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L'échappée belle ; Privé.

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Curve
Désaxé chronique.
Curve

Féminin Messages : 152
Date d'inscription : 15/02/2010

L'échappée belle ; Privé. Vide
MessageSujet: L'échappée belle ; Privé. L'échappée belle ; Privé. Icon_minitimeSam 3 Avr - 18:49

L'échappée belle ; Privé. Couple-2

L'échappée belle.

Je te préviens, petite, ça va mal terminer
[ C'est qu'on peut vite se rendre fou à jouer à qui tiendra le coup ]
Privé. Before ...

      Alors que peu a peu, le linceul du ciel reprenait ses droits, et qu’une fine pluie de cendres moutonneuses s’abattait sur la tête, le rire semi hystérique de Lillian sembla peu a peu s’étouffer, s’atténuer en un ricanement ambigu, avant de se couper, pendant que sur sa tête brune, quelques flocons de nacre se posaient avec délicatesse. Sans un mot, Curve releva la sienne, et observa le ciel qui lentement envahissait la terre d’une moquette glacée. Les pensées qui éclairèrent ses yeux cendrés furent le souvenir premier d’enfants aperçus a travers les fenêtres de la nursery lorsqu’il avait un peu plus de cinq ans, qui batifolant et chahutant, cambraient les reins et tiraient la langue, cherchant a capturer un délicat présent du ciel.
      Cette pratique alors, l’avait intrigué. Passant la tête a travers la fenêtre a barreaux, il avait scruté le ciel, et a défaut de tendre la langue, avait tendu une main, paume retournée vers le dieu qui distribuait pareilles sucreries, et avait attendu, patient et muré dans un mutisme plein d’interrogations d’enfant, qu’un flocon veuille bien se poser sur sa main.
      Le présent lui fut offert, et a peine la petite molécule de neige eut elle frôlé ses doigts qu’il décrétait que ce jeu n’avait aucun intérêt, et qu’il préférait encore regarder les griffes du chat Tonnerre déchirer le ciel lors de ses crises de furies nocturne.
      Curve, le désir une fois satisfait, s’en détournait. Il était en quelque sorte un enfant capricieux mais silencieux, qui, désintéressé de tout, parvenait parfois a éveiller sa faible curiosité des choses pour comprendre un système, un fait ou un mécanisme qu’il ne comprenait pas. Une fois la connaissance acquise, il replongeait, blasé, dans sa coutumière léthargie. A quoi bon s’émerveiller pendant deux heures sur quelque chose qu’il avait assimilé du début a la fin ? Pourtant, inexplicablement, et malgré cette relative passivité, Curve ne s’ennuyait jamais. Paradoxalement, il pouvait passer une heure a observer un rayon de soleil jouer sur le mur, alors que contempler des enfants dans la cour ne l’intéressait pas.

      Relevant la tête, le cendré chassa ses souvenirs d’un mouvement des paupières, et eut la surprise de sentir au bout de ses cils noirs, les molécules affectueuses de la première neige s’accrocher fermement. Un léger sourire lui vint, ce qui n’empêcha pas ses doigts de retirer le fin duvet blanc qui par ailleurs, avait commencé à recouvrir ses épaules et le haut de sa tête nacrée.
      L’ankylosie commencant a lui ronger les jambes, il résolut alors de se lever. Comme si Lillian était elle aussi une extension de son propre organisme, elle fit de même, et d’un mouvement leste qui lui rappela la biche effarouchée que l’on surprend en train de boire, elle se retrouva sur ses pieds avant même que lui n’ai étendu les jambes. Jusque la, tout était .. Normal. Néanmoins, un certain détail clochait.
      Ses doigts, entrelacés dans ceux de Lillian, n’avaient pas été libérés, et il se retrouvait le bras en l’air et les sourcils haussés, a chercher une réaction convenable autre que d’éclater d’un rire légèrement narquois.
      Elle lui fournit une autre série d’options lorsqu’elle bondit en avant.
      Le haut de son corps bascula légèrement, alors que ses muscles inquisiteurs se crispaient, refusant toute contrariété. Ils n’avaient pas a lui obéir a elle, et c’est en toute bonne foi qu’ils la stoppèrent dans son élan.
      La cause fila ; la conséquence débarqua, au grand galop dans ses grands sabots.
      Curve eut juste le temps de relever le nez pour voir Lillian s’écraser sur lui.

