfaitement ce qu’elles renfermaient : Des capotes.
Lorsqu’ils s’étaient jetés avec la fougue du désespoir dans le placard, ils avaient percuté l’étagère du haut. Une boite avait du tomber, s’était ouverte en plein vol et avait vomi son contenu sur la première chose qui la séparait du sol ; Lillian. Ses cheveux et ses épaules, constellées de neige semi fondue, étaient converses de petits paquets translucides qui luisaient faiblement, et s’étaient répandues en pluie sur le sol ou stagnaient d’autres objets dont le garçon prit soin de ne pas regarder, pour ne pas les identifier. Ce qui faisait le patron a sa femme le soir venu ne le consernait pas vraiment.
D’une main, il chassa un préservatif qui avait atterri sur son épaule droite, et détourna le regard, masquant avec difficulté le sourire sarcastique de ses lèvres. Ses yeux parlaient a eux seuls. Il n’avait pas d’idées vicieuses ; il se foutait juste de Lillian. Un moyen comme un autre de décompresser. Un moyen comme un autre d’oublier qu’ils étaient coincés la, l’un sur l’autre dans un espace minuscule et pendant un bon bout de temps.
Il ferma les yeux, colla son front contre la porte en bois. Masquant le sourire qui lui dévorait irrésistiblement les lèvres.
Lilian Trilobyte cubiquebouffeusedeboulets.
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Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Dim 4 Avr - 20:03
{La vérité n'est qu'un comte sanglant pour enfants caustiques}
Les nuages revinrent vite s’enquérir de la situation des deux évadés. Spectateurs muets d’une scène qu’ils pouvaient deviner, public averti de la suite car étant celui qui prend le plus de recul dans ce bas monde. D’ennui, ils décidèrent de lâcher leurs présents captifs, et des flocons voluptueux entamèrent leur chute paresseuse. Lorsque les premiers touchèrent terre, la chute neigeuse s’intensifia, et bientôt un manteau neigeux vint étouffer le givre qui avait perdu son éclat. Les doux flocons n’épargnaient rien ni personne, et bientôt une fine cape d’un blanc pur vint se poser sur les épaules et les cheveux de la fillette et du garçon. Lilian ne savait que penser de la neige. Elle était d’une blancheur immaculée, si bien que n’importe quel manteau, fourrure, ou autre objet « blanc » paraissait gris ou jaune à côté. Tout était sale devant la neige. Et pourtant… cette soi-disant pureté tuait chaque année. Cette froideur glaçait le sang, et cette beauté était la même que celle de la mort. La même que celle du cendré. Lilian détourna les yeux.
Après son élan parfaitement stupide et donc sa chute sur le garçon, elle était toujours sur lui, mais venait de se redresser. Elle eut à peine le temps de songer qu’il était après tout, un bon amortisseur, il la vira sans ménagement de ses genoux. Il choisit mal son moment. La gamine blonde commençait à peine à se relever, et le garçon la poussa ménagement, ayant pour effet de la faire basculer en avant. Elle se vautra pour la cinquième fois en une heure, la tête dans les branches du buisson-abri-rancunnier- qui allait le devenir encore plus. Le cendré lui, entrainé dans sa chute parce que sa main était toujours liée à la sienne, s’étala aussi, ventre contre terre, le visage dans la neige. Le bras à moitié tordu, Lilian prit sur elle pour analyser calmement la situation. Tout était de sa faute. Sa faute à lui.
Il avait voulut tenter, jouer avec le feu, provoquer, tester. Il avait refusé de desserrer son étreinte, et leurs doigts restés mêlés les avaient entraînés dans une situation catastrophique. Le gris releva son regard acier, et croisa celui qu’il n’aurait jamais dû croiser. Celui d’un bêta. Un bêta de l’instant d’avant. Ainsi, ils avaient retourné leurs diversions contre eux, bien moins stupides qu’ils n’en avaient l’air. A présent, ils pouvaient bien le dire, ils était vraiment dans la merde. A peine remise, le gamine blonde sentit le cendré lui attraper le poignet brutalement et l’entrainer sans ménagement. Elle renonça à mettre de l’ordre dans son esprit et concentra toutes ses pensées dans sa course et les muscles de ses jambes, évitant au cendré une ribambelle de questions qui ne feraient que les retarder. Là, en cet instant, elle ne lui en voulait plus. D’abord parce qu’elle n’avait pas le loisir d’y penser, ensuite parce qu’il venait de prendre une décision pour elle, et de cela elle lui était reconnaissante. Il aurait dû se sentir flatté. Apparemment, il n’était pas dans sa préoccupation première de se sentir honoré de la pensée de Lilian. Quel rustre. Il semblait presque aussi lunatique qu’elle… Tantôt droit, froid et d’une beauté de marbre, tantôt narquois, méprisant, amusé par les évènements, excité par la tournure qu’ils prenaient. Une girouette au motif lupin. Il devait être assez beau sur le toit d’une maison. Lilian stoppa ses le flux de ses pensées qui s’était remis à couler, pour éviter de ralentir la cadence soutenue. Cela lui allait plutôt bien de courir, entraîné derrière quelqu’un qu’elle redoutait autant qui l’intéressait. Il pouvait se perdre dans ses pensées ou inspirer le respect, faire pulser le désir chez les uns et inspirer une sourde terreur chez les autres. Il pouvait sauver et haïr, s’intéresser ou ignorer, réfléchir ou laisser couler. Surtout, il pouvait tout faire à la fois. Etait-ce une sorte… d’admiration qu’elle éprouvait alors pour lui ? En plus du mépris ? Oui, Lilian méprisait tout le monde, sans même une exception pour sa propre personne. Le mépris pouvait-il seulement cohabiter avec l’admiration… ? Ou bien l’un des deux devait annihiler l’autre… Elle ne trouva pas la réponse.
Les muscles fins de ses jambes se tendaient et se relâchaient à intervalles rapprochés, lui donnant une allure souple et confortable, assez rapide pour ne pas ralentir la foulée élégante et sauvage du loup solitaire. Qui ne l’était d’ailleurs plus, vu qu’il se trouvait en sa compagnie. D’ailleurs, si lui était un loup, comment les autres la voyait-elle, elle ? Lilian se voyait plus comme un chien bâtard, descendante de parents pourtant fortunés et de noble race… Elle s’était retrouvée à la rue. Puis pire, à la fourrière, nommée « Orphelinat ». Un vrai refuge de sales clébards hargneux et bruyants, aboyeurs mais pas mordeurs pour la plupart. Si l’on omettait les alphas qui lui faisait davantage penser à des lévriers maigres, racés et cruels, la population actuelle de l’orphelinat était un refuge d’abandonnés agressifs et de cas sociaux –comme elle-. Enfin, comme elle. Non, ça c’était impossible. Elle avait beau se mépriser, aucun des corniauds ne lui arrivaient à la cheville. Des corniauds n’est-ce pas ? Elle ne pensait pas au loup, qui lui était bien plus noble et beau que n’importe quel pedigree. Il était la référence, la splendide morgue et le farouche mépris devant lesquels se pâmait le monde entier. Il était celui qu’elle admirait, redoutait et détestait le plus. Il était le seul qui avait crée autant d’émotions en elle en un temps si court.
Désiré et désirable.
Suivant sans résistance le bon vouloir et les décisions du cendré, les deux gamins débouchèrent dans un rue plus large et mieux entretenue que les précédentes, dans laquelle grouillait cette partie de la population qui n’avait pas encore mangé. Le mélange de fumets de nourriture qui lui arrivait aux narines la fit frémir. Les restaurants qui s’alignaient de chaque côté de la rue attiraient nombre de futurs clients, mais la route ne désemplissait pas. Ce qui sembla convenir, contraint et forcé, au gris. Pour une fois que la foule lui servait à quelque chose, il se résolut à y pénétrer. Avant même que Lilian ait eu l’idée de protester, il l’entraina à sa suite, esquivant avec agilité les personnes qui lui barraient la route. Ils s’attiraient nombre de regards, et beaucoup se retournaient sur leur passage. Les expressions variées qui les accompagnait allaient de l’amusement à l’irritation pour les moins tolérants. Lilian ne s’y attarda pas, mais ne perçut pas d’hypocrisie dans leur regard, ce qui lui semblait pourtant être le propre des adultes.
Devant elle, le garçon s’arrêta. Ses cheveux d’argents et ordre de bataille et son regard fiévreux en quête d’une solution lui rappelèrent celui d’un loup en chasse. Ou plutôt, en l’occurrence, d’un loup chassé. Il balaya les lieux du regard, sans trouver une aspérité où s’accrocher. Il fit un pas, puis s’arrêta net. Lilian, les sourcils légèrement froncés, regarda dans la direction qu’il fixait, et ce qu’elle vit la glaça. Une bande deltas. Etrange d’ailleurs, ils étaient aussi des asociaux typiques et travaillaient la plupart du temps en solo. Mais surtout, ils étaient bien, bien plus dangereux que ces bourrins de bêtas. Si les bêtas les plus féroces lui évoquaient des pitbulls, les deltas avaient tout des dobermans. Plus fin, plus puissants, plus intelligents, plus cruels. Et ils étaient armés. Le cendré ne se le fit pas dire deux fois, et son regard butant sur une porte ouverte, il s’y jeta sans réfléchir. C’est ainsi qu’ils pénétrèrent dans le restaurant à moitié plein, le traversèrent à toute allure, et s’engouffrèrent dans une pièce attenante à la grande salle, mais légèrement en retrait, dans un coin. C’était une sorte de remise où s’entassaient le matériel nécessaire au fonctionnement du restaurant, et les stocks de vaisselles et d’ustensiles de cuisine. L’Omega qui menait la course balaya la pièce sans s’arrêter, puis avisant un placard, il bondit dedans, tira Lilian derrière lui et claqua la porte dans son dos. Cinq secondes plus tard, les bêtas rentraient dans la pièce. Méfiants d’abord, ils commencèrent ensuite à remuer les cartons, tâter les murs. Ce fut lorsque sa vision commença à se troubler que Lilian se rendit compte qu’elle avait cessé de respirer. Elle ouvrit la bouche, prit une grande inspiration silencieuse et son regard s’éclaircit, permettant à ses yeux de s’habituer à l’obscurité étouffante. Un mince rai de lumière éclairait très légèrement le contenu du placard, leur donnant une ombre étrange.
Le cendré tourna légèrement la tête, permettant à la gamine de voir le sourire parfaitement narquois qui barrait son visage. Ils étaient tous les deux si proches que Lilian sentait le souffle silencieux du garçon, et elle se mit à maudire sans état d’âme les parois si proches du placard miteux. Elle répondit au loup par un sourire contrit, et dans ses yeux brillaient un mélange de courroux et de reconnaissance. Elle ne lui laissa le temps de s’en délecter qu’une seconde, elle n’aurait pas supporté une lueur victorieuse au fond de ses iris d’acier. Ces-derniers la balayèrent, et le souffle de Lilian se bloqua de nouveau dans sa poitrine tandis qu’elle subissait l’inspection. L’expression du gris se transforma imperceptiblement, et son sourire passa de narquois à sarcastique. Il suffit d’un regard vers une de ses épaules à Lilian pour s’informer de la cause de cette transformation. Elle avait en effet senti quelque chose de léger lui tomber dessus lorsqu’ils s’étaient jetés dans le placard, mais le stress qui l’avait pris à la gorge avait effacé les évènements qu’elle avait jugés non importants. Elle était couverte du contenu de la boîte qui lui était tombé dessus. A savoir des emballages de plastiques, carrés et luisants.
Vas-y, ris mon cher loup.
Elle était couverte de capotes. Les propriétaires devaient bien s’amuser après la fermeture, il y avait là un sacré stock. Evitant largement le regard gris, elle hésita entre vomir et pleurer. Elle ne fit aucun des deux, à grand renfort de cette volonté qu’elle croyait inexistante chez elle. Cherchant tant bien que mal à se débarrasser de ce fardeau gênant, elle secoua les cheveux, faisant tomber ce qui tenait en équilibre précaire sur sa tête blonde. Ses épaules suivirent le mouvement et le reste des emballages tomba à ses pieds. Ne voulant pas recroiser le regard du gris, elle chercha un objet sur lequel se concentrer, quelque chose qui lui permettrait de fuir la réalité un moment. Son regard tomba sur un objet peu éclairé. Elle attendit que ses yeux s’habituent à l’obscurité, puis parvint à décerner les contours de ce qui avait attiré son attention. Il était composé d’un manche, en plastique noir lui sembla-t-il, suivit d’une lanière de cuir qui serpentait au sol. Oh non. Là, elle avait du mal à y croire. Un fouet.
Fermant les yeux précipitamment, la gamine chercha à se calmer. Elle composa méticuleusement l’expression qu’elle arborerait l’instant d’après, optant pour une confortable neutralité, avec pour seule aspérité, un sourire cynique et profondément désespéré. Ce fut sous cette apparence qu’elle accepta de regarder de nouveau le gris. Elle faillit ouvrir la bouche, mais un éclat de voix la rappela à l’ordre :
« Où sont passés ces mômes, nom de dieu ?!
-Tu blasphèmes, Willy, lui répondit une voix blasée.
-Ta gueule. Y sont forcément dans ce resto’, on n’a qu’à commander et on reste ici jusqu'à c’qu’y sortent de leur trou.
Lilian les entendit se diriger vers la sortie de la pièce, fermer la porte derrière eux. Elle faillit pousser un soupir de soulagement, mais les entendre de nouveau la coupa net dans son élan. Ils venaient de commander à la table qui se trouvait juste devant la porte de la pièce. Les deux pouvaient bien sortir du placard, mais pas de ces quatre murs. Et merde. Ils avaient décidé de camper ici.
La gamine blonde jeta un regard désespéré et inquisiteur au cendré. Ils étaient coincés, et bien coincés. En dernier recours, ils pouvaient toujours tenter un passage en force. Mais si Lilian utilisait son pouvoir, l’autre Omega en serait aussi affecté. Ils ne pouvaient pas fuir. Leur seule option était de sortir de ce placard et de tourner en rond dans la pièce comme des fauves en cages. Mais la jeune fille ne fit rien. Se contentant de scruter le gris, d’anticiper une quelconque réaction de sa part. Il était intelligent… Qu’il trouve. Leur petite escapade s’était muée en mission impossible. Mais ce n’en était plus excitant pour elle. Plutôt irritant. Non pas qu’elle veuille rentrer à l’Orphelinat, non… Elle avait plutôt envie que le loup dise quelque chose. Elle avait envie de l’entendre. Elle voulait qu’il prononce des mots, que ce soit une moquerie, une insulte, une excuse – peu probable - , ou même rien d’intéressant, elle voulait l’entendre dire quelque chose. Lilian lui lança un regard interrogateur, puis sans arrêter de la fixer, elle détendit le bras, voulant saisir la poignée de la porte. Il n’y en avait pas.
Elle détourna aussi tôt le regard, tâtant le panneau de bois. Il y avait forcément un moyen de sortir… Non, il n’y en avait pas. Lorsqu’elle se retourna vers le cendré, c’était de l’angoisse qui brillait dans ses yeux bleus.