      « … ¬¬ »

      Tout comme elle, il eut une totale absence de réaction.
      Le vide, le néant, rien. Comme si on avait arrêté le cours du temps et qu’il ne pouvait que regarder ce qui se passait alentours sans avoir la capacité de remuer un muscle. Chose qui a vrai dire, l’arrangeait.
      Il fit en premier lieu, l’inspection mentale de son corps.
      Lillian s’était vautré sur lui en toute majesté, il avait les genoux éclatés et s’était explosé le dos contre le tronc de l’arbuste vengeur. Sa tête elle aussi pulsait sourdement, n’ayant elle, pas eu le temps d’esquiver la-super-attaque-moretelle-du-fion-de-miss-Lillian.
      En clair il s’était pris un beau coup de boule.
      Distraitement, il songea à la future bosse qu’il aurait. Un gnon bleu parmi le blanc de sa peau. Esthétique.
      Il grimaça, ennuyé a cette perspective, et se traita d’idiot.
      Puis son corps, lassé de ce poids en trop, réagit d’instinct et ce fut sans aucun ménagement qu’il vira Lillian de ses genoux.
      Qui elle, en même temps, se relevait.
      Résultat ? Elle se vautra en beauté dans la neige, l’entraînant en toute mauvaise foi avec lui.
      Il imagina le tableau. Lui sur le ventre, à bouffer de la neige.
      Elle, a quatre patte et le nez dans les racines de l’arbuste, a se traiter de conne.
      Il se redressa juste a temps pour voir le regard d’un des bétas posé sur lui.
      Et merde.

      Curve qui, a la normale, prenait son temps pour réfléchir, sentit l’adrénaline irriguer son encéphale et aussitôt, les pensées et théories les plus complexes s’enchaînèrent et s’emboîtèrent avec vivacité, pour expliquer l’inexplicable. En l’espace de deux secondes, la situation était limpide.
      Loin d’être stupides, les bétas avaient savamment manigancé pour paraître comme tel. Ils étaient donc, d’apparence, tombés dans le piège banal du caillou lancé par Curve.
      Pourtant, la vérité était tout autre : ils avaient du se cacher non loin, a vieller, a guetter le gibier potentiel : après tout, ils n’avaient rien a perdre.
      Et eux, comme de pauvres inconscients, ils y avaient cru. Ils s’étaient lamentablement fait berner.
      Comme des momes.
      Curve grinça des dents. Sa mâchoire se crispa, son regard se fit dur.
      Il fronça les sourcils, et empoigna le bras de Lillan, la forçant a se relever d’un bond.
      Alors il se mit a courir, l’entraînant derrière lui dans la rue la plus proche.
      Quitte a se aire avoir, autant que ce soit en tentant le tout pour le tout.
      Apres tout, ils n’avaient rien a perdre.

      Filant a toute allure, ne jetant pas une seule fois un regard derrière lui, entraînant toujours plus vite la gamine a qui il n’avait pas laissé le choix, il traçait, comète aux cheveux cendrés, parmi les petites rues désertes de la ville. Il était environ midi, les gens mangeaient, et le quartier aux alentours de l’orphelinat était peu fréquenté, a cause de la peur qu’inspirait les enfants mutants.
      D’une froide détermination, Curve aperçut une ruelle adjacente et y entraîna Lillian, notant avec une certaine surprise ironique que même en ayant cinq bétas aux trousses il était parfaitement détendu et maître de lui … Et que tout comme Lillian, il se déplaçait avec une étonnante absence de bruit, contrairement a la troupe de bourrins qui leur courrait après.
      Un sourire satisfait releva le coin de ses lèvres. Tout n’était pas encore perdu.

      Comme il s’y attendait plus ou moins, il débarqua au grand galop dans une artère plus fréquentée, ou les larges trottoirs se rétrécissaient, et ou la route semblait plus entretenue. Quelques voitures y passaient au pas. Pilant un moment, le garçon jeta un regard furtif autour de lui, puis reprit sa course, dans une allure moins soutenue, néanmoins.
      Quelques regards se tournaient vers eux, agacés puis amusés ensuite. Sous les yeux des passants ils n’étaient rien de plus que deux gamins jouant ensemble, rien de bien extraordinaire.
      Apres avoir tourné a l’angle d’une rue, ils débouchèrent dans une des voies principales.
      Curve stoppa une seconde fois, et observa les lieux, laissant le temps à Lillian de souffler et à son propre cœur le loisir de ralentir.

      La route était très fréquentée, de nombreuses voitures s’y croisaient. Sur les deux trottoirs en face a face, des vitrines reluisantes annonçaient presque toutes un menu alléchant, et des portes ouvertes s’échappait un fumet délicieux. Dans la rue principale ou se côtoyaient restaurants de luxe et marchants de sandwichs et de frites graisseuses, les deux fraudeurs passeraient inaperçus. L’heure du repas leur facilitait la tache, puisque les restaurants étaient bondés. Malgré sa haine pour la foule, le garçon résolut de s’y plonger.
      Il fit un pas, aperçut un groupe de Deltas, et s’arrêta net, indécis.
      Ceux-ci, au nombre de trois, patrouillaient avec calme, tels des policiers. Le garçon ignorait s’ils avaient été prévenus pour leur tomber dessus, mais il ne préférait pas prendre de risques.
      L’un d’eux tourna la tête en leur direction.
      Le cendré fit un bond de coté et détala.
      Ceci tout en bénissant le ciel d’avoir fugué avec une compagnie rapide et endurante, pas contrariante pour deux sous. Lillian suivait sans mot dire, sans l’approuver ou le ralentir, ce qui arrangeait les choses puisque Curve n’avait ni le temps ni l’envie de créer un plan qui leur conviendrait tous les deux : il agissait pour lui et selon ses convenances, et tachait de sauver la brunette par la même occasion.