« Inconstance. Saturation chronique d'une aventure affective. »
Les crocs serrés sur un sourire narquois, le garçon, front contre la porte, bloqué malgré lui dans une pose plus qu’inconfortable, listait actuellement les points positifs de cette fugue transformée en filature improvisée. Ceci pour laisser le temps a lady Lillian de se remettre de ses émotions. Aux yeux d’un témoin externe, la situation était complexement emmêlée, stressante ; voir presque angoissante, et présageait de lourdes conséquences. Pourtant … Lui voyait la une sortie a l’extérieur, l’occasion inespérée de quitter les murs clos et trop gris qui avaient rythmé chaque journée de sa vie. Goûter l’air sain et vif, frôler le bitume réchauffe par le soleil, sentir, voir et toucher des merveilles qu’il n’avait pu qu’observer a travers les fenêtres de la salle commune. Et surtout, surtout, ne pas être observé, oppressé par les gamins de tout age et les adultes qui disposaient de l’Autorité. Il était seul, ignorant dans sa pensée Lillian qui n’était pas réellement une gène. Plutôt comme un animal, au statut égal voir supérieur au sien. Contrairement aux humains, il n’avait pas à lui parler, a meubler une conversation sans intérêt. Il n’avait pas a répondre a ses exigences, il n’avait pas a suivre les codes de la société qu’il rejetait. Non, comme si elle était chat, il se contentait d’être observé et de l’observer, elle. Comme un photographe, il ne cherchait pas a tendre la main pour caresser l’animal, mais restait la, immobile, a attendre qu’elle vienne vers lui, ou a défaut, qu’elle ne fuie pas. Et dans son esprit les clichés d’elle s’imprégnaient. Imprimant ses génomes cérébraux. D’une façon..Immuable. Du moins le pensait-il.
A l’inverse de Lillian, qui se comparait a un quelconque bâtard mal socialisé et en rogne avec l’ensemble des individus qui étaient de son espèce, Curve la voyait plutôt comme un chat. Un chat sauvage qui, malgré lui se retrouvait perdu dans une ville. Un chat indépendant et qui ne se laissait pas attraper par une gamelle de bouffe insipide, un félin farouche et qui se révélait agressif et brutal si d’aventure on avait l’imprudence d’empiéter sur son territoire, ou pire, son espace vital.
Un fin matou que même les chiens craignaient.
Mais si elle, se voyait comme un chien, Curve pouvait s’aligner dans son cadre de pensée, et lui fournir un autre contexte. Un corniaud donc, au poil souillé et aux cotes visibles, aux crocs avides et aux yeux diablement rusés. Un chien logé dans un chenil, récupéré dans la ville où il maraudait seul, sans foi ni lois. Le voila piégé entre quatre grilles, forcé de cohabité avec divers clebs sans attrait et aux gueules perpétuellement ouvertes, dégoulinant de cris pathétique ou de bave grasse et visqueuse. Ce chien, personne n’en voulait. Il était maigre, restait au fond de l’enclos, se montrait agressif si on lui tendait la main. Il mangeait peu, semblant ne pas accepter la nourriture. Mais faute de mieux et voulant survivre, il mangeait. Peu, mais il mangeait. Son poil était emmêlé, et agglutiné par plaques collés et disgracieuses. Il n’était pas le pire au niveau esthétisme, mais loin d’être le mieux. Pourtant … Si des doigts doux l’avaient parcouru, lavé, choyé, tous auraient été surpris de découvrir sous la croûte de boue et de sueur, une peau fraîche, recouverte d’un magnifique poil roux aux reflets bruns. Mieux nourri, le port se serait redressé, et alors le corniaud dévoilé montrerait désormais un chien rare, de la plus pure des races et du meilleur pedigree. Si, en effet, quelqu'un lui avait prêté attention, avait décidé de ne pas le traiter et le classer comme les autres, sur les critères stéréotypés ; si on avait cessé de le brusquer, de le repousser parce qu’il ne se laissait pas caresser ; si on lui avait permis de prendre son temps, et s’habituer a la personne, le chien aurait alors fait le premier pas. Et Curve en son fort intérieur songeait qu’un jour, ce chien la aurait permis qu’on le flatte et l’aime passionnément. Il se coucherait aux pieds de son maître, jouerait même avec lui, et deviendrait un bien meilleur ami que les chiens du refuge qui acceptaient qu’on les caresse, sans savoir a qui la main appartenait et ce qu’on lui voulait.
Lillian était ainsi. Curve en était convaincu.
Soudain, un bruit à l’extérieur se fit entendre. Relevant la tête, Curve eut l’étrange impression que ses oreilles se redressaient, tel le chien, ou le loup ayant perçu un bruit. Aux abois, tête haute et prunelles fixes, ses lèvres se reformèrent en une moue indéchiffrable. Ses sourcils se froncèrent. Il n’avait pas peur, non. Il était juste frustré que son escapade se termine aussi vite. Qu’il retrouve sa cage après un laps de temps aussi court. Curve le loup avait besoin d’espace. Et son corps grondait d’être encore enchaîné.
« Où sont passés ces mômes, nom de dieu ?! -Tu blasphèmes, Willy. -Ta gueule. Y sont forcément dans ce resto’, on n’a qu’à commander et on reste ici jusqu'à c’qu’y sortent de leur trou.
Alors que Lillian ouvrait de grands yeux angoissés, auquel Curve ne jeta qu’un regard neutre, lui ne percevrait qu’une légère baisse de tension. Bon. Ils avaient cessé de farfouiller, et s’étaient assis pour manger. Mais comme ils l’avaient braillé, eux non plus n’allaient pas rester la a glander jusqu'à vingt heures. Et puis au pire des cas, cela ne gênait pas Curve de passer la nuit dans le restau’ ou au pire, dans le placard. Pour une fois, il ne comprenait pas Lillian. Il n’y avait rien d’angoissant dans cette situation. Ils étaient en sécurité ici, plus que n’importe quel endroit, puisque le placard ne s’ouvrait pas, et que l’aubergiste n’irait pas l’ouvrir devant les Deltas inquisiteurs. A moins de n’avoir aucun amour-propre. Et aucune pudeur.
L’ankylosie lui rongeant les jambes, Curve entreprit alors de changer de position. Lentement, il poussa du pied les .. Objets qui jonchaient le sol, et s’aménagea un espace dépourvu de relief. Lentement, il se mit alors a glisser, le dos contre la paroi de bois, ses jambes se pliant peu a peu, pour s’asseoir dans un coin du réduit, puisque visiblement il n’allait pas en sortir de sitôt. Les jambes pliées contre lui, il balaya le sol du regard, cherchant à calculer si Lillian pouvait faire de même. C’était de son coté aussi, assez encombré. Il cilla, pensif, puis tendit la main, et rapprocha de lui les objets qu’il avait premièrement écarté, en plaçant d’autres dans de coin le plus proche du sien, laissant ainsi la place nécessaire a Lillian pour s’asseoir, ou du moins se tourner dans une autre position si elle le désirait. Evidement, ils seraient plus serrés que debout. Mais pour une fois, le garçon n’en avait cure. C’était rester debout a se trémousser en stressant, ou s’asseoir, se poser et attendre, patiemment. Il n’y avait même pas a réfléchir. Il posa sa tête contre la cloison de bois, et ferma les yeux. Occupant tout l’espace disponible d’une aura sereine et tranquille.
Lilian Trilobyte cubiquebouffeusedeboulets.
Messages : 140 Date de naissance : 03/06/1995 Age : 29 Date d'inscription : 30/12/2009 Virus : Oméga Pouvoir: : Contrôle de la gravité Age : 15 ans
Il ne voyait pas pourquoi elle était si angoissée à l’idée de rester bloquée dans ce placard étriqué qui sentait le renfermé ? Et bien elle, si, elle voyait. Elle avait une légère tendance à la claustrophobie, et bien qu’elle tente de se raisonner, elle en revenait toujours au même point. Cette sensation d’oppression qui lui serrait le cœur, cette attente insupportable de l’instant d’après.
Elle avait peur, oui.
Et c’était peut-être la seule émotion qu’elle avait du mal à cacher. Ce n’était tout de même pas une sourde terreur qui la taraudait, car si tel avait été le cas, son pouvoir ce serait immédiatement déclenché. Le placard aurait été réduit en échardes contre le sol de béton, et son cher compagnon d’aventure aurait sans doute subit un sort similaire. Cette idée la révulsa, et elle secoua légèrement la tête pour chasser ses pensées. Elle ne laisserait pas éclater son pouvoir s’il était proche d’elle. Bien trop dangereux.
Le loup la regardait. Elle se sentit frémir sous ce regard implacable. Les frontières de son esprit devaient être semblable à ces iris, des murs d’acier trempé, lisses, brillants d’un éclat dur et froid. Impénétrable. Si la gamine blonde arrivait à peu près à suivre le cheminement intellectuel du garçon lorsqu’il le laissait apparaître sur son visage, si il arborait son expression de parfaite neutralité, il devenait indéchiffrable. Lilian songea un instant qu’il lui faudrait des années de pratiques pour le percer à jour dans ces moments là. Et chassa aussitôt cette idée. Son inconscient semblait avoir décidé à sa place qu’elle resterait avec lui pour un bon bout de temps… Non pas que sa présence la dérange, bien au contraire. Il ne lui avait jamais été donné l’occasion de pouvoir observer un aussi bel animal. Un observateur extérieur aurait sans doute lynchée pour ses pensées peu charitables : traiter un être humain d’animal, quel outrage… Seulement pour elle, c’était un compliment. Misanthrope Lilian ? Noon… Ainsi donc, le loup solitaire avait accepté sa présence. Une vague de reconnaissance pure l’envahit. Lui, un si noble animal, avait accepté la présence d’un clébard. Lorsqu’il tournait la tête, lorsque ses iris gris accrochaient le faible rai de lumière blanche, il lui semblait les voir se parer de reflets ambrés. Lorsqu’il souriait, cynique, Lilian voyait le mépris des babines du loup. Ses cheveux soyeux, aux reflets métalliques évoquaient immédiatement une douce fourrure, et ses traits parfaits, la perfection du canidé originel. Presque impressionnée par cette ressemblance évidente, la gamine se serra un peu plus contre le panneau de bois dans son dos, et ne fit pas un mouvement lorsque le cendré bougea. Du pied, il écarta les nombreux objets dont elle ne voulait pas connaître l’utilité, afin de ménager un espace autour de lui. Une fois sa besogne terminée, il s’appuya contre la paroi du placard à laquelle il était adossé, et se laissa glisser, froissant sa chemise au passage. Il finit par s’asseoir, jambe pliée, dans un coin du minuscule réduit. Il eut un moment de flottement, puis mu d’une soudaine inspiration, il tendit le bras et écarta les objets qui jonchaient le sol aux pieds de Lilian, pour les rapprocher de lui. Elle le regarda faire, sans mot dire, sans expression apparente. Ce fut son corps qui décida pour elle. Une furieuse douleur lui mordit les jambes, et serrant les dents, elle commença à les plier lentement. Reproduisant les précédents mouvements du garçon, elle descendit lentement le long du panneau contre lequel elle était adossée, et enfin s’assit en face du loup. Elle avait un certain espace grâce au ménage de ce-dernier, et une gratitude silencieuse envahit l’océan de son regard, que le loup ne dû avoir aucun mal à percevoir. Elle le regarda s’appuyer contre la cloison de bois rêche, et ne détachant par son regard de ce visage qui lui évoquait le loup en tous points, elle sentit quelque chose. Comme une vague, une onde fraîche. Une pluie apaisante, qui la nettoyait de tout. Ses doutes, ses peurs, ses remords… Ils coulèrent sur son corps et disparurent avant de toucher terre. Cherchant l’origine de la douche bienfaisante, elle n’en trouva qu’une. Lui.
Il irradiait une aura de calme voluptueux, de sérénité, de… douceur presque. Lilian lui lança un regard inquisiteur, puis petit à petit, son expression changea. L’intimidation face au loup, puis l’angoisse qui lui avait succédé furent remplacées par un certain bien être, et une profonde gratitude. Elle, Lilian. Elle qui méprisait tout et tout le monde, remerciait quelqu’un. Dans son for intérieur certes, mais quel progrès… Ou quelle faiblesse.
Elle releva les yeux, et cette fois, planta ses iris cobalt dans l’acier du loup. Elle ne détourna pas les yeux, une farouche détermination dansait telle une flamme au fond de ses pupilles noires. Elle ne cilla pas. Ne cligna pas. Son regard comme aimanté, absorbé, restait obstinément fixé dans celui du garçon. Elle voulait voir. Tyrannique dans son état, elle exposa deux de ses sentiments aux yeux du garçon : Sa soif de connaissance d’abord. L’avidité dont elle avait toujours fait preuve, qui allait de pair avec son égoïsme. Si les émotions, les traits de caractères pouvaient-être, comme le disent certains, représentés sous forme de couleur, alors la dominante chez Lilian, la toile de fond, serait blanche. Pas de cette blancheur éclatante et froide, comme celle du loup ou de la mort… Non, un blanc terne, tiède. Sans reflet ni éclat. Des taches furieuses de rouge le maculeraient, signe de son instabilité, de son inconstance. Le bleu courroucé aurait suivi, un bleu roi, furieux, rageur, qui voudrait imposer son règne aux quatre coins de la toile de son âme. Mais maqué par cette couleur claire et froide, un bleu clair rigide, imperméable, tremblant. Sa peur. Sa peur exacerbée de toutes choses. Du contact, de l’étouffement, du bruit, de la chaleur, de la proximité, de conséquences, du monde. Sa peur universelle, celle qui englobe tout et ne laisse rien. Celle qui prend pour ne jamais rendre, celle qui tremble mais reste implacable, méthodique, cruelle.
Un nouvelle couleur, pourtant, venait à la contrer. Le gris. Un gris à la fois doux et implacable, soyeux, sournois, dédaigneux, prévenant, affectueux, farouche. Le gris du paradoxe qu’elle venait de rencontrer. Il était celui qui partant d’un coin de son esprit, s’exprimait petit à petit, en rosaces gracieuses. Il enjambait le blanc, narguait le rouge, méprisait le bleu roi, annihilait le bleu clair. Le gris qui absorbait le tout et l’harmonisait.
Le gris, c’était lui.
La gratitude vint se faire une place auprès de la conquête, et un mot dansa, aussi silencieux qu’expressif. Merci…
La comprenait-il à présent ?
Dernière édition par Lilian le Mer 28 Avr - 17:45, édité 1 fois
Curve Désaxé chronique.
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Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Mer 7 Avr - 22:59
La perfection masculine a désormais un visage. Le sien
Ce fut a cause de cette impression de brûlure sur sa peau qu’il finit par ouvrir les yeux. Et ce fut comme ouvrir la porte d’un sous marin se situant dix mille lieues sous les mers. L’eau s’engouffrerait aussitôt par le petit interstice, inonderait le grand bâtiment en quelques minutes, et aucune âme ne survivrait pour raconter l’horreur qu’elle avait vécu ce jour la. L’eau, c’était ses yeux. Le sous marin, c’était curve. Totalement happé par le regard impitoyable de Lillian, le garçon eut l’impression délicieusement angoissante de se faire empoigner par une force mille fois supérieure a la sienne, et fut contraint de se laisser guider. Comme si on lui avait passé un collier, il ne pouvait rien faire, et telle une bête soumise, n’était autorisé qu’a regarder. Sous ses yeux, les iris de Lillian se diluèrent peu a peu, et se fondirent en une surface transparente et légèrement scintillante, lui permettant de lire en elle. Sans limites, sans restrictions. Les premiers sentiments qu’elle lui exposait, impudiquement, le harponnaient avec force, ferrant le peu de conscience qu’il restait audit loup. Pourtant, la bête avait un fort instinct de survie. Et dans un effort monumental, il détourna la tête, ses paupières fines se fermant telle la porte du cachot qu’on ouvrirait plus jamais.
A l’abri du regard plus efficace que l’Autorité elle-même, le cœur endiablé du jeune oméga put peu a peu se réguler, alors que ses muscles tendus se relâchent. Un léger pli se forma l’espace d’une seconde, a la commissure des lèvres du loup exaspéré par sa fuite imprévue. Il détestait faire face a l’imprévu. Et il détestait fuir lâchement. Curve, le paradoxe. Il reposa sa tête contre le bois, et plongea dans son état habituel d’austère paix extérieure. Délaissant non sans regret Lillian et son regard dominateur.
Dans l’océan fourbe et instable des pensées continues du jeune oméga, une brèche vint peu a peu se former, fendiller la croûte opaque des songes indomptés, craqueler la surface lisse de la neutralité apparente. Une brèche se forma, une blessure aux lèvres sans aspérités et à la cicatrice lisse comme la surface d’une vitre. Les pensées de Curve se virent peu a peu refoulés, et le garçon ouvrit alors les yeux, verrouillant derrière ses paupières, de nombreuses réflexions plus ou moins pertinentes, des théories et des idées, des stratagèmes et des projets de vengeance, des brouillons et des poèmes. Et sous ses cils qui se redressaient, se dessina la forme boursouflée et disgracieuse d’une souris éméchée au poil terni. Immobile, le garçon profita impudiquement de ce laps de temps ou son cerveau était désactivé, ou il ne pensait a rien. Et puis le torrent interrompu gronda de nouveau à ses oreilles, et une foule de remarques virent l’ensevelir avec méthode. Le premier sentiment qui émanait du tas était l’indignation. Comme ce rongeur avait – il osé le déranger en pleine ébauche philosophique sur l’intérêt de rester assis dans un placard érotique et ou des échardes perçaient ses doigts si fins ? Comment avait – il eu le culot de lui mordiller le bout de la cheville ? Celle souris, ignorait-elle qu’on ne le mordillait pas sans permission au préalable ? Passablement irrité, il amorça un geste pour chasser le rongeur, quand ses doigts impulsifs se refermèrent sur la bestiole surprise, qui n’eut même pas l’idée éclatante de se barrer a toute pattes. Non, elle se laissa cueillir comme une banale cerise, et se débattit une fois qu’elle fut bien ferrée. Eh bien. L’exposition rallongée aux sextoys devait pourrir son système primaire de cognition. Le garçon tendit l’index, et frôla la tête velue de la petite chose, qui essayait vainement de ne pas éclater sous la pression cardiaque que son cœur malmenait exerçait. Ouh la. Curve, auteur de l’armageddon au niveau rongeurien. Le garçon toisa un moment la souris, et desserra brutalement les doigts. Celle-ci, dans un éclair de génie inespéré, bondit, et, prenant ses pattes a son cou, fila ventre a terre se réfugier … Dans la manche droite de Lillian. Eh bien. Son estime pour les rongeurs venait d’être ruiné par un seul individu qui représentait alors toute l’espèce. Lui qui affectionnait les bêtes minuscules et muettes, le voila qui considérait rats et souris comme une inutilité de plus sur la Terre. Mais qui se souciait de l’opinion de Curve ici bas ? Cette idée le fit sourire, et il reposa sa tête contre la cloison de bois, laissant le soin a Lillian le chat, le loisir de se débarrasser de l’importune au fin museau. Apres tout, c’était son rôle. Un loup ne chassait pas les souris. Pas même lorsqu’il s’ennuyait.
Pourtant, le chat semblait en difficulté. Relevant la tête, le cendré ouvrit les yeux sur une scène incongrue. Dressée sur ses genoux, auréolée par l’unique rai de lumière blafarde qui jaillissait de l’interstice provoqué par la porte mal jointe, Lillian, le bras en l’air et la main opposée dans la manche droite, farfouillait fievresement entre le tissu et son épiderme, cherchant du bout des doigts la damnée souris qui avait commis l’erreur impardonnable de la confondre avec une cachette potentielle. Le garçon retint un sourire et plissa légèrement les yeux, tachant vainement de réprimer l’amusement cynique qui pétillait dans ses yeux sombres. Allons, allons. Il était en quelque sorte, fautif de ce trouble occasionné. Ses yeux se radoucirent, formant une question muette qu’elle comprendrait sans doute. Avez-vous besoin d’elle, gente demoiselle ?
Lilian Trilobyte cubiquebouffeusedeboulets.
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Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Jeu 8 Avr - 23:31
Elle lui avait fait une faveur. Un immense honneur. Il n’avait visiblement pas apprécié. Indécente, elle lui avait exposé ses sentiments, imposé sa gratitude et son mépris, la toile peinte des couleurs de son âme. Tyrannique dans son état, elle l’avait cerné, encerclé de ce regard dérangeant, aussi attirant que répulsif. Il répugnait aux Autres de la regarder dans les yeux. A lui, parce qu’il était différent, elle ne lui avait laissé le choix. Et le loup n’avait pas aimé voir sa liberté brimée sous un collier bleu cobalt. Il lui semblait qu’il avait d’abord sombré… et avant d’arriver au point de non-retour, dans un élan de vie, un instinct primaire, un sursaut de volonté, il s’était arraché à son emprise. Il s’était détourné.
Lady Lilian en fut outrée d’abord. Un crime aussi vil, aussi ignoble, ingrat, ne pouvait venir d’un animal si noble que le loup. Loup qui avait laissé fondre un instant l’acier de ses yeux. Lilian se découvrait le nouveau pouvoir d’imposer aux gens ses désirs. Et se sentiment la ravit à peu près autant qu’il l’horrifia. Il ne lui vint pas à l’esprit d’exposer au cendré une lueur triomphante dans son regard, et elle tut ses émotions nouvelles. Il ne la regardait plus à présent, et avait posé son front contre la paroi de bois, qui avait légèrement protesté sous la faible pression. Un sourire contrit tordait ses lèvres. Il n’était pas très content… Il n’avait visiblement pas aimé la tentative de la gamine blonde, et ne s’en cachait guère. Quelle moue aurait-elle dû arborer, elle, alors ? Elle était tout à fait en droit d’être contrite, le loup ne s’était-il pas rendu compte de ce que son geste avait d’outrancier ? Il venait de commettre un deuxième crime. Lilian traînait donc avec un criminel. Voilà qui n’allait pas arranger ses affaires… L’image lancinante de l’Alpha Carter s’imposa à son esprit, et elle la chasse en secouant vivement la tête, tel un chien qui s’ébroue après un bain désagréable.
Alors qu’elle voguait sur ses pensées, laissant se calmer son agitation première, le cendré lui semblait être profondément enfoncé dans les siennes. Un instant passa, et s’étira sur la trame du temps selon la perception exagérée de Lady Lilian. Puis le gris releva les yeux, lentement, presque crispé. Une minuscule forme sombre palpitait de vie à ses pieds, et venait visiblement de commettre un acte odieux. Un véritable outrage. Qui arracha d’ailleurs un sourire à la gamine blonde, peu charitable, prenant le fait comme une petite vengeance personnelle… Puéril, mais rafraichissant. Une esquisse de sourire flotta encore un instant sur son visage, puis disparut, laissant pour seul témoin une fossette imperceptible au creux de sa joue. Agacé, le garçon entreprit de faire la chasse au rongeur. Il ne s’attendait d’ailleurs pas à la cueillir d’un seul coup. Il était vrai que le plus logique aurait été la fuite d’une souris au bord de l’anévrisme sous le regard d’acier du garçon. Acier en fusion, irritation. Il la tortura un instant, frôlant sa tête soyeuse de son index déplié, puis sans prévenir, desserra son étreinte brutalement, le rongeur tomba comme un fruit mur sur le sol poussiéreux du placard. Gravité, quand tu nous tiens…
Elle eut toutefois un sursaut d’intelligence, au bien le signal en retard de son instinct de survie, et elle détala. Lilian sentit ce qui allait arriver. Vit le rongeur foncer sur elle, lancé à pleine vitesse par la force de ses pattes alimentée de sa terreur retardataire. Elle le vit aussi s’orienter vers le seul orifice disponible, chaud, et qui ressemblait vaguement à un trou. Sa manche.
Dans un premier temps, Lilian ne fit rien. Et la souris non plus. Paralysée de peur ou de soulagement, elle n’en savait rien, mais la situation resta en suspens pendant près de dis secondes complètes, durant lesquelles le garçon sembla s’impatienter. Et tout éclata. La bête minuscule se rendit compte pour quelques obscures raisons que ce n’était pas son trou, mais quelque chose d’aussi dangereux que l’étau précédent. Et son instinct, ayant tiré expérience de son erreur, ne se fit cette fois pas désirer pour se manifester. Il lui recommanda la fuite, en omettant malencontreusement le GPS. Or, Lady Lilian et Mister Curve venaient de rencontrer le rongeur ayant le plus mauvais sens de l’orientation au monde. La bestiole remonta frénétiquement dans sa manche, et dans un mouvement incontrôlé, l’Omega tenta de la saisir de son autre main, voulant l’arrêter avant qu’elle n’aille plus haut. Ce fut sans succès qu’elle se retrouva dans une position on ne peut plus cocasse et absolument gênante. Les deux bras engoncés dans la même manche, et la souris qui avait décidé d’explorer son dos. La jeune fille se tortilla, et grâce au renfort de la cloison de bois dans son dos, elle réussit à faire remonter la souris, qui sortit de son col.
Sentant une onde moqueuse dans l’espace réduit, la blonde se tourna immédiatement vers le cendré, et ses yeux s’assombrirent à la vue de son sourire mesquin. Ris mon cher loup… Ris et peu importe ton titre dans le monde animal, tu feras un tapis de chambre bien doux… Une menace informulée déchaîna l’océan des yeux de la jeune fille. Le cendré releva les yeux vers elle. Le cobalt croisa l’acier. L’océan rencontra le mur. Avez-vous besoin d’aide, gente demoiselle ?
Si les vagues ne perdirent pas de leur courroux, le vent de la tempête s’adoucit, puis tomba. C’était une question aussi ironique que la proposition était tentante. Et la gamine décida de lui faire payer. Elle releva la tête dans un signe de défi, lui lança un regard provocateur, qui se rua sur l’acier. Chiche. Viens donc.
Curve Désaxé chronique.
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Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Sam 10 Avr - 12:21
( Si jte vois pas avant, sache que je pars a midi pour aller chez ma mère grand Jreviens sans doute demain soir, tu va me manquer mon zonzon savateux <3 Désolé pour le RP que jvais bâcler cause’ j’ai a peine un quart d’heure devant moi, ça va être chaud mon dieu. Jtaime )
Et merde. Pour une fois encore, il aurait mieux fait de houer au gentil tapis de fourrure et la regarder se débattre seule d’une façon comique qui l’aurait parfaitement distrait. Mais non. Curve était Curve, il avait fallu qu’il pousse plus loin sur le terrain accidenté de l’insolence et de la provocation, terrain vaste donc il avait coutume de frôler les bords, un léger sourire aux lèvres. Désormais il y était entré, et piégé, comme un chien l’était en cage. Pourtant … Pourtant, malgré la situation délicate, le garçon ne regrettait absolument pas ce qu’il avait fait. Elle l’avait pris au dépourvu, ce qui en soi n’était pas surprenant venant d’une fille a qui il tenait compagnie depuis quand même plus d’une heure et demie. Voir deux. Il avait proposé, dans un élan de douce folie inconsciente, et elle avait accepté, dans son aura d’éternelle provocation. Assume, mon cher loup.
Il inclina la tête de coté, basculant ses longues mèches immaculées devant ses yeux d’une neutralité angoissante, calculant nonchalamment la distance qui séparait sa propre main de la souris. Etant donné qu’ils étaient cloîtrés dans un placard minuscule, il pouvait aisément l’attraper sans même se redresser. Parfait. Il n’amorça pas un mouvement pourtant. Imaginant contre son gré ses doigts qui frôlaient la peau de la gamine, ratant la souris, continuant a glisser, dans une danse sensuelle qui avait le don d’exaspérer leur propriétaire. L’idée de lui avoir déjà saisi la main ou le poignet l’effleura, mais il l’écarta sans grand mal, prétextant que l’urgence de la situation let son taux d’adrénaline l’avait influencé. Il cilla, croisa le regard impétueux du chat trompé par la souris. Et c’était lui le chien, qui allait partir en quête du rongeur pour aider le félin prédateur. Il arqua lentement les sourcils, une onde d’amusement simple le traversant. Et puis il étendit le bras, dans une sereine tentative d’attraper ce damné rongeur.
Qui elle, n’avait as oublié Curve. Juchée sur l’épaule de la blonde, aussitôt la main qui voulait s’emparer de sa liberté, elle poussa un couinement étranglé, et se jeta avec l’énergie du désespoir … Dans la tunique de Lillian. Et apprit donc a ses dépens que même petite, il était impossible de passer entre une colonne vertébrale humaine et un mur tout ce qu’il y avait de plus déterminer a ne pas bouger. Grillée. Les doigts du garçon l’effleurèrent, se resserrant lentement sur son dos. Alors en un bond inespéré, elle détala le long de l’omoplate de son perchoir humain, semant derrière elle des couinements étranglés.
Et laissant un Curve particulièrement agacé. Ses doigts crochetèrent la petite bête poilue, qui lui échappa dans un sursaut d’énergie, le laissant comme un andouille, la main en l’air et observant le rongeur se faire la malle. Non mais pas moyen, tu bouges pas sale garce. Déterminé, il se jeta en avant, posa son autre main sur le sol et s’étendit soudainement vers l’avant, jetant un bras farouche en direction de la bestiole qui cavalait allégrement à coté cou de lady Lillian, au niveau de l’épaule. Sa main s’abattit sur sa proie comme un aigle l’aurait fait, et il referma sa main sur la victime grise qui se tut une fois être ses mains. Lentement, il se redressa, et releva la main, la ramenant a lui sans effleurer la gamine devenue l’espace d’un instant, le terrain de jeux d’un rongeur masochisme. Qu’il toisa d’un regard réfrigérant, songeant qu’il en aurait bien fait du hachis. Sa main se desserra légèrement, et il fit sauter la souris dans les airs, qui décolla de quelques centimètres a peine de sa main. Les doigts du cendré s’enroulèrent alors autour e sa queue, et il présenta la bestiole a Lillian, tête en bas et queue en haut. Hermétique, il la lâcha dans sa main qu’elle sembla refermer par réflexe, alors qu’un léger sourire dénué d’émotions se peignait sur le minois du cendré.
« T’as plus qu’a la manger. »
Il tourna alors la tête et replia ses jambes contre lui, guettant les sons extérieurs au cas ou les péripéties de Miss MadMouse avaient provoqué des échos a l’extérieur.
Lilian Trilobyte cubiquebouffeusedeboulets.