      Devant lui s’ouvrit une porte, d’où s’échappait une odeur affriolante de moules et de frites. Le garçon s’engouffra dans le petit établissement, cherchant des yeux une cachette qui n’attirerait pas l’attention des clients. Il se dirigea en premier lieu vers les sanitaires, puis, apercevant dans un coin reculé de la salle, une large porte battante, il pivota et fila vers celle-ci.
      Poussant de la main les lourds pans de bois, il se trouva face a une allée sombe ou s’entassaient des cartons de nourritures, des chaises et bien des outils utiles a un restaurant aisé. Derrière lui, les voix des bétas l’encouragèrent a ne pas faire marche arrière.
      Il bnndit vers un placard au fond de la salle, l’ouvrit et le referma derrière Lillian.
      La poignée lui resta dans la main : ils étaient enfermés sans moyen d’en sortir.
      Un bruit de porte s’ouvrant à la volée lui indiqua que les bétas entraient dans la même pièce qu’eux.
      Il déglutit, et ne bougea plus.

      Dans le noir omniprésent de leur cachette de fortune, Curve sentait son cerveau tourner a cent a l’heure, comme quelque véhicule emballé dont les freins auraient lâché ; il songeait aux deux probabilités majeures concernant les Bétas a leur trousses :
      Soit ils les avaient vus entrer dans l’établissement, et fouilleraient chaque centimètre carré de l’endroit.
      Soit ils pensaient qu’ils s’étaient glissé dans l’un des restaurants de l’avenue et fouilleraient sommairement toutes les stations de restauration, mais plus brièvement.

      A son grand damn, les Bétas ne partaient pas.

      Tantôt proches et tantôt lointaines, leurs voix étaient pourtant bel et bien la, stoppant toute échappée désespérée.
      Visiblement, ils devraient rester cloîtrés la un bon moment.
      Il se décida alors à desserrer ses doigts, posant ceux-ci sur la porte qui lui faisait face.
      Il tourna alors la tête, adressant un regard à Lillian qu’il n’avait pas daigné regarder pendant les dix dernières minutes.
      Et un sourire franchement narquois releva ses lèvres.

      La brunette, pas plus essoufflée que lui, était encastrée dans son coin, tout comme lui l’était en ce moment. Le faible espace du placard pourtant, ne leur permettait pas un espace suffisant pour être a l’aise, et ils étaient presque l’un sur l’autre, tant les parois étaient proches et le plafond bas.
      Le placard se composait d’une moitié inférieure tout en longueur ou ils étaient serrés, et une petite étagère en hauteur, ou Curve avait distingué quelques boites dont il n’avait pas cherché a savoir ce qu’elles contenaient.
      Désormais, il savait parfaitement ce qu’elles renfermaient :
      Des capotes.

      Lorsqu’ils s’étaient jetés avec la fougue du désespoir dans le placard, ils avaient percuté l’étagère du haut. Une boite avait du tomber, s’était ouverte en plein vol et avait vomi son contenu sur la première chose qui la séparait du sol ; Lillian.
      Ses cheveux et ses épaules, constellées de neige semi fondue, étaient converses de petits paquets translucides qui luisaient faiblement, et s’étaient répandues en pluie sur le sol ou stagnaient d’autres objets dont le garçon prit soin de ne pas regarder, pour ne pas les identifier.
      Ce qui faisait le patron a sa femme le soir venu ne le consernait pas vraiment.

      D’une main, il chassa un préservatif qui avait atterri sur son épaule droite, et détourna le regard, masquant avec difficulté le sourire sarcastique de ses lèvres.
      Ses yeux parlaient a eux seuls.
      Il n’avait pas d’idées vicieuses ; il se foutait juste de Lillian.
      Un moyen comme un autre de décompresser.
      Un moyen comme un autre d’oublier qu’ils étaient coincés la, l’un sur l’autre dans un espace minuscule et pendant un bon bout de temps.