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Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Mer 28 Avr - 17:44
[Ahaha, Lady Lilian & Sir Curve sont de retour è_é Jme suis amusée x) ]
Il vint. Comme elle l’avait prédit, comme elle s’en était doutée, comme elle l’avait espéré peut-être… Non. Certainement pas. Mais peu importe ses pensées, le résultat fut le même. Il vint. Il ne se défila pas. Il s’était engagé sur un tortueux, boueux, s’y était embourbé avec dignité. Oui, il fallait bien l’admettre. Dans le merde jusqu’au cou, il restait classe. Sûr de lui. De son sourire hautain et son regard désespérément neutre, qui cachait un cynisme constant du haut duquel il regardait le monde. Un loup, un vrai.
Les griffes vicieuses du rongeur la ramenèrent à la réalité, et elle les sentit tracer de minuscules sillons rouges dans la peau de son dos, tandis que la souris tentait de remonter vers son cou. Lilian-le-chat poussa un feulement silencieux mais non moins irrité. Elle n’aimait pas qu’une souris la prenne pour son trou. Elle n’aimait pas sentir son contact si doux qu’il en était énervant, tel une écharpe de soie que l’on a gardée trop longtemps autour du cou. Elle n’aimait pas non plus la flamme moqueuse qui dansait sans gêne dans les iris acier du cendré. Non, celle là, elle ne l’aimait pas du tout Le dernier regard qu’elle lui lança témoigna du paroxysme de sa colère. Si la peur d’être découverte ne s’était pas ancrée si profondément dans son être, son pouvoir aurait brisé tous les barrages qu’elle avait put former pour l’empêcher de déborder. Il aurait submergé son esprit, sa conscience, et le placard, la pièce, le bâtiment auraient été réduits à un tas de ruines poussiéreuses. Et le loup à une crêpe flasque. Une crêpe de loup… Charmant.
La fureur qu’elle ne tentait pas de cacher, mais bien de dévoiler au grand jour, finit néanmoins par refluer dans les méandres tortueux de son esprit, et la jeune fille se calma lentement. La souris, toujours bloquée entre le mur et le dos qui la maintenait contre la paroi de bois, finit par trouver une solution. Elle enclencha la marche arrière, et remonta à reculons entre les omoplates, puis dans le cou de Lilian. Ce fut à ce moment que le deuxième chasseur entra en action. Nonchalamment, il tendit le bras vers le rongeur gris, dans une tentative de l’attraper presque désintéressée. La souris ne l’avait pas oublié, malgré son esprit étroit entièrement occupé par la peur. Elle vit une main menaçante s’approcher, et détala. Dans la tunique d’une Lilian passablement agacée par la situation, par son incompétence, et par tout le reste. Le rongeur ayant sans doute – comme dit précédemment – le plus mauvais sens de l’orientation du monde, se jeta avec l’énergie du désespoir dans le dos de la gamine, se retrouvant de nouveau coincée entre le mur et sa colonne vertébrale. Raté.
Le loup savait profiter des occasions, comme Lilian avait eu le loisir de l’apprendre à son contentement, et à ses dépens. Un sourire narquois s’esquissa sur le visage du chasseur, et il referma lentement ses doigts sur le dos de la souris. Qui elle n’avait pas encore abandonné. Elle n’avait visiblement aucune envie de finir dissoute dans l’acide gastrique d’un estomac lupin, ou même humain. Elle n’avait pas non plus envie de rencontrer ses agresseurs. Une souris bien difficile à l’approche de la mort… Elle eut donc un sursaut, se dégageant de l’emprise du cendré en couinant de terreur.
Un air contrit se peignit sur les traits parfaits de l’Oméga gris, et son regard s’assombrit. Enervé ? Une lueur narquoise alluma les iris de la gamine blonde. Chacun son tour… Après plusieurs tentatives peu fructueuses, le garçon se ramassa sur lui-même, prêt bondir, puis au moment ou la bestiole pointait le bout de son nez, s’étendit violemment. Sa main s’abattit sur le corps frêle et tremblant. Puis il se redressa, considérant le rongeur suicidaire, puis Lilian qui avait été son terrain de fuite. Avec peut-être une pointe de sadisme, il la fit sauter dans les airs une seconde puis la rattrapa par la queue et la tendit ainsi à la jeune fille.
« Tiens, t’as plus qu’à la manger »
Elle leva lentement les yeux vers lui, soutenant un instant son regard acier, puis les baissa vers le rongeur à moitié mort. Des idées malsaines lui vinrent à l’esprit, elle les chassa dans un coin sombre de sa tête. De la même obscurité que celle, poussiéreuse, du placard étroit. Un léger sourire accueillit les paroles du garçon, peut-être parce qu’ils faisaient un trait d’humour, peut-être aussi parce qu’il était sérieux. La jeune fille ne se fit pas prier pour entrer dans son jeu. Elle tendit la main, effleura celle du cendré, puis ramena la souris vers elle, dans la même position. Elle ouvrit la bouche consciencieusement, amenant sa souris à sa hauteur, puis fit mine de l’avaler. Elle s’arrêta juste avant, alors que ses idées surréalistes revenaient à la charge Elle songea au cendré, et qu’en temps que chasseur de cette bestiole, il eût été discourtois de ne pas lui en proposer. Elle écarta la souris de son visage, inclina la tête de côté et lui demanda d’une voix neutre :
« T’en veux un bout ? »
Ses pensées s’emballèrent en attendant la réponse du loup. Elle se rendit compte qu’elle ne connaissait pas son nom, mais aussi que ça ne la dérangeait pas le moins du monde. S’il voulait l’en informer, il le ferait. Elle trouvait ça dégradant de le lui demander. Il aurait sans doute pris ça comme une curiosité malsaine. Il serait alors déçu d’elle. Elle n’en avait pas envie. Pourquoi ? Elle n’en savait rien, mais en oubliant ce qu’elle pensait de lui, elle voulait s’assurer qu’il ne la considérait pas comme un fardeau. Comme un poids mort. Revenant à l’idée du nom, elle finit par arriver à la conclusion que c’était tout de même peu pratique pour l’appeler, si elle en avait besoin. Crier « Eh ! » en sa direction n’était pas des plus respectueux… Son âme bilingue finit par trouver une solution. D’origine canadienne par son père, française par sa mère, elle était bilingue depuis sa plus tendre enfance, ce qui l’avait tirée sans conséquences de pas mal de situations fâcheuses. Sans conséquences… La condition la plus importante. Elle espérait qu’il en serait de même pour sa récente découverte. Qu’elle prononça sans s’en rendre compte à vois haute :
« Wolf. »
Dernière édition par Lilian le Ven 30 Avr - 18:18, édité 2 fois
Curve Désaxé chronique.
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Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Mer 28 Avr - 21:39
Des sourires de la vie, des caresses enjouées Où s’évaporent l'enfance, et la naïveté.
♥
L’appendice caudal du petit rongeur fermement emprisonné entre le majeur et l’index, le regard flamboyant et insondable, le sourire au bord des lèvres, Curve lui présenta le fameux et tant convoité met remuant, comme le serveur apportant a une cliente plus qu’aisée une denrée rare et exclusivement réservée aux personnes d’un rang social un peu plus qu’aisé. Oh, certes. La présentation de la bête n’était pas au summum de la classe, et il aurait très bien pu lui amener l’exquise gourmandise délicatement étendue dans la paume d’une main offerte et dévouée, maintenant la petite tête de la souris d’un doigt sur, et qui aurait paru désintéressé. Qui aurait attiré le regard. Mais Curve n’était pas dans un restaurant cinq étoiles, et encore moins classifié sous le poste évocateur de serveur en smoking. Il ne possédait pas l’eau de Cologne a la senteur humide et acre, les cheveux luisants et noirs, la démarche saccadée d’un nécrosé des vertèbres cervicales, arthosé jusqu’aux digitales. Non, il n’était pas vraiment ça. A dire vrai, l’envie lui était grande, lorsqu’il observait son offrande sagement immobile, de la présenter à la fillette en la tenant, certes par la queue, mais a défaut de la maintenir par les ongles, c’est avec les dents qu’il aurait souhaité la présenter. Oui, comme un chien fier de sa trouvaille, qui toise son maître avec insolence, refusant catégoriquement de lui donner. Touche, mais avec les yeux.
Oui mais Curve n’avait cette épique poussée d’inspiration qu’un bref laps de temps, et il ne lui venait pas a l’esprit de brutalement changer d’avis et d’introduire la patte – ou la queue – du rongeur entre ses incisives, et de jeter un regard humide a la blondinette qui le prendrait alors pour un véritable cinglé. Chose qui a vrai dire était encore a prouver. Soit l’imaginatif cendré était d’une précocité a couper le souffle, ou d’une connerie a s’en arracher la clavicule. Le mot d’ordre restait la neutralité, et il songeait intérieurement qu’au final, précoce ou trisomique, il restait bien plus intelligent que certains. Cette haute opinion de lui-même lui suffisait amplement, et ne le perturbait pas la nuit en de violentes crises de culpabilité. Non. Le cendré était un arrogant parfaitement insoumis, et il assumait avec verve cette partie de lui bien plus que simplement apparente.
Un tiraillement caractéristique le tira de sa torpeur coutumière, et il crut un instant qu’il s’agissait de la souris qui, la tête en bas, devait trouver le temps long, alors que son sang si précieux se déversait avec fracas dans son encéphale, noyant ses tympans sous un flot écarlate, bouchant ses prunelles pétillantes, brouillant son si précieux odorat. Avalant la chair, dévorant les artères. Corrompant l’organisme en perdition.
Mais il ne s’agissait pas de ça. Il baissa lentement les yeux, et ses pupilles d’ébène se posèrent avec la délicatesse d’une plume sur la main réceptrice de sa tendre offrande. Il cilla ; puis desserra lentement l’emprise qu’il avait sur son bien si durement capturé, et l’observa tomber dans une paume qui s’en empara bien vite. La souris, pleine d’espoir sur sa survie, n’eut pas le temps de couiner qu’elle fut aussitôt repositionnée la tête en bas. Résignée, elle s’abandonna a l’attraction de dieux bien plus puissants – et sadiques – qu’elle. L’oméga en ressentit une étrange déception, et suivit le cheminement de la petite bête condamnée vers la gueule affamée d’un prédateur indompté. Prédateur qui finalement, claqua des mâchoires devant son gibier, renonçant a s’en repaître. Diantre. Voila que le loup n’avait chassé que pour le simple plaisir de léguer son don a un carnivore repu. Cruelle déception.
« T’en veux un bout ? »
Mais quelle délicate attention que voila. Le prédateur n’était pas qu’étrange et inconnu. Il était aussi altruiste. Mot et conception que notre cendré ignorait avec la fourberie d’un tyran imparable, reléguant ce terme et sa définition lourde de concessions dans un coin reculé de son esprit. La bête voulait partager.
Curve releva la tête, et jeta un regard a celle qu’il épiait sans la moindre discrétion. Suivit des yeux le mouvement doux d’une mèche dorée, glissée derrière l’oreille, filer souplement en une fuite désespérée le long de la joue de la gamine, pour fini par se balancer devant ses yeux en longs filaments couleur d’étoile. Un étrange sourire s’empara des lèvres du gris, qui prit conscience de son état qu’on aurait pu qualifier sans mal de ‘ somnambule ‘ Comparer un félin a une étoile … Il secoua la tête, autant pour refuser l’offrande que pour se réveiller. Geste dont le taux d’échec approcha le zéro absolu. Comme si un cendré typé Curvien était éveillable.
« Je n’offre pas pour recevoir. »
Oh. Mais comme c’était beau. Il lui fallut quelques secondes pour réagir, le temps que la phrase s’imprègne sur son encéphale, et qu’il libère a contre cœur un iota de conscience pour s’intéresser a ce qu’il avait dit. Et fut amusé de la suprême arrogance de sa phrase. De ce ton hautain et dédaigneux, de cette attitude narquoise, de cette phrase sortie sans réflexion aucune et pourtant, lourde de tout ce qui le caractérisait. Altier. Méprisant. Suffisant. Le genre de personne qu’il ne pouvait pas supporter, mais qu’il était en grande partie. L’amusement cingla brutalement ses prunelles, qui flambèrent sauvagement, d’un feu pétillant et moqueur. Envers la situation. Envers sa phrase. Et envers lui. Le sourire qui étira, l’espace d’un instant fugace, ses lèvres pales disparut, comme absorbé par sa presque constante neutralité, et il détourna le regard de Lillian, lâchant au même moment qu’elle susurrait ‘ Wolf ‘ ce surnom par lequel il l’appelait en son antre mentale.
« Lady. »
Lilian Trilobyte cubiquebouffeusedeboulets.
Messages : 140 Date de naissance : 03/06/1995 Age : 29 Date d'inscription : 30/12/2009 Virus : Oméga Pouvoir: : Contrôle de la gravité Age : 15 ans
Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Sam 1 Mai - 0:05
Je n'ai pas grand chose à te dire Et pas grand chose pour te faire rire Car j'imagine toujours le pire Et le meilleur me fait souffrir
Et toi et moi On était tellement sûrs Et on se disait quelques fois Que c'était juste une aventure Et que ça ne durerait pas
« Je n’offre pas pour recevoir. »
Cette phrase eut pour effet de faire remonter lentement le cobalt, jusqu'à ce qu’il rencontre de nouveau l’acier. Il n’y eut pas de confrontation. Pas de provocation. Pas même un reste flamboyant des ses iris océan, qui filtraient tout et ne retenaient rien. « Je n’offre pas… » Cette partie là, elle la comprenait totalement. Du sens propre des mots, leur définition dans le dieu Larousse, à la réflexion qui les avait poussés à devenir son, puis paroles. Il n’offrait pas. Un loup n’offrait. Cela, elle le concevait totalement. Et elle était d’accord au point le plus haut qu’il est possible d’atteindre dans l’acquiescement. Les autres ne valaient pas la peine que l’on se défasse de quelque chose pour leur en faire cadeau. Donner quelque chose à quelqu’un pour le plaisir était pour elle une chose idiote et insensée depuis le début de son existence. La fin de la phrase la sidéra donc. « … pour recevoir. » Quoi ?
Comment ?
Eh bien Lilian, si. Elle, ne donnait que si elle y était forcée. Seulement si elle pouvait en tirer quelque chose. La gamine avait toujours été du genre à ne rien faire sans bénéfices à la clé. Que ce fût un bien matériel, une information, ou une toute autre chose qui lui rapportait, il lui fallait une récompense. Quelque chose en échange. Après tout, même les chiens agissent par intérêt. Ils aboient et mordent sur commande, apportent le journal, les pantoufles, remuent la queue, se couchent devant leur maître… Pour une gamelle bien remplie ou une caresse. Ce n’est pas de l’amour qu’éprouvent les chiens face aux hommes. C’est une relation d’affaires. Un business.
Voire un mal pour un bien. Un autre mot, enfoui profondément sous des tonnes de poussières mentales dans les archives de son cerveau. Courtoisie. Un deuxième suivi. Galanterie. Hm ? Ça existait, ça ? Une définition remontant des tréfonds de sa mémoire lui retentit aux oreilles un peu trop fort, mais elle en comprit le sens. Elle vissa son regard dans celui du cendré, et vit le signe qu’elle espérait. Une lueur narquoise, une flamme grinçante qui dansait follement sous l’amusement, suivie d’une vague de suffisance qui vint teinter l’acier de rouge. Bien, elle savait pourquoi il avait dit quelque chose comme ça. Comprendre lui procurait le certain plaisir de se trouver, ne serait-ce qu’un instant, infiniment plus intelligente que tout le monde. Imbue d’elle-même, Orgueilleuse. Effrontée, en regardant le loup en face.
« Un vrai gentleman… »
Dit-elle sans hésitation. Un sourire étirait ses lèvres, narquois, effronté, amusé, intrigué. Curieux.
Ils se nommèrent instinctivement en même temps. Son nouveau nom la ravit. Durant un instant absurde, lui prit la farouche idée de changer de prénom coûte que coûte. La seule pensée de procédures l’effleura à peine que son esprit volage passait déjà à autre chose. Lilian était intelligente, mais se lassait vite. Son cerveau s’ennuyait, et zappait à tout moment la situation actuelle si elle ne lui plaisait plus. Si bien que la jeune fille avait eu des problèmes de concentration, lorsqu’elle était entourée de 24 gamins bruyants, incapables de tenir en place deux minutes sur leur chaise comme si on y avait mit des punaises.
Le regard indécent qui lui dévorait le visage la ramena à la réalité, et dans ce mur d’acier, elle vit l’éternelle étincelle sarcastique qui irradiait une lumière ambrée, parant les iris métalliques de reflets d’or liquide. Lilian termina sa phrase :
« …Provocateur. »
Il était grand temps de régler les comptes.
Curve Désaxé chronique.
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Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Dim 2 Mai - 17:12
« On retrouve dans nos larmes coulées des souvenirs que l'on a pu reconstruire. »
Provocateur. Il inclina la tête, approuvant sans sourciller la qualification qu’elle lui offrait sans grande cérémonie. Il l’était sans le vouloir, agissait selon ses valeurs bien différentes de ce qui constituait la norme des autres, piétinant allégrement leurs limites qui n’étaient pour lui qu’un niveau de plus dans sa grandiose décadence sociale. Curve était la bête inconnue que l’on observe sans comprendre, que l’on croit deviner et cerner jusqu’au moment imprévu ou certitudes et savoir ancré profondément s’écroulent sans autres formes de procès. Insaisissable. Ainsi, on le qualifiait de provocateur pour sa manie de détruire méthodiquement et avec le plus grand plaisir, chaque ébauche que l’on tendait vers sa personnalité insatiable. En un sens, il n’était qu’un gros blaireau vindicatif qui voulait qu’on dégage de son territoire et qu’on ne cherche pas à le dompter. Sa propre comparaison lui arracha un franc sourire, l’espace d’un instant. Un gros blaireau. Un très gros blaireau provocateur. Quelle définition flatteuse. Certains se surestimaient, d’autres se sous-estimaient. Quelques uns n’avaient pas d’opinion et ne cherchaient pas a se qualifier ou se comparer a quoi ou qui que ce soit. Curve lui, se définissait comme un blaireau. Décidément… Il y en avait a faire, du chemin vers la normalité.
Si le loup avait été dompté et transformé en chien fidèle, le blaireau lui, se fuyait depuis la nuit des temps. Et à l’inverse des tigres et autres gros félins qui faisaient la une en tant que fameux manteaux, et des lions sans cesse poursuivis par les médias, les blaireaux eux, n’intéressaient personne. Pire même, le mot devenait insulte dans la bouche d’adolescents en phase de testostérone élevée. Le blaireau était solitaire. Le blaireau était chiant. Le blaireau n’était pas un animal de compagnie. Pas comme le rat auquel Curve s’identifiait en étant jeune, mais qui avait fini par se retrouver, comme un pauvre idiot, au fond d’une cage grillagée, condamné a être transféré de mains en mains et a couiner sur des échelles en plastique aux couleurs affreusement criardes.
Pris soudainement de pitié, Curve toisa la souris prête a finir ses jours entre les dents acérés d’un adorable félin flamboyant de puissance. Le cendré cilla, songeur et fort de sa toute nouvelle constatation mentale, et tendit les doigts, pour s’emparer du fruit de sa chasse. Bien que l’envie soit grande de voir Lillian avaler un met de choix – qu’il avait si fievresement capturé – la souris, ou le rat – il n’en avait cure – ne méritait pas ça. Même si il fallait l’avouer, il était bien con, pour un rongeur. S’emparant du butin a poils, le garçon déposa le rongeur dans sa paume droite ouverte, et contempla sans un mot la souris grise qui se remettait de ses émotions. Immobile, elle respirait avec force, et ses flancs se soulevaient puis se creusaient avec rapidité. Elle finit par lancer un regard implorant à Curve, reconnut son tortionnaire, et se roula en boule … Entre ses doigts. Non mais vraiment. Elle était en danger de mort et elle ne bougeait pas d’un iota.
Il finit par baisser le bras, et déposa la souris dans la paille, devant la porte du placard, ou l’espace tout en bas semblait juste assez large pour qu’elle s’y faufile. Le courrant d’air qui y filtrait dut la sortir de son demi sommeil comateux, et elle redressa la tête, reniflant l’air avec frénésie. Le futur proche était bien assez facile a imaginer : elle allait bondir et filer dans la pièce, qui sait, détallerait sans doute jusqu’au cuisines et y finirait sa vie jusqu’au moment dramatique ou un client la trouverait en guise de farce dans une tourte ou un poulet frit.
Sauf que la souris, trop manipulée par Curve l’insatiable blaireau – loup, semblait contaminée. Elle tourna la tête, toisa l’oméga avec férocité, et se jeta sur lui.
Le cendré fut tellement surpris qu’il s’éclata la tête et les épaules contre la cloison tout ce qu’il y avait de plus solide, en un vain mouvement de recul. Le rongeur, acharné, cavala avec fougue vers lui, et d’une détente puissante, se jeta … Dans sa poche de veste. Au bord de l’infarctus, le vénéré blaireau damna la souris et toute sa future et nombreuse descendance a une mort lente et douloureuse et a une vie de misère extrême. Ce qui n’eut pour d’autre effet qu’augmenter son rythme cardiaque. Il n’était pas dans la merde.
Toisant avec amertume sa main droite, il se redressa lentement, dans la mesure ou il avait glissé en tentant de bondir loin de ces sales yeux noirs et narquois, et jeta un coup d’œil à la poche enflée qui ne remuait plus. Il pouvait distinguer la masse agglutinée de poils clairs, sans doute du dos de la damnée bestiole. Il fut tenté de l’extirper de force, mais n’esquissa pas un geste. La pensée d’être mordu ne l’enthousiasmait pas, étant donné que le rongeur possédait une belle paire de crocs bien acérés qu’il avait pu admirer de près, et parce qu’au fond, il était ravi d’avoir une bestiole dans sa poche. Curve, le blaireau enfantin. Curve, le blaireau observé, surtout.
Il releva la tête dans un mouvement vif, braquant sur Lillian deux prunelles sombres et vides. Essaye un peu de sourire et je te fais prisonnière avec le fouet érotique. Il jeta un coup d’œil audit objet, qu’il pouvait attraper sans problèmes si le besoin s’en faisait sentir.
Allez … Moque toi donc de moi, ma jolie. L’idée était terriblement séduisante.
Lilian Trilobyte cubiquebouffeusedeboulets.
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Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Mar 4 Mai - 21:02
Laisse-moi te dire, boy C'est difficile... La vie est sale, boy Sous ses étoiles
Droite, gauche, droite, gauche. Tel un pendule hypnotique, le rongeur inerte se balançait entre les doigts de Lilian, devant ses yeux prédateurs qui suivaient le mouvement sans ciller. Les yeux d’un félin, qui cache bien son jeu.
Droite, gauche, droite, gauche. Le temps lui-même se calquait sur le seul mouvement, dont la souris était l’instrument. Sa fine fourrure grise, emmêlée de sa lutte pour la survie, la rendait d’autant plus pitoyable qu’elle était soumise. Les animaux ne disent rien à l’approche de la mort. Marque de courage ou bien de résignation, d’abandon, de manque de force ou de persévérance, souci d’une fin rapide, sérénité… Qui sait. Les hommes s’agitent, eux. Provocateurs stupides, inconscients des conséquences. Ils cherchent la Mort, ne sachant qu’elle viendra toujours. Ils s’en repentent, ensuite. La Mort n’a aucune pitié. La Mort n’a ni faiblesses ni regrets. La Mort est une entité surpassant le divin, car capable de détruire ce que le divin à crée. Elle prend sans rien donner, dédaignant ceux qui restent. Elle sait qu’elle viendra tôt ou tard les chercher. Puisque la Mort est l’ultime compagne, autant l’accueillir avec le sourire. S’en faire une amie, peut-être. Quelques soient les tyrans fous qui réussirent un jour à la dresser, à lui mettre un collier, cherchant son obéissance totale… Ils finirent par se rendre compte que, non contente de s’être rapproché d’eux, elle put leur trancher la gorge bien plus tôt que prévu. Bienfaitrice insoupçonnée d’un monde meurtri.
Droite, gauche, droite, gauche, dr… . Un miroir quelque part se fendit. Une main avide et miséricordieuse brisa le ballet hypnotique. Il la lui avait arraché des mains. Son jouet. Avait-il pris conscience de son erreur? De ne lui avoir rien demandé en retour, ou bien de lui avoir simplement offert quelque chose? Oui… Offrir était un geste vraiment idiot. Qui n’a jamais regretté l’offre d’un bijou, d’un présent dont il ne voulait, en définitive pas se séparer? Qui n’a jamais tenté de reprendre quelque chose qu’il a donné? Bandes d’idiots borné, au cerveau réduit à l‘état de yaourt insipide par la pensée commune, ne voyant pas plus loin que le présent immédiat. « Vivre au jour le jour… » Magnifique exemple de stupidité très mal placée. Vivre au jour le jour, sans se soucier des conséquences de ses actes? De son avenir? « Advienne que pourra. » Encore pire. Les imprévus sont insupportables.
Il avait chassé, puis lui avait donné cette souris. Et il venait de la reprendre. Devait-elle considérer ce geste comme un vol? Ou comme l’expression d’un regret? Elle choisit bien entendu la pensée Lilianesque. Le loup regrettait, donc. La lassitude de celui qui a vécu la même expérience des centaines de fois envahit l’océan de son regard, qui se teinta d’un gris morne. Elle l’observa ramener vers lui l’objet de ses désir, et poser délicatement le rongeur dans sa main. Ce-dernier s’épuisait dans une tentative désespérée de reprendre son souffle ainsi qu’un rythme cardiaque normal. Lilian trouvait plutôt étonnant le fait qu’il n’ait pas encore succombé. Peut-être la Mort hésitait-elle entre la crise cardiaque et la rupture d’anévrisme… Après tout, même la Mort à ses instants de flottement… Mais les minutes passèrent, inlassables aiguilles tournant sur le disque du temps. Et le rongeur ne désertait pas le monde des vivants. Le rat était coriace.
Avec lassitude - selon Lilian -, le cendré finit par déposer le rongeur devant les portes du placard, là où l’interstice laissant filtrer le peu de lumière était assez large pour une bête de sa taille. Elle renifla donc frénétiquement, emplissant ses poumons d’une autre atmosphère que celle du placard moite et poussiéreux. Vint l’envie à Lilian d’en faire de même, mais ses pensées furent immédiatement stoppées par un imprévu. Oui, encore un. L’air avait désormais des effets stimulants insoupçonnés.
Dans un élan de férocité insoupçonnée, la bestiole bondit en avant et sa jeta sur son premier tortionnaire, le loup gris. Ayant l’appui de l’effet de surprise, elle gagna le premier round. Le gris eut un vain mouvement de recul, et se cogna violemment contre la paroi la plus solide du placard miteux, dans un vacarme insupportable. Eh. Mal visé La bête se mit à cavaler vers lui de toutes ses forces restantes, galvanisée par sa terreur et sa frustration passée. Le rat était rancunier. Et il se jeta avec fureur dans la poche ouverte de la veste de l’Omega. Qui lui, ne sembla pas apprécier du tout. Lilian, ravie insoupçonnable, se mit à échafauder tout un tas d’hypothèses sur la fin prochaine du rongeur malchanceux-suicidaire-rancunier. Ah oui, le rat était donc lunatique. Névrosé. Instable. Curieuse coïncidence. Elle l’imagina rôti à coup de 20 000 volts dans les artères, cuit à la vapeur dans son propre sang, électrocuté… Elle fut déçue. Lilian était aussi une psychopathe ayant atteint un degré dans le domaine des idées dérangées assez élevé. Elle en aurait fait pâlir les Alphas de l’Orphelinat. Les Bêtas se seraient évanouis. Les Omégas en seraient morts de trouille.
Quoi qu’il fut, les animaux avaient faits du bruit. Le bruit était déconseillé lors d’un partie de cache-cache qui pouvait vite virer au massacre. Mais enfin… La situation n’en était pas moins jubilatoire. Lilian d’ailleurs, était euphorique. Un mouvement vif, le cendré releva la tête, lui jetant un regard sombre, que le fillette n’eut d’autre choix que de le rendre. L’acier se braqua contre le bleu, formant un mur infranchissable, menaçant. Qu’importe à quel point il se voulut dissuasif, il n’eut aucun effet sur l’océan, qui s’en joua avec légèreté. Un amusement fou pétillait dans l’eau de ses yeux, et le cobalt brava le métal tyran. Se fendit d’un sourire sarcastique. Chacun son tour. Le serpent qui se faufile dans la fissure du mur, qui rampe contre la paroi, et provoque l’irritation, du contact lancinant de ses écailles trop douces. De ses épines qui se dressent sur son corps longiligne, en autant de piques ironiques, de regards narquois, de remarques grinçantes.
Lilian avait cette fâcheuse manie d’être contrariante dès qu’elle le pouvait. Rancunière, aussi. Elle faisait le contraire de ce qu’on voulait qu’elle fasse, et décelait l’ironie à 5 kilomètres à la ronde. Ainsi, la tentative de dissuasion du loup était vouée à un échec cuisant. Il devait sans doute déjà le savoir.
Et puis, à ce niveau là… Essaye un peu de sourire et je te fais prisonnière avec le fouet érotique. Ce n’était plus de la provocation. Allez… Moque toi donc de moi ma jolie. Mais de la tentation.
Un immense sourire barra son visage. Un feu triomphant embrasa l’océan.
Vil séducteur.
Curve Désaxé chronique.
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Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Mar 4 Mai - 22:05
« Je sais que tu mens, mais je te laisse t'enfoncer. C'est tellement marrant. »
Elle avait osé. Elle avait .. Elle était … Le regard du cendré se nuança. Elle était prévisible.
La semi membrane de ses paupières descendit lentement, et l’acier de ses prunelles heurta le bleu océan qui lui faisait face. Le mur bloquait la mer. La mer rongeait le mur. Mais la pierre était longue a l’érosion. Ce n’était pas de l’acier que le venin corrosif de la fillette parcourait avec minutie. C’était plus brut. Compact. Beaucoup moins fin, beaucoup moins sculpté. De la roche pure et brute, qui dure depuis toujours.