      Il ferma les yeux, colla son front contre la porte en bois.
      Masquant le sourire qui lui dévorait irrésistiblement les lèvres.
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Lilian
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Lilian

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L'échappée belle ; Privé. Vide
MessageSujet: Re: L'échappée belle ; Privé. L'échappée belle ; Privé. Icon_minitimeDim 4 Avr - 20:03

{La vérité n'est qu'un comte sanglant pour enfants caustiques}



    Les nuages revinrent vite s’enquérir de la situation des deux évadés. Spectateurs muets d’une scène qu’ils pouvaient deviner, public averti de la suite car étant celui qui prend le plus de recul dans ce bas monde. D’ennui, ils décidèrent de lâcher leurs présents captifs, et des flocons voluptueux entamèrent leur chute paresseuse. Lorsque les premiers touchèrent terre, la chute neigeuse s’intensifia, et bientôt un manteau neigeux vint étouffer le givre qui avait perdu son éclat. Les doux flocons n’épargnaient rien ni personne, et bientôt une fine cape d’un blanc pur vint se poser sur les épaules et les cheveux de la fillette et du garçon.
    Lilian ne savait que penser de la neige. Elle était d’une blancheur immaculée, si bien que n’importe quel manteau, fourrure, ou autre objet « blanc » paraissait gris ou jaune à côté. Tout était sale devant la neige. Et pourtant… cette soi-disant pureté tuait chaque année. Cette froideur glaçait le sang, et cette beauté était la même que celle de la mort.
    La même que celle du cendré.
    Lilian détourna les yeux.

    Après son élan parfaitement stupide et donc sa chute sur le garçon, elle était toujours sur lui, mais venait de se redresser. Elle eut à peine le temps de songer qu’il était après tout, un bon amortisseur, il la vira sans ménagement de ses genoux. Il choisit mal son moment. La gamine blonde commençait à peine à se relever, et le garçon la poussa ménagement, ayant pour effet de la faire basculer en avant. Elle se vautra pour la cinquième fois en une heure, la tête dans les branches du buisson-abri-rancunnier- qui allait le devenir encore plus. Le cendré lui, entrainé dans sa chute parce que sa main était toujours liée à la sienne, s’étala aussi, ventre contre terre, le visage dans la neige. Le bras à moitié tordu, Lilian prit sur elle pour analyser calmement la situation.
    Tout était de sa faute.
    Sa faute à lui.

    Il avait voulut tenter, jouer avec le feu, provoquer, tester. Il avait refusé de desserrer son étreinte, et leurs doigts restés mêlés les avaient entraînés dans une situation catastrophique. Le gris releva son regard acier, et croisa celui qu’il n’aurait jamais dû croiser. Celui d’un bêta. Un bêta de l’instant d’avant. Ainsi, ils avaient retourné leurs diversions contre eux, bien moins stupides qu’ils n’en avaient l’air. A présent, ils pouvaient bien le dire, ils était vraiment dans la merde. A peine remise, le gamine blonde sentit le cendré lui attraper le poignet brutalement et l’entrainer sans ménagement. Elle renonça à mettre de l’ordre dans son esprit et concentra toutes ses pensées dans sa course et les muscles de ses jambes, évitant au cendré une ribambelle de questions qui ne feraient que les retarder. Là, en cet instant, elle ne lui en voulait plus. D’abord parce qu’elle n’avait pas le loisir d’y penser, ensuite parce qu’il venait de prendre une décision pour elle, et de cela elle lui était reconnaissante. Il aurait dû se sentir flatté.
    Apparemment, il n’était pas dans sa préoccupation première de se sentir honoré de la pensée de Lilian. Quel rustre. Il semblait presque aussi lunatique qu’elle… Tantôt droit, froid et d’une beauté de marbre, tantôt narquois, méprisant, amusé par les évènements, excité par la tournure qu’ils prenaient. Une girouette au motif lupin. Il devait être assez beau sur le toit d’une maison.
    Lilian stoppa ses le flux de ses pensées qui s’était remis à couler, pour éviter de ralentir la cadence soutenue. Cela lui allait plutôt bien de courir, entraîné derrière quelqu’un qu’elle redoutait autant qui l’intéressait. Il pouvait se perdre dans ses pensées ou inspirer le respect, faire pulser le désir chez les uns et inspirer une sourde terreur chez les autres. Il pouvait sauver et haïr, s’intéresser ou ignorer, réfléchir ou laisser couler. Surtout, il pouvait tout faire à la fois.
    Etait-ce une sorte… d’admiration qu’elle éprouvait alors pour lui ? En plus du mépris ? Oui, Lilian méprisait tout le monde, sans même une exception pour sa propre personne. Le mépris pouvait-il seulement cohabiter avec l’admiration… ? Ou bien l’un des deux devait annihiler l’autre…
    Elle ne trouva pas la réponse.

    Les muscles fins de ses jambes se tendaient et se relâchaient à intervalles rapprochés, lui donnant une allure souple et confortable, assez rapide pour ne pas ralentir la foulée élégante et sauvage du loup solitaire. Qui ne l’était d’ailleurs plus, vu qu’il se trouvait en sa compagnie.
    D’ailleurs, si lui était un loup, comment les autres la voyait-elle, elle ?
    Lilian se voyait plus comme un chien bâtard, descendante de parents pourtant fortunés et de noble race… Elle s’était retrouvée à la rue. Puis pire, à la fourrière, nommée « Orphelinat ». Un vrai refuge de sales clébards hargneux et bruyants, aboyeurs mais pas mordeurs pour la plupart. Si l’on omettait les alphas qui lui faisait davantage penser à des lévriers maigres, racés et cruels, la population actuelle de l’orphelinat était un refuge d’abandonnés agressifs et de cas sociaux –comme elle-.
    Enfin, comme elle.
    Non, ça c’était impossible. Elle avait beau se mépriser, aucun des corniauds ne lui arrivaient à la cheville. Des corniauds n’est-ce pas ? Elle ne pensait pas au loup, qui lui était bien plus noble et beau que n’importe quel pedigree. Il était la référence, la splendide morgue et le farouche mépris devant lesquels se pâmait le monde entier. Il était celui qu’elle admirait, redoutait et détestait le plus.
    Il était le seul qui avait crée autant d’émotions en elle en un temps si court.

    Désiré et désirable.

    Suivant sans résistance le bon vouloir et les décisions du cendré, les deux gamins débouchèrent dans un rue plus large et mieux entretenue que les précédentes, dans laquelle grouillait cette partie de la population qui n’avait pas encore mangé. Le mélange de fumets de nourriture qui lui arrivait aux narines la fit frémir. Les restaurants qui s’alignaient de chaque côté de la rue attiraient nombre de futurs clients, mais la route ne désemplissait pas. Ce qui sembla convenir, contraint et forcé, au gris. Pour une fois que la foule lui servait à quelque chose, il se résolut à y pénétrer. Avant même que Lilian ait eu l’idée de protester, il l’entraina à sa suite, esquivant avec agilité les personnes qui lui barraient la route. Ils s’attiraient nombre de regards, et beaucoup se retournaient sur leur passage. Les expressions variées qui les accompagnait allaient de l’amusement à l’irritation pour les moins tolérants. Lilian ne s’y attarda pas, mais ne perçut pas d’hypocrisie dans leur regard, ce qui lui semblait pourtant être le propre des adultes.

    Devant elle, le garçon s’arrêta. Ses cheveux d’argents et ordre de bataille et son regard fiévreux en quête d’une solution lui rappelèrent celui d’un loup en chasse. Ou plutôt, en l’occurrence, d’un loup chassé. Il balaya les lieux du regard, sans trouver une aspérité où s’accrocher. Il fit un pas, puis s’arrêta net. Lilian, les sourcils légèrement froncés, regarda dans la direction qu’il fixait, et ce qu’elle vit la glaça. Une bande deltas. Etrange d’ailleurs, ils étaient aussi des asociaux typiques et travaillaient la plupart du temps en solo. Mais surtout, ils étaient bien, bien plus dangereux que ces bourrins de bêtas. Si les bêtas les plus féroces lui évoquaient des pitbulls, les deltas avaient tout des dobermans. Plus fin, plus puissants, plus intelligents, plus cruels. Et ils étaient armés.
    Le cendré ne se le fit pas dire deux fois, et son regard butant sur une porte ouverte, il s’y jeta sans réfléchir. C’est ainsi qu’ils pénétrèrent dans le restaurant à moitié plein, le traversèrent à toute allure, et s’engouffrèrent dans une pièce attenante à la grande salle, mais légèrement en retrait, dans un coin.
    C’était une sorte de remise où s’entassaient le matériel nécessaire au fonctionnement du restaurant, et les stocks de vaisselles et d’ustensiles de cuisine. L’Omega qui menait la course balaya la pièce sans s’arrêter, puis avisant un placard, il bondit dedans, tira Lilian derrière lui et claqua la porte dans son dos. Cinq secondes plus tard, les bêtas rentraient dans la pièce. Méfiants d’abord, ils commencèrent ensuite à remuer les cartons, tâter les murs. Ce fut lorsque sa vision commença à se troubler que Lilian se rendit compte qu’elle avait cessé de respirer. Elle ouvrit la bouche, prit une grande inspiration silencieuse et son regard s’éclaircit, permettant à ses yeux de s’habituer à l’obscurité étouffante. Un mince rai de lumière éclairait très légèrement le contenu du placard, leur donnant une ombre étrange.