Restait sa menace à tenir. Encore une fois, quelques mots égrenés au détour d’un monologue mental, qu’elle avait happé au vol, et s’en était emparé. Elle avait lu quelques mots, rassemblé ce qu’elle savait et comblé les pièces du puzzle avec ce qu’elle pensait savoir de lui. L’image qui en restait était proche de la réalité. Les commissures des lèvres du cendré furent agités d’un infime subressaut. Il n’était pas encore venu le temps de sourire. A l’instar de l’épique bataille visant a capturer un rat en très mauvais état de marche, il avait prévu d’effectuer quelque chose. Prévu d’effectuer une vingtaine d’actions. Lillian en avait perçu une, et l’avait étalée comme option numéro un, qui évidement n’était pas le plus aisée. Qu’importe, il avait bravé l’onde méditerranéenne, et l’incolore avait peu a peu déteint sur le coloré. Pour se voir reculer a son tour. Comme la mer rogne sa place sur le sable, comme le sable qui avance puis recule selon les assauts de la mer qu’il tapissait en grande partie, ils formaient un duo désuni qui tour a tour, poussait la situation a son avantage. C’était un combat ou ils se forçaient a aller plus loin qu’ils ne l’auraient voulu, réduits a jouer, en cet espace restreint, a un simulacre de ‘ Cap ou pas Cap ‘ Et évidement, arrogants et certains de leur proche victoire, ils acceptaient, et s’en voyaient réjouis. Du moins jusqu'à ce que la roue tourne et qu’ils ne soient contraints qu’a agir et braver peur, rebus et dégoût de l’autre. Eau et poussière de roche se mêlaient peu a peu. Pour aller ou, ils l’ignoraient et refusaient de le savoir. Le temps, pour le moment, était propice au jeu. Et les limites, dans ce monde devenu parallèle, semblaient comme absentes. A moins qu’ils ne les aient déjà dépassées depuis bien longtemps.
Conséquence. Il cilla, baigné d’une lucidité constante et calculatrice. Son plan d’otrigine se modila peu a peu selon ses souhaits, et le jeu a venir vint irriguer ses vaisseaux en une bouffée brulante d’assurance et de provocation. Oh, mais si elle voulait jouer … On verrait bien qui craquerait le premier. Qui libérerait son pouvoir pour se délivrer de cette pression. Qui finirait le premier haletant et fixant d’un œil torve de compagnon de ce jeu rendu ardu, cors disloqué et baignant dans un sang a l’odeur acre, piétiné par la furie de volts traîtresses ou de la pesante gravité. Oui, on verrait bien. Le loup cilla, retenant un rire carnassier. Le rôle de la souris débusquée avait tourné.
Le fouet faisait beaucoup trop pédophile, a son humble avis. Et puis, quand faire une fois qu’il l’aurait entre les mains ? L’enrouler autour du frêle cou de Lady Lillian et la pendre avec ? Statistiquement, ses chances de réussite avoisinaient le zéro absolu. La ligoter ? Oui, et en faire quoi, après ? La toiser d’un air nazi en bon tyran ivre de puissance ? Minable. Non, il avait mieux.
Il lui laissa le temps de savourer son triomphe – du moins, le pensait-elle – et après quelques secondes qu’elle gaspilla a sourire béatement, il se redressa. Son corps fin s’inclina lentement vers elle, alors qu’il approchait d’un air neutre, les sourcils légèrement haussés. Comme si ce qu’il faisait, et allait faire, était d’une banalité affligeante.
Il approchait.
Alors qu’il pouvait aisément la prendre dans ses bras s’il le souhaitait, alors qu’il pouvait presque percevoir son souffle sur sa peau, il posa délicatement ses doigts sur la cloison de bois derrière elle. Puis ses paumes. Et enfin il la toisait, a travers un rideau fin de cils noirs, ses mains posés sur le bois derrière elle, formant de son corps tout l’horizon qu’elle pouvait voir. Il cilla, laissa passer une poignée de secondes, ses yeux angoissants et sombres plongés dans le bleu indécis de ses yeux.
« Ta claustrophobie a disparu on dirait. »
Et un sourire passablement irritant et narquois étira ses traits jusqu’alors dénués d’expression. Une flambée narquoise irrigua ses yeux gris, et il laissa courir ses mains sur le chêne du placard, transformant son mouvement vers elle en ébauche pour se redresser. Il la quitta des yeux alors que son dos se redressait peu a peu, et il s’étira comme un jeune félin, posant sa tête contre l’une des cloisons, et ferma a demi les yeux.
Avant d’être plongé dans le noir de ses paupières, il n’oublia pas de lui jeter un regard mordant, de douce ironie corrosive. Après tout, n’était-ce pas elle qui précedament, l’avait arrosé d’un regard angoissé ? Elle n’avait plus peur, désormais. Elle avait juste envie de …
Jouer.
Lilian Trilobyte cubiquebouffeusedeboulets.
Messages : 140 Date de naissance : 03/06/1995 Age : 29 Date d'inscription : 30/12/2009 Virus : Oméga Pouvoir: : Contrôle de la gravité Age : 15 ans
Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Mer 5 Mai - 0:07
Sneer, Hateful.
Elle le sentit. Plus qu’elle ne le vit arriver. Il aurait dû être agacé. Irrité. Il aurait du craquer, saisir ce fouet. Il aurait dû hésiter, ensuite, sur la marche à suivre. La conduite à tenir. Mais il n’hésitait pas. Parce qu’il était tout à fait conscient de ce qu’il faisait. Comme le loup splendide, qui sur les autres à toujours vingt tours d’avance. Ce regard qu’elle semblait… Qu’elle voulait avoir conquit pour la seconde fois, ne bougeait pas. Il n’était plus acier, il n’était même plus métal. Un reflet gris brun teintait ces iris froid. Il avait gagné la force du granit qui se tenait là depuis le début du monde crée par le divin. Il avait anticipé, oui. Lilian avait beau être rancunière. Psychopathe. Contrariante. Vénale. Elle n’en restait pas moins prévisible. Sa peur la trahissait. Lilian était une peureuse. Mais peu importe sa peur ou sa colère, après tout ce n’était pas le moment. Ce genre de sentiments menaient à la défaite, dans un jeu.
Conséquence. Elle tressaillit. Ses cheveux glissèrent le long de son épaule, et prenant leur mouvement comme prétexte pour se détourner, elle songea qu’ils avaient vraiment poussés. Et qu’ils lui plaisaient bien ainsi. Elle faillit demander l’avis du gris, pensant détendre quelque peu l’atmosphère. Faillit, parce qu’un regard l’arrêta. Un regard boursouflé d’ironie brûlante et âcre, qui lui coupa le souffle. Il lui fit l’effet d’une caresse infiniment désagréable. Corrosive. L’Oméga cendré était un loup. Et à ses heures de jeu, un flacon d’acide. Une seule goutte brûla ses pensées, troua sa conscience. S’ils étaient sur un plateau quadrillé bichrome, elle était déjà en échec. Pas encore mat. Elle n’eut pas le loisir d’y réfléchir davantage, il entamait déjà son prochain coup. Et outrepassait les règles avec application, ne lui laissant jamais le temps de riposter. Tricheur.
Il se redressa. Lilian, méfiante, eut un mouvement de recul furtif, qui fut pratiquement réduit à nant étant donné qu’elle était appuyée contre une paroi du placard étriqué. Puis s’inclina. Lilian le vit. Elle le sentit. Horrifiée, elle comprit ce qu’il allait faire avant même qu’il ait esquissé un autre geste. Elle ne put rien faire, tétanisée autant par l’idée que par la conséquence. Et puis bien sur, il y avait le jeu. Il savait qu’elle n’aimerait pas ça. Il en était intimement persuadé, et sur ce point, elle ne le décevrait pas. Cela dit, rien n’excluait qu’elle se laisse faire, par provocation. Elle, ne faisait pas partie de la volaille, autrement de la bande d’admiratrices de ce cher loup. Et ne sachant ce qu’elle pensait réellement de lui, elle préférait encore s’être découvert un camarade de jeu aussi charmant qu’horripilant. Elle ne s’ennuierait pas avec lui. Cette pensée lui arracha un sourire, qu’elle masqua très vite.
Elle sentit contre son dos les infimes vibrations de ces mains se posant sur la paroi. De ce corps qui se rapprochait. De ce regard, implacable, odieux. Cruel, presque. Si l’heure n’était pas au jeu, elle en aurait presque pleuré. Alors elle l’observa s’approcher. Son angoisse se tortillant comme un serpent dans son cœur. Elle le vit s’approcher, encore et encore, ses yeux s’écarquiller au même rythme… Il baissa son visage à hauteur du sien, puis le lança ce regard calcinant, les paupières baissées. Il sembla savourer le moment, et malgré la neutralité quasi parfaite qu’il affichait, Lilian n’eut aucun mal à percevoir ses ricanements. Il s’amusait. Comme un fou. Comme elle avant lui, il lui avait donc volé son jeu. Il fallait qu’elle le lui reprenne. Alors que la flamme de sa détermination commençait à peine à repartir, elle fut douchée sous une chute colossale d’eau glacée.
« Ta claustrophobie a disparu on dirait. »
Sa voix… Sa voix, lui fit exactement le même qu’une douche glaciale. Ses paroles distillait un froid polaire, et son regard une chaleur ardente. Le contraste la saisit à la gorge. Elle suffoquait. La lisse neutralité se craquela, tel un masque d’argile, mélange improbable de poussière de roche et d’eau. Un sourire carnassier étira les babines du loup. La fillette comprit pourquoi les gamins de son âge étaient si terrifiés lorsqu’on leur annonçait d’une voix dure, que s’ils ne mangeaient par leur soupe, le loup viendrait les avaler. Elle crut, sincèrement, de tout son être, qu’il allait la dévorer.
Il changea d’avis.
Désireux de faire durer le Jeu.
Il se pencha encore. Encore. Et transforma son mouvement en une marche arrière calculée. Il se redressa simplement. Mais tout clairvoyant, intelligent, cynique et narquois qu’il fut, il ne savait pas tout d’elle. Il ne savait pas qu’en proie à un choc violent après une émotion violente, les réaction de la gamine blonde étaient tout sauf rationnelle. Pouvait-il anticiper ça?
Lilian n’avait plus peur des Bêtas qui leur couraient après. Elle n’avait plus peur des Deltas qui se baladaient en troupeau peu commun. Elle ne craignait même plus les Alphas à présent. Ce qui l’obnubilait, c’était lui. Le danger, en face. Sa beauté, était celle de la Mort qu’elle vénérait parce qu’Elle ne regrettait jamais. Loup, Fils de la Mort. Ses neurones firent bandes à part. Son cerveau orienta ses pensées, et sa conscience ne décida jamais de ce qui suivrait. Sa réaction fut tout sauf rationnelle. Elle se trahit. Trahit ses principes, son corps, son esprit, son âme. Elle trahit le loup et le rat, le caractère qu’elle s’était forgée, le nom qu’elle s’était donnée. Le loup, Fils de la Mort, n’avait pas le droit de s’éloigner. Puisque le meilleur moyen de se protéger du danger, est de le garder contre soi. L’enserrer de ses bras, l’empêcher de fuir. Il avait voulut jouer, puis échapper aux conséquences, les laissant toutes à Lilian. Elle comprenait sa phrase à présent… « Je ne donne pas pour recevoir ». Et bien à cet instant, si. Il ne partirait pas sans rien.
Pas question. On partage.
Oui, partageons… Les conséquences de nos actes fous.
Elle tendit le bras. Le deuxième suivit. Et avant qu’il ait put faire un pas en arrière. Avant qu’il ait put retourner à sa place initiale, et faire comme si rien ne s’était passé. Comme si de rien n’était. Il niait toujours.
Ses doigts crochetèrent sa chemise blanche, puis se serrèrent fiévreusement, comme s’ils voulait déchirer ce tissu odieusement immaculé. Elle s’y agrippa comme si sa vie en dépendait. Il ne devait pas partir. Jamais. Elle voulut le tirer vers elle, ce fut elle qui vint, étant la plus légère. Et accrochée à lui, son front frôlant la base de son cou délicat, elle leva des yeux tels qu’il ne les avaient jamais vus, et ne les verraient sans doute plus jamais. Une regard paradoxal. Elle demanda tout en imposant.
« Tu n’as pas le droit. »
Dit-elle d’une voix dure, les dents serrées en articulant un à un tous les mots. Elle voulut répéter, n’y parvint pas. L’esprit joueur de la gamine s’amusait follement de voir son pantin faire quelque chose d’aussi indécent à celui qui l’avait humiliée. Il allait se venger de ce loup vengeur.
Curve Désaxé chronique.
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Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Mer 5 Mai - 22:19
Chaque jour le gris grignote sur le blanc. Chaque être doit se battre pour se sentir vivant.
L’action fut trop vive pour qu’il n’anticipe.
Il avait pourtant eu le temps de se redresser. Tout, jusque la, avait été calculé, et réalisé avec la minutie qui le caractérisait. A la seconde près, les actions s’enchaînaient comme il avait pu le deviner, formant une bande filmée dont il était certain de connaître la finalité proche. Il se poserait lentement contre la cloison de bois, la regarderait suffoquer, ou le jauger avec hargne, rageuse qu’il s’approprie le droit de crever sa bulle de distance vitale entre deux corps. Mais tout ne s’enchaîna pas comme prévu. Le prévisible se révoltait. Refusait d’être dompté. Dans un sens, c’était bien mieux ainsi. Et pourtant … Curve était bien loin d’imaginer ce qui ferait du futur proche un moment qui se teinterait de la nuance fétide du blasphème.
Sur de lui, comme a chaque seconde qui marquait sa vie, il vit la main qui se tendait vers lui. Rapide et vive comme la tête d’une vipère colérique, le pseudopode de chair et d’os se précipita vers lui, dans un mouvement si soudain que la seule comparaison qui lui vint a l’esprit fut la course effrénée de la souris grise et vengeresse. Sa chemise fut crochetée sans qu’il ne puisse esquisser un geste de recul. [i/] Outré, il amorça un geste fin pour décrocher le vil membre inquisiteur, lorsqu’il se trouva un second allié, semblable au premier. Le cendré toisa sans comprendre les deux mains crispés sur le tissu nacré de sa chemise. Fronça les sourcils. Ouvrit la bouche.
Trop tard.
Un poids supplémentaire s’était ajouté aux deux premiers, et la frêle stature de Lillian se dressa devant lui, férocement agrippée au semblant de soie qu’elle froissait avec acharnement. Il croisa son regard, et son étonnement n’en fut que plus grand. [i]Voila qu’elle ressemblait à une crève cœur éplorée.
Il ne lui fallut que deux secondes pour que la vérité ne le frappe avec la violence d’une voiture percutant un mur. Le choc fut rude.
Scellé par un poids qui le clouait au sol, l’oméga ne put laisser libre court au dégoût qui le noyait sous de violentes vagues successives. Un éclair flamboya dans ses yeux couleur d’acier. Pourtant, pas un muscle ne frémit sous sa peau satinée. Comme coupée du temps, il transperçait son étau humain sans la moindre pudeur, tel un rayon X qui scannerait ses pensées, avide de mets personnels dont il se serait repu. Oui, il voulait lire en elle.
Pourtant, l’image de la fillette ne lui renvoya que le reflet de sa propre âme marginalisée a souhait, emmurée dans une bulle de silence absolu. Hors du temps.
Cette simple comparaison parvint a le maintenir sur place, alors que son esprit fourmillait désespérément, a la recherche d’une conduite a tenir. Fidèle aux règles qu’il s’était établi, il n’évoqua pas l’idée d’utiliser son pouvoir. Néanmoins, l’image qui lui revenait le plus souvent était bel et bien celle de Lillian qu’il projetait sans ménagement contre la cloison de chêne. Mais après ? Aucune échappatoire. Il devrait subir son regard brûlant sur sa propre nuque, alors qu’il tournerait en rond comme le fauve en cage qu’il devenait.