    Le cendré tourna légèrement la tête, permettant à la gamine de voir le sourire parfaitement narquois qui barrait son visage. Ils étaient tous les deux si proches que Lilian sentait le souffle silencieux du garçon, et elle se mit à maudire sans état d’âme les parois si proches du placard miteux. Elle répondit au loup par un sourire contrit, et dans ses yeux brillaient un mélange de courroux et de reconnaissance. Elle ne lui laissa le temps de s’en délecter qu’une seconde, elle n’aurait pas supporté une lueur victorieuse au fond de ses iris d’acier.
    Ces-derniers la balayèrent, et le souffle de Lilian se bloqua de nouveau dans sa poitrine tandis qu’elle subissait l’inspection. L’expression du gris se transforma imperceptiblement, et son sourire passa de narquois à sarcastique.
    Il suffit d’un regard vers une de ses épaules à Lilian pour s’informer de la cause de cette transformation. Elle avait en effet senti quelque chose de léger lui tomber dessus lorsqu’ils s’étaient jetés dans le placard, mais le stress qui l’avait pris à la gorge avait effacé les évènements qu’elle avait jugés non importants. Elle était couverte du contenu de la boîte qui lui était tombé dessus.
    A savoir des emballages de plastiques, carrés et luisants.

    Vas-y, ris mon cher loup.

    Elle était couverte de capotes.
    Les propriétaires devaient bien s’amuser après la fermeture, il y avait là un sacré stock. Evitant largement le regard gris, elle hésita entre vomir et pleurer. Elle ne fit aucun des deux, à grand renfort de cette volonté qu’elle croyait inexistante chez elle. Cherchant tant bien que mal à se débarrasser de ce fardeau gênant, elle secoua les cheveux, faisant tomber ce qui tenait en équilibre précaire sur sa tête blonde. Ses épaules suivirent le mouvement et le reste des emballages tomba à ses pieds.
    Ne voulant pas recroiser le regard du gris, elle chercha un objet sur lequel se concentrer, quelque chose qui lui permettrait de fuir la réalité un moment. Son regard tomba sur un objet peu éclairé. Elle attendit que ses yeux s’habituent à l’obscurité, puis parvint à décerner les contours de ce qui avait attiré son attention. Il était composé d’un manche, en plastique noir lui sembla-t-il, suivit d’une lanière de cuir qui serpentait au sol.
    Oh non.
    Là, elle avait du mal à y croire.
    Un fouet.

    Fermant les yeux précipitamment, la gamine chercha à se calmer. Elle composa méticuleusement l’expression qu’elle arborerait l’instant d’après, optant pour une confortable neutralité, avec pour seule aspérité, un sourire cynique et profondément désespéré. Ce fut sous cette apparence qu’elle accepta de regarder de nouveau le gris. Elle faillit ouvrir la bouche, mais un éclat de voix la rappela à l’ordre :

    « Où sont passés ces mômes, nom de dieu ?!

    -Tu blasphèmes, Willy, lui répondit une voix blasée.

    -Ta gueule. Y sont forcément dans ce resto’, on n’a qu’à commander et on reste ici jusqu'à c’qu’y sortent de leur trou.


    Lilian les entendit se diriger vers la sortie de la pièce, fermer la porte derrière eux. Elle faillit pousser un soupir de soulagement, mais les entendre de nouveau la coupa net dans son élan. Ils venaient de commander à la table qui se trouvait juste devant la porte de la pièce. Les deux pouvaient bien sortir du placard, mais pas de ces quatre murs.
    Et merde. Ils avaient décidé de camper ici.

    La gamine blonde jeta un regard désespéré et inquisiteur au cendré. Ils étaient coincés, et bien coincés. En dernier recours, ils pouvaient toujours tenter un passage en force. Mais si Lilian utilisait son pouvoir, l’autre Omega en serait aussi affecté. Ils ne pouvaient pas fuir. Leur seule option était de sortir de ce placard et de tourner en rond dans la pièce comme des fauves en cages. Mais la jeune fille ne fit rien. Se contentant de scruter le gris, d’anticiper une quelconque réaction de sa part. Il était intelligent… Qu’il trouve.
    Leur petite escapade s’était muée en mission impossible. Mais ce n’en était plus excitant pour elle. Plutôt irritant. Non pas qu’elle veuille rentrer à l’Orphelinat, non… Elle avait plutôt envie que le loup dise quelque chose. Elle avait envie de l’entendre. Elle voulait qu’il prononce des mots, que ce soit une moquerie, une insulte, une excuse – peu probable - , ou même rien d’intéressant, elle voulait l’entendre dire quelque chose.
    Lilian lui lança un regard interrogateur, puis sans arrêter de la fixer, elle détendit le bras, voulant saisir la poignée de la porte.
    Il n’y en avait pas.

    Elle détourna aussi tôt le regard, tâtant le panneau de bois. Il y avait forcément un moyen de sortir… Non, il n’y en avait pas.
    Lorsqu’elle se retourna vers le cendré, c’était de l’angoisse qui brillait dans ses yeux bleus.
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L'échappée belle ; Privé. Vide
MessageSujet: Re: L'échappée belle ; Privé. L'échappée belle ; Privé. Icon_minitimeLun 5 Avr - 22:01

    « Inconstance. Saturation chronique d'une aventure affective. »



      Les crocs serrés sur un sourire narquois, le garçon, front contre la porte, bloqué malgré lui dans une pose plus qu’inconfortable, listait actuellement les points positifs de cette fugue transformée en filature improvisée.
      Ceci pour laisser le temps a lady Lillian de se remettre de ses émotions.
      Aux yeux d’un témoin externe, la situation était complexement emmêlée, stressante ; voir presque angoissante, et présageait de lourdes conséquences.
      Pourtant …
      Lui voyait la une sortie a l’extérieur, l’occasion inespérée de quitter les murs clos et trop gris qui avaient rythmé chaque journée de sa vie. Goûter l’air sain et vif, frôler le bitume réchauffe par le soleil, sentir, voir et toucher des merveilles qu’il n’avait pu qu’observer a travers les fenêtres de la salle commune.
      Et surtout, surtout, ne pas être observé, oppressé par les gamins de tout age et les adultes qui disposaient de l’Autorité. Il était seul, ignorant dans sa pensée Lillian qui n’était pas réellement une gène. Plutôt comme un animal, au statut égal voir supérieur au sien.
      Contrairement aux humains, il n’avait pas à lui parler, a meubler une conversation sans intérêt. Il n’avait pas a répondre a ses exigences, il n’avait pas a suivre les codes de la société qu’il rejetait.
      Non, comme si elle était chat, il se contentait d’être observé et de l’observer, elle.
      Comme un photographe, il ne cherchait pas a tendre la main pour caresser l’animal, mais restait la, immobile, a attendre qu’elle vienne vers lui, ou a défaut, qu’elle ne fuie pas.
      Et dans son esprit les clichés d’elle s’imprégnaient.
      Imprimant ses génomes cérébraux.
      D’une façon..Immuable.
      Du moins le pensait-il.

      A l’inverse de Lillian, qui se comparait a un quelconque bâtard mal socialisé et en rogne avec l’ensemble des individus qui étaient de son espèce, Curve la voyait plutôt comme un chat. Un chat sauvage qui, malgré lui se retrouvait perdu dans une ville. Un chat indépendant et qui ne se laissait pas attraper par une gamelle de bouffe insipide, un félin farouche et qui se révélait agressif et brutal si d’aventure on avait l’imprudence d’empiéter sur son territoire, ou pire, son espace vital.

      Un fin matou que même les chiens craignaient.

      Mais si elle, se voyait comme un chien, Curve pouvait s’aligner dans son cadre de pensée, et lui fournir un autre contexte. Un corniaud donc, au poil souillé et aux cotes visibles, aux crocs avides et aux yeux diablement rusés. Un chien logé dans un chenil, récupéré dans la ville où il maraudait seul, sans foi ni lois. Le voila piégé entre quatre grilles, forcé de cohabité avec divers clebs sans attrait et aux gueules perpétuellement ouvertes, dégoulinant de cris pathétique ou de bave grasse et visqueuse.
      Ce chien, personne n’en voulait.
      Il était maigre, restait au fond de l’enclos, se montrait agressif si on lui tendait la main. Il mangeait peu, semblant ne pas accepter la nourriture. Mais faute de mieux et voulant survivre, il mangeait. Peu, mais il mangeait.
      Son poil était emmêlé, et agglutiné par plaques collés et disgracieuses. Il n’était pas le pire au niveau esthétisme, mais loin d’être le mieux.
      Pourtant … Si des doigts doux l’avaient parcouru, lavé, choyé, tous auraient été surpris de découvrir sous la croûte de boue et de sueur, une peau fraîche, recouverte d’un magnifique poil roux aux reflets bruns. Mieux nourri, le port se serait redressé, et alors le corniaud dévoilé montrerait désormais un chien rare, de la plus pure des races et du meilleur pedigree.
      Si, en effet, quelqu'un lui avait prêté attention, avait décidé de ne pas le traiter et le classer comme les autres, sur les critères stéréotypés ; si on avait cessé de le brusquer, de le repousser parce qu’il ne se laissait pas caresser ; si on lui avait permis de prendre son temps, et s’habituer a la personne, le chien aurait alors fait le premier pas.
      Et Curve en son fort intérieur songeait qu’un jour, ce chien la aurait permis qu’on le flatte et l’aime passionnément. Il se coucherait aux pieds de son maître, jouerait même avec lui, et deviendrait un bien meilleur ami que les chiens du refuge qui acceptaient qu’on les caresse, sans savoir a qui la main appartenait et ce qu’on lui voulait.

      Lillian était ainsi.
      Curve en était convaincu.