Non. Cette option n’était pas adaptée, pour la situation actuelle. Ce fut donc a regret qu’il écarta toute mention de violences physique qu’il aurait pu exécuter envers son bourreau. Restait la torture mentale. A elle de subir les démons de son cœur. Chacun sa bataille.
« Tu n’as pas le droit. »
Bien sur que si. Il avait tout les droits Mais .. De quel droit songeait-elle ? Celui de jouer avec elle comme il le ferait d’une pelote de laine ? De continuer a la maintenir dans ce placard étriqué par la force de son esprit retors ? De poursuivre ce jeu dont ils ne percevaient plus les limites ? Ou tout simplement de reculer comme il avait prévu de le faire ? De renier ? De fuir ?
Pour une fois, le rationnel prit le dessus, en une marée moqueuse et narquoise qui vint comme chatouiller sa conscience. Difficile de sortir lorsqu’on n’a pas la clé. Par conséquent, il ne pouvait effectivement, pas partir. Du moins pur l’instant. Pouvoirs omis. Évoquait-elle donc une fuite future ? Affirmait-elle sans la moindre maturité qu’il était sensé lui servir de jouet jusqu'à la fin de ses jours ? Il cilla, cherchant à savoir si l’affirmative avait une chance de rester en lice. Détermina que oui, puis classa le dossier pour y revenir plus tard. Quand il n’aurait plus rien à faire que de penser aux actes passés.
Tu n’as pas le droit. Il cligna paresseusement des paupières, résistant a la tentation de la repousser avec dédain, et relever le menton en une attitude stupidement fière et arrogante. En affirmant qu’effectivement SI. Il avait le droit. Mais encore une fois, le jeu prendrait fin. Et il ne le souhaitait pas.
Son expression se nuança légèrement, et la perversion du jeu s’insinua lentement en lui, glissant dans ses veines en un sulfureux poison. Pas a pas, ils avançaient encore plus loin, dans l’arène inconnue de leur monde parallèle et rarement commun. Pour une fois, leurs bulles solitaires avaient trouvé un terrain d’entente, un endroit ou la fusion pourrait se faire. Provisoirement. Alors non. Pour ce round la, il se devait de l’approuver, elle. Et d’avancer un pas encore son pion sur leur jeu d’échecs, ou la règle, au fond, était simple : avancer, toujours plus loin. L’immobilité est refusée. La tricherie aussi.
Sa nouvelle stratégie ancrée sur de solides bases, Curve amorça donc le début de sa partie. Et un sourire d’apparat se peignit lentement sur ses traits, dénué d’expression. Un sourire énigmatique. Angoissant pour certains. Pas pour elle, il le savait.
Il leva la main. Scanna d’un mouvement des prunelles, le corps de la gamine pour déterminer ou la poser. Le dos faisait trop cliché, ne lui plaisait pas. L’épaule faisait trop affectif. Pas assez … Provocateur. Il perdrait son avance. Ce fut donc avec la légèreté d’une plume que sa main vint se poser sur la tête de Lillian, qu’il surplombait, en un mouvement faussement affectif, suintant d’une compassion bien faussement imitée. Geste qui au vu d’un spectateur externe, aurait une connotation simplement affective, protectrice.
L’oméga inclina légèrement la tête sur le coté, jetant un regard a la fois torve et mièvre a la fillette, un sourire faussement innocent au bord des lèvres.
« Et pourquoi ça ? » Oh, oui. Il mourrait d’envie de le savoir.
Lilian Trilobyte cubiquebouffeusedeboulets.
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Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Mer 5 Mai - 23:41
Arrête là, défait ce sourire. Donne moi juste la douleur à laquelle je suis habituée Je n’ai pas besoin de croire les rêves que tu imagines Tu dois justement faire quelque chose qui sonnerait vrai.
.: Reine non conventionnelle:.
Elle ne lâchait rien. Il n’était pas question qu’il s’échappe une nouvelle fois. Qu’il provoque, puis se dérobe. Elle, ne savait pas le faire. Dès cet instant, c’était trop facile. Lui pouvait tout prévoir à partir de ça. Et elle devait garder la tête hors de l’eau, ballotée par les vagues du Jeu. C’était bien trop facile. Elle voulait un pied d’égalité. Que n’avait-il pas le droit de faire selon elle? Partir. Encore, Toujours.Nier. Fuir.I l n’avait plus le droit à présent. Il devait payer les conséquences de ses actes, comme elle l’avait fait avant lui. Et comme elle paierait sans doute pour lui s’ils étaient attrapés et ramenés à l’Orphelinat. L’alpha la tuerait pour avoir osé oublier le collier qui la maintenait auprès d’elle. Pour avoir désobéi volontairement. Elle serait punie. Violemment. Et lui s’en tirerait, bien sur. Il faut que tu paie. Alors tu paieras, crois moi mon cher loup.
La tricherie et la retraite étaient prohibée dans leur monde. Le Jeu ne l’accepterait pas. La Mort non plus. Ils devraient faire face, tous les deux, qu’ils le veuillent ou non. Ils devraient affronter leurs fantômes, leurs peurs. Et les battre, si possible. De quoi avait-il peur, lui? Pas vraiment du contact. C’était certainement plus de l’aversion qu’il éprouvait face à ça, tout comme elle. Mais ses véritables peurs…. Qu’en était-il? Devant quoi tombait-il à genoux? Devant qui était-il secoué d’incontrôlables tremblements? Que fallait-il pour qu’il plie, enfin? Lui savait ce qui terrorisait la fillette. Il l’avait compris. Elle ne savait pas. Ils n’étaient toujours pas égaux. Elle en trembla de rage.
T eut pour toute réponse un regard calculateur. Glacial. Celui-là même du joueur invétéré, qui saisit toute situation pour la tourner à son avantage. Il allait jouer. Avancer un pion sur l’échiquier de leur conscience noyée dans une folie létale. Il allait faire avance le Jeu. Et leva la main, lentement. Il sembla réfléchir un instant, sur ce qu’il ferait avec l’instant d’après. Puis se décida. Elle sentit la main trop fine pour un mâle se rapprocher d’elle, s’abaisser, se poser. Tel un odieux papillon de chair et d’os, non content d’avoir trouvé le perchoir le moins approprié du monde. Un frisson violent glissa dans son dos. Elle leva les yeux. Mauvais acteur… Un observateur extérieur y aurait-il vraiment cru? Peut-être, si ce même observateur omettait le sourire parfaitement détestable qui se peignait sur les traits parfaits du loup. Il se la jouait protecteur affectueux. Sans doute voulait-il que Lilian se pâme sous sa main suintante d’insolence? Cela, il ne l’aurait jamais, peu importe à quel point il pouvait le vouloir. Il inclina la tête sur le côté, à l’instar de son alter-ego lupin.
« Et pourquoi ça? »
Elle en était sûre. Il avait osé poser la question. Il avait osé lui demander une chose pareille. Être méprisable… C’était un crime de lèse-majesté, envers la moins conventionnelle des reines du monde. Il l’avait questionnée alors qu’il pouvait aisément deviner par lui-même, si toutefois il eût voulut un jour se rendre compte de ses défauts. Loup arrogant n’ayant pas de morale. Lilian ne pouvait prétendre à la modestie sans s’étouffer dans son culot. Mais lui… Lui… C’était autre chose. Quelque chose de plus grand, de plus énervant encore. Il avait sans doute atteint le summum de l’égoïsme. Il était encore au-dessus d’elle. Elle faillit s’en étouffer de fureur.
Alors il voulait, hein… Il voulait savoir? Oh, qu’il ne se fasse pas de bile. Il saurait. Elle était la reine. Elle était Lady Lilian. Elle ne perdrait pas la face. La main odieuse toujours plantée sur sa tête, elle ne fit aucun geste pour s’en débarrasser. Mais son regard s’assombrit, le courroux de l’océan s’éveillait à nouveau. Les muscles de son dos se crispèrent, mais les mouvements de ses propres mains restèrent fluides, bien qu‘elle fut aussi tendue que la corde d‘un arc. Elle poussa le vice. Ses mains remontant lentement contre les plis du tissus nacré, elle parvint au col. En saisit les extrémité avec une force insoupçonnée, et attira brusquement le cendré vers elle. Réaction violente. Diamétralement opposée à son caractère. A sa répulsion de la proximité. Ce qu’elle fit lui inspira un si profond dégoût d’elle-même qu’elle faillit relâcher la chemise martyrisée, mais se contint. Ses iris cobalt ses firent aussi implacables que l’acier qu’ils fixaient. Ils étaient illuminé par la frustration. Ceux d’en face par la provocation. Elle se saisit des deux, et dit d’un ton qui ne souffrait aucune contradiction:
« Assume. »
Impériale.
Il était proche. Bien trop proche. Comme si l’exigüité du placard ne suffisait pas, il avait fallut qu’elle le ramène vers elle, en un mouvement instinctif. Mécanique. Incontrôlé. Elle s’en voulut sans le montrer. Lui jouait. Prenait du plaisir. Pariait. Vivait minute après minutes, improvisant, se jouant des imprévus. Et oubliait « l’après ». Il pouvait prétendre se moquer du futur. Mais lorsque les conséquences lui tomberaient dessus avec la force d’une chute d’eau furieuse, il s’en repentirait. Pauvre pêcheur. Elle, ne profitait pas. Apeurée à l’idée d’un imprévu ou d’un quelconque accident, elle ne voyait que les conséquences réelles et les conséquences hypothétiques. Son horizon n’était que conséquences détestées et détestables.
L’univers tremblota, comme si la chaleur avait soudain décidé de grimper de plusieurs dizaine de degrés. Ce fut lorsque sa vue se brouilla complètement que la gamine comprit qu’elle avait arrêté de respirer. Elle secoua la tête, puis poussa un profond soupir. Quelques mèches soyeuses immaculées voletèrent derrière une épaule qui n’était pas la sienne. D’autres basculèrent vers elle, fuyant dans un chuintement doux. Elle glissèrent vers son visage, chatouillèrent ses joues. Elle voulut reculer. Se ravisa. Elle ne perdrait pas ici. Pas maintenant. Pas tant qu’il n’aurait pas reconnu que si l’on ne partageait pas les règles désagréables, le Jeu n’avait rien d’intéressant. Elle voulait l’entendre le dire. Elle ouvrit donc les écoutilles. L’océan de son regard se fit tyran incontestable, et ce fut ces mêmes yeux qui avaient percé l’acier une fois qui revinrent à la charge. Le cobalt s’assit sur son trône de fer et de saphir, croisa les jambes, releva le menton. Empli d’une morgue vengeresse. Peu importe ce qu’il voulait à présent, il ne l’aurait pas. Le gris était tempéré et envahisseur. Le bleu était tyran et ne faisait aucun compromis. Il cèderait parce qu’il n’avait pas le choix.
Parce que le Jeu devait continuer…
Curve Désaxé chronique.
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Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Sam 8 Mai - 19:07
Âpreté des sons Tourmente des vents Latence.
Détermination. Il sentit a travers elle, une onde de féroce opiniâtreté qui s’étendit dans toutes les directions, passant a travers son propre corps, sinuant parmi le bois, filant au sein de l’atmosphère viciée. Ses yeux s’étaient assombris. Ce qu’il avait dit ne lui avait pas plu. Un éclair sournois flamba dans les yeux du loup.
Ainsi, il s’était permis de poser la question qu’elle semblait redouter. Refouler. Visiblement, elle avait considéré comme fait accompli qu’il ne franchirait pas, une fois de plus, le pas. Erreur. Cet échec cuisant la fit gronder de rage. Tel qu’il la voyait, chat roux et aux fines rayures claires, elle gonflait le poil et arquait le cou, relevait les babines en dévoilant de longs crocs acérés. Plaquant ses oreilles contre sa nuque. Parade pour effrayer l’ennemi. Il chassa la vision d’un léger mouvement de la tête. La suite n’allait pas tarder à venir. Inutile de l’imaginer, bien que cette tache personne lui procurait a chaque fois un étrange sentiment de … Puissance. Car ce qu’il imaginait était souvent proche de ce qui se passait. Encore un fait qui gonflait considérablement son ego déjà monumentale.
Tout contre lui, il sentait le corps de Lillian se tendre lentement, comme si, a la fois arc et archer, flèche et cible, elle se préparait a toutes les actions combinées. Sous sa peau, ses muscles roulaient et se tendaient, visibles sous une lamelle d’épiderme satiné. Le derme peu épais et faiblement opaque laissait apercevoir quelques veines ardentes, ou pulsait un sang furieux, et qui moussait avec rage en irriguant son cœur effarouché. Elle voulait la Justice. La faire, et l’appliquer. Autant au monde entier qu’a lui, réfractaire aux lois qu’elle avait prit soin d’établir durant ces dernières années. Après tout, n’était – il pas l’un des rares a être resté en sa compagnie ? Elle l’avait invité à rester avec elle, tout comme il lui avait proposé de le suivre. Accord implicite. Contrat qu’il semblait avoir rompu. La faute au Jeu. C’était lui qui avait effacé les limites, limé les clauses du serment, brouillé les paroles qu’ils ne s’étaient pas dites. C’était lui qui avait établi un contact entre eux, comme si en jouant, ils étaient entrés dans un espace fermé ou la télépathie était l’un des modes courants de communication. Le Jeu se moquait bien des conflits externes. Il amenait les adversaires à oublier. Puis à se défier. C’était ça, le Jeu. Celui qui y mettait fin était perdant. Et ça, sans l’avoir appris, ils le savaient parfaitement.
Un mouvement capta son regard décoloré, et il saisit l’image des mains de Lillian reprendre leur ascension. Jusqu’ou comptaient – elle aller ? Avait – elle l’intention de l’étrangler ? Idée stupide. Lady Lillian avait d’autres moyens pour faire pression. Bien plus originaux. Pas plus efficaces. Mais inconnus. L’oméga était prêt, pour ne pas manquer l’étrange spectacle qu’elle allait lancer. L’assaut ne tarda pas. Il fut loin d’être déçu.
Ses doigts féminins crochetèrent le col de sa chemise déjà bien malmenée, et s’en emparèrent avec une fureur avide et soigneusement contrôlée. Happé par le mouvement, il se sentit plier. Ses mâchoires se crispèrent, sans qu’il ne bouge d’un iota. Enfin, elle l’amarra à quelques centimètres de sa tête. A hauteur d’yeux, dans lesquels il plongea effrontément, se noyant parmi l’azur avec l’insoumission caractéristique du loup dominant. Hors de question quelle mène la danse.
Faussement soumis, il se laissa faire, réprimant avec difficulté les assauts rageurs d’adrénaline qui lui hurlaient de reculer. De bondir et de déguerpir, loin. Mais son horizon ne se composait que de bois et d’océan impérial. Il choisit l’eau. Et attendit la tempête, qui ne se fit pas prier.
Assume.
Il la toisa, la laissant seule avec un mur implacable dénué d’expression. Un visage neutre, songeur. Familier, sans doute. Il laissa filer les secondes, laissant ses doigts ankylosés relâcher la tension accumulée, lui permettant de ralentir son rythme cardiaque. Oui, il laissa filer quelques secondes dans une immobilité totale, que seuls ses cheveux rompaient en se mêlant aux mèches dorés de la Reine.
Puis il s’autorisa le droit de réagir. Ses mains, plus vives que les ailes d’un oiseau, se refermèrent étroitement autour des poignets funs de l’Impératrice. Les reculèrent de quelques centimètres, la faisant lâcher prise. Il la jaugea, alors que ses prunelles insondables n’avaient pas refait surface, toujours immergées dans l’océan qui composaient les iris de Lillian. Et soudain il avança d’un pas, collant son front contre le sien, mêlant le cendré et le blond en de longs serpentins de cheveux entortillés par la malice du moment. Ses paupières couvrirent le haut de ses yeux, et il décocha a la gamine un regard torve et dédaigneux.
« Pas encore, non. »
Susurra t-il tout près de son oreille, en un refus catégorique … D’une exquise politesse. Un sourire de loup vint troubler son minois de prédateur, alors que ses yeux s’assombrissaient a l’instar de l’océan Lillianesque, qu’il prenait un malin plaisir a tourmenter.
Il la relâcha subitement lorsque la porte du placard s’ouvrit à la volée.
Lilian Trilobyte cubiquebouffeusedeboulets.
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Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Lun 10 Mai - 18:54
Je suis née sous le mauvais signe Dans la mauvais maison Avec les mauvais parents, le mauvais ascendant. J’ai pris la mauvaise route Les mauvais comportements J’étais au mauvais endroit au mauvais moment.
Elle le savait. Sa mâchoire se crispa. Elle s’avait pertinemment qu’il faisait semblant. De quel droit? Comment osait-il la laisser inférieure? Comment osait-il lui refuser ce pied d’égalité qu’elle lui avait proposé, appuyé, imposé? Sa soumission factice était sans doute le plus insupportable. D’un autre côté, il les avait faits arriver tous les deux là où ils en étaient. Dehors. Tiraillée entre la reconnaissance et la colère, l’admiration et le mépris. Elle détestait ça. Pour Lilian, tout ce qui n’était pas blanc ou noir était désuet. Presque dangereux. La neutralité n’existait pas dans ce bas monde, peu importe à quel point l’on eut se leurrer. C’est une idylle que personne n’atteindra jamais. La neutralité est bien loin de tous conflits. Et si elle n’est ni noire, ni blanche, elle n’est assurément pas grise. Elle en avait la preuve vivante, juste sous les yeux. Il se laissa submerger par son regard, n’offrant aucun résistance apparente comme il l’avait fait maintes fois auparavant. Avait-il perdu de sa superbe? De sa suffisance? Lilian en aurait été curieusement déçue. Ce n’était -heureusement?- pas le cas. Un sourire odieux se peignit sur ses traits parfaits sans aucune manière. Mais ses yeux dénués d’expression avaient élimés toutes les prises, comme si son seul sourire avait absorbé tous les sentiments de son regard. L’eau n’avait besoin d’aucune aspérité pour se mouvoir et franchir les vallées d’un esprit tortueux, seulement lorsque l’esprit en question se noyait volontairement… Ce n’était plus drôle. Et tout l’intérêt disparaissait.
La confrontation dura un certain temps, calculé par le Loup. Puisque ce fut lui qui décida de rompre le contact, et qu’elle ne trouva rien à répondre dans l’immédiat. Elle aurait pourtant aimé que le Jeu durât plus longtemps. Une détermination flamboyante, attisée par les flammes de sa colère s’était emparée d’elle, et pour la première fois de sa misérable existence en tant qu’Homme, elle avait ressenti le désir d’aller au bout. De suivre l’objectif qu’elle s’était fixée, quoiqu’il en coûte. Elle l’aurait fait plier, si seulement il lui avait laissé quelques secondes de plus… Mais dominateur, il voulait son avantage, et s’y accrochait comme un chien à son os. A ce stade, elle l’aurait presque comparé à un canidé de race. Elle n’alla pas jusque là. Peut-être aurait-elle dû, mais si elle le pressentit, elle ne put se douter de l’outrage qu’il allait lui faire. Le Loup était un criminel de la pire espèce.
Il décida sans doute qu’il en avait assez. Passa à l’action. Levant vivement les avant-bras, et saisit les poignets fins de la fillette, les emprisonnant fermement entre ses doigts. De ces même geste qui ne souffrent aucune contradiction. Le Loup lui, pourtant, avait décidé de tout faire pour être contrariant. Il écarta les mains, lui faisant lâcher le col martyrisé de sa chemise jadis blanche. Maculée de poussière, souillée par l’air vicié, elle tirait désormais sur un gris sale peu conforme aux règles d’hygiène élémentaire de l’Orphelinat. Le fait qu’il soit beau n’immunisait visiblement pas le cendré à la saleté du monde réel. Dommage. Il la toisa de ce regard détestable, le regard provocateur de celui qui va commettre un acte répréhensible, et en est tout à fait conscient. Un crime de lèse-majesté, un outrage. Le Loup était beau, provocateur, détestable, clairvoyant, et c’était un criminel. De la pire espèce: Du genre psychologique.
Après un instant de flottement, quelques secondes de répit ou d’hésitation, de doutes ou bien de calculs, il avança. Même s’il sembla glisser plus qu’il ne fit un pas, ce seul geste parut à Lilian exagérément, odieusement lent. Une provocation ostensible et marquée, qu’elle devina sans voir. Elle se doutait que le Jeu toucherait bientôt à sa fin, et consciente qu’il ferait tout pour gagner, elle sut qu’il allait jouer un coup implacable. Déplacer une pièce puissante. La Reine?
Echec.
« Pas encore, non. »
Ignoble petit joueur…
Il y prenait du plaisir. Loup ingrat. Il aimait la tourmenter. Exécrable. Et son sourire carnassier… Intolérable. Comme si elle n’était qu’un morceau de viande sanguinolent. Infâme. Il paierait.
Plus tard.
Un bruit sourd lui arracha les tympans, et une lumière vive inonda le placard étriqué. Le cendré la relâcha subitement au moment où elle tournait le tête vers l’encadrement de la porte. Ses pupilles s’étrécirent violemment, et l’océan de ses yeux s’étendit encore. Un spectacle révoltant se peignit derrière le cadre de la porte, au premier plan un homme à contre-jour, taillé comme une armoire à glace, un rictus triomphant crispant ridiculement ses traits grossiers.
« Trouvééés… »
Poussée par uns instinct qu’elle s’ignorait, la fillette blonde attrapa d’un geste vif le poignet du cendré, et toutes les barrières cédèrent. Son pouvoir afflua des ses veines en un torrent hurlant. Furieux d’avoir été si longtemps contenu. Frustré d’avoir été cantonné à un bassin sombre dans un coin poussiéreux de son esprit dérangé. Il avait bien envie de tout détruire… Un demi-sphère opaque se matérialisa autour de la jeune fille et du cendré, englobant toute la pièce et les bêtas qui y étaient rentrés. Les yeux de la gamine irradièrent une lueur bleutée, tendit que son corps se parait d’un halo plus sombre, bientôt imité par le cendré dont elle serrait toujours le poignet. Une onde de soulagement vague envahit Lilian. Elle n’aurait jamais cru que cela marcherait. Tant qu’ils resteraient en contact physique, son pouvoir n’affecterait pas le Loup. Forte de cette conviction, elle laissa la Gravité se charger du reste. Vecteur de forces opposée, elle se laissa envahir par la gravité matérialisée de façon à ce qu’elle puisse la voir, puis l’augmenta. Instantanément, les Bêtas se retrouvèrent à genoux, puis à quatre pattes, résistant tant bien que mal à l’énorme pression qui leur écrasait les épaules. Implacable. Consciencieuse. Cruelle, il fallait bien l’admettre.
Mais il restait un point désagréable que même la Gravité ne pouvait changer. Cette chose abstraite et révoltante que l’on nommait communément « Autorité » Rien qu’a cette pensée, Lilian en eût envie de vomir. L’Autorité. S’ils parvenaient à l’utiliser, les deux Omégas ne pourraient strictement rien faire. Consciente que son raisonnement tenait la route, la jeune fille s’élança à travers la pièce, emportant le garçon derrière elle. Elle traversa la pièce bondée sans un regard aux clients médusés. Elle maintint son pouvoir jusque dans la rue, mais ne pouvant augmenter son rayon d’action davantage, elle finit par le désactiver, tant bien que mal. Elle s’autorisa à reprendre son souffle, puis fit volte-face, lançant un regard à la fois surpris, provocateur et satisfait au cendré.
« Ils ont perdu. »
Ils avaient arrêté le Jeu.
Ne sachant si elle devait les remercier ou les damner pour le reste de leur existence, elle préféra leur adresser quelques insultes mentales. Simple mesure de précaution. Mais il faudrait se méfier à présent. Ils n’étaient pas si bêtes, et ne les attaqueraient plus de front à présent.
Le pire était à venir.
Dernière édition par Lilian le Jeu 27 Mai - 10:34, édité 1 fois
Curve Désaxé chronique.
Messages : 152 Date d'inscription : 15/02/2010
Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Lun 10 Mai - 21:09
We'll run away, to everything simple Night will come down our guardian angels We rush ahead the crossroads are empty Our spirits rise they are not gonna get us
La porte s’ouvrit à la volée, vomissant un torrent de lumière qui l’éblouit l’espace d’un court instant. Il ferma les yeux par réflexe, laissant le soin à ses pupilles charbonnées d’adapter une forme plus mince et verticale, lui permettant de passer du noir complet a la lumière du jour. La clarté l’avait surpris, alors que dans leur placard étroit, l’obscurité était reine. Il se serait cru en pleine nuit. Désaxé, l’oméga secoua la tête, rechignant à devoir remettre en ordre un métabolisme d’urgence. On lui demandait maintenant de réfléchir vite et bien, car le moindre faux pas les conduiraient a une chute … Brutale. Lui. Et Elle. Il tourna la tête en direction de Lillian, percevant nettement les ondes de rage qui émanaient de son frêle corps. Après tout, les Bêtas les avaient empêchés de poursuivre le Jeu. Ils avaient laminé sa partie, lui avaient volé son tour de jouer.
Renversé l’échiquier.
Il s’effaça donc avec un sourire mental, la laissant régler ses comptes avec ceux qui les avaient pris en filature. Et débusqués comme des lapins, sécurisés dans un terrier de bois, et une litière de … gadgets insolites. Alors qu’un halo bleu entourait peu a peu la fillette, le cendré se perdit dans ses pensées. Causes et effets. Les divers mécanisme de ce qui formaient leur présent l’hypnotisaient. Et il prit un malin plaisir a déterrer ce qui était enfoui, a exhumer le pourquoi du comment. Pour mieux comprendre. Et ne plus sombrer une fois encore dans les erreurs passées. La cause la plus simple était le bruit. Lui et Lillian avaient du perdre la notion de risque, et captivés qu’ils étaient par leurs existences personnelles, et leur influence réciproque sur l’Autre, ils en avaient perdu la fameuse adrénaline. Avaient oublié qu’ils étaient chassés. Oublié. Grossière erreur. Ils avaient parlé, avaient joué. Leurs corps percutant les cloisons hérissés d’échardes, leurs paroles qui suintaient de morgue simulée et de dédain en papier mâché. Faux, faux. Tout n’était que niaiseries et faux semblants. Tout n’était que simulation. Qui avait été le meilleur acteur ? Leurs voix, elles, étaient réelles. Et les chiens les avaient trouvés.
Le loup observait. Désintéressé du problème. Deux bouledogues lui bloquaient l’accès. Les chiens étaient lourds, bruyants, mais a l’esprit plutôt vif et a l’obstination bovine. Il était simple de les semer : il courrait bien plus vite, avait plus de ressources. Le défi consistait à ne surtout pas se faire attraper. Car ce genre de chiens ne lâchaient jamais.
Devant lui, le chat gonflait sa toison de braise, crachait avec rage, sortait griffes et crocs. Ici il n’était plus le chaton oublié au fond d’une caisse, bousculé par d’autres chats joueurs et envahissants. Il était seul, disposait d’espace pour s’exprimer, pouvait délivrer sa fureur sans craintes des représailles. Après tout, un loup viellait derrière elle. Elle ne redoutait rien. Et le loup savait qu’au moindre faux pas, le chat serait la. Harmonie de l’instant Symbiose.
« Trouvééés… »
Mais quel commentaire constructif. Le cendré en ravala sa répartie cinglante, et aborda un masque lisse de calme neutralité. Plongeant ses iris d’acier dans les yeux clairs des adversaires. La pression qu’exerçait Lillian sur son corps s’intensifiait de minutes en minutes, et pourtant ni l’armoire a glace et son compère ne semblaient le ressentir. Ignoraient – ils que le frêle animal qu’ils toisaient se transformerait dans quelques secondes, en tigre à la furie destructrice ? L’oméga sentit l’aura de la blonde se dilater. Puis une main se glisser dans la sienne. Il la serra. Releva la tête. Et sentit une onde brûlante le parcourir, le fouiller comme un long serpent aux écailles râpeuses, puis l’ignorer, avant de se tourner vers ceux qui avaient démoli la porte du placard pour se saisir de leurs proies. Il fuit loin de les plaindre quand la colère de Lady Lillian s’abattit sur eux.
La gravité bondit, comme un cheval ruant dans les brancards, et démarra dans un galop fou, les rênes rompues lui fouettant l’encolure. Elle montait, cavalant allégrement sur les pentes inconnues de la pesanteur, tordant le métal, broyant le bois, mordant l’acier, éclatant le verre. Aplatissant la chair. Les hommes tombèrent a genoux. Au bout des doigts de l’un, un brasier crépita puis s’éteignit dans un chuintement. L’un ouvrit la bouche sur un cri inarticulé. Ils tombèrent, inanimés. Le cendré aspira l’air, avec l’impression d’être le survivant d’un cataclysme. Puis il fut emporté.
Prisonnier d’une poignée de fer, il bondit allégrement au dessus des corps étendus, et détala a travers le restaurant encore bondé, filant aux cotés d’une comète a la traînée flamboyante, ses mèches dorées lui fouettant le visage. Il accéléra l’allure, caracolant a ses cotés. Ils déboulèrent dans la rue, le pouvoir du chat roux s’atténuant peu a peu. Elle ralentit, lui lâcha la main. Toisa l’établissement qui leur avait servi de refuge et de plateau de jeu. Le grava dans sa mémoire, puis se tourna vers lui, rayonnant d’une force éclatante qui aurait pu l’éblouir, s’il n’avait été aussi arrogant qu’elle. Une agréable sensation de supériorité les baignaient. Puissance.
« Ils ont perdu. »
Un sourire releva leurs lèvres complices, en un rictus qu’ils étaient les seuls à comprendre. Une brise se glissa dans la chevelure dorée du chat, dansant parmi la toison nuageuse du loup. Ils cillèrent, puis se détournèrent. L’oméga fit un signe de tête, en direction d’un bloc agglutiné de buildings soigneusement disposés. Ils pourraient s’y cacher. La cité regorgeait de planques. Après tout, ils n’étaient rien de plus que deux gosses jouant a cache cache. Et personne ne pouvait trouver un enfant déterminé a gagner. Un sourire carnassier releva les lèvres du loup
« La partie n’est pas encore finie. »
Il se remit en route.
Lilian Trilobyte cubiquebouffeusedeboulets.
Messages : 140 Date de naissance : 03/06/1995 Age : 29 Date d'inscription : 30/12/2009 Virus : Oméga Pouvoir: : Contrôle de la gravité Age : 15 ans
Sujet: Re: L'échappée belle ; Privé. Lun 17 Mai - 23:52