      Soudain, un bruit à l’extérieur se fit entendre.
      Relevant la tête, Curve eut l’étrange impression que ses oreilles se redressaient, tel le chien, ou le loup ayant perçu un bruit. Aux abois, tête haute et prunelles fixes, ses lèvres se reformèrent en une moue indéchiffrable.
      Ses sourcils se froncèrent.
      Il n’avait pas peur, non.
      Il était juste frustré que son escapade se termine aussi vite.
      Qu’il retrouve sa cage après un laps de temps aussi court.
      Curve le loup avait besoin d’espace.
      Et son corps grondait d’être encore enchaîné.

      « Où sont passés ces mômes, nom de dieu ?!
      -Tu blasphèmes, Willy.
      -Ta gueule. Y sont forcément dans ce resto’, on n’a qu’à commander et on reste ici jusqu'à c’qu’y sortent de leur trou.

      Alors que Lillian ouvrait de grands yeux angoissés, auquel Curve ne jeta qu’un regard neutre, lui ne percevrait qu’une légère baisse de tension. Bon. Ils avaient cessé de farfouiller, et s’étaient assis pour manger. Mais comme ils l’avaient braillé, eux non plus n’allaient pas rester la a glander jusqu'à vingt heures. Et puis au pire des cas, cela ne gênait pas Curve de passer la nuit dans le restau’ ou au pire, dans le placard.
      Pour une fois, il ne comprenait pas Lillian.
      Il n’y avait rien d’angoissant dans cette situation. Ils étaient en sécurité ici, plus que n’importe quel endroit, puisque le placard ne s’ouvrait pas, et que l’aubergiste n’irait pas l’ouvrir devant les Deltas inquisiteurs.
      A moins de n’avoir aucun amour-propre.
      Et aucune pudeur.

      L’ankylosie lui rongeant les jambes, Curve entreprit alors de changer de position.
      Lentement, il poussa du pied les .. Objets qui jonchaient le sol, et s’aménagea un espace dépourvu de relief. Lentement, il se mit alors a glisser, le dos contre la paroi de bois, ses jambes se pliant peu a peu, pour s’asseoir dans un coin du réduit, puisque visiblement il n’allait pas en sortir de sitôt.
      Les jambes pliées contre lui, il balaya le sol du regard, cherchant à calculer si Lillian pouvait faire de même. C’était de son coté aussi, assez encombré.
      Il cilla, pensif, puis tendit la main, et rapprocha de lui les objets qu’il avait premièrement écarté, en plaçant d’autres dans de coin le plus proche du sien, laissant ainsi la place nécessaire a Lillian pour s’asseoir, ou du moins se tourner dans une autre position si elle le désirait.
      Evidement, ils seraient plus serrés que debout.
      Mais pour une fois, le garçon n’en avait cure.
      C’était rester debout a se trémousser en stressant, ou s’asseoir, se poser et attendre, patiemment.
      Il n’y avait même pas a réfléchir.
      Il posa sa tête contre la cloison de bois, et ferma les yeux.
      Occupant tout l’espace disponible d’une aura sereine et tranquille.
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MessageSujet: Re: L'échappée belle ; Privé. L'échappée belle ; Privé. Icon_minitimeLun 5 Avr - 23:20

    Il ne comprenait pas.

    Il ne voyait pas pourquoi elle était si angoissée à l’idée de rester bloquée dans ce placard étriqué qui sentait le renfermé ? Et bien elle, si, elle voyait.
    Elle avait une légère tendance à la claustrophobie, et bien qu’elle tente de se raisonner, elle en revenait toujours au même point. Cette sensation d’oppression qui lui serrait le cœur, cette attente insupportable de l’instant d’après.

    Elle avait peur, oui.

    Et c’était peut-être la seule émotion qu’elle avait du mal à cacher. Ce n’était tout de même pas une sourde terreur qui la taraudait, car si tel avait été le cas, son pouvoir ce serait immédiatement déclenché. Le placard aurait été réduit en échardes contre le sol de béton, et son cher compagnon d’aventure aurait sans doute subit un sort similaire. Cette idée la révulsa, et elle secoua légèrement la tête pour chasser ses pensées.
    Elle ne laisserait pas éclater son pouvoir s’il était proche d’elle. Bien trop dangereux.

    Le loup la regardait. Elle se sentit frémir sous ce regard implacable. Les frontières de son esprit devaient être semblable à ces iris, des murs d’acier trempé, lisses, brillants d’un éclat dur et froid.
    Impénétrable.
    Si la gamine blonde arrivait à peu près à suivre le cheminement intellectuel du garçon lorsqu’il le laissait apparaître sur son visage, si il arborait son expression de parfaite neutralité, il devenait indéchiffrable. Lilian songea un instant qu’il lui faudrait des années de pratiques pour le percer à jour dans ces moments là. Et chassa aussitôt cette idée. Son inconscient semblait avoir décidé à sa place qu’elle resterait avec lui pour un bon bout de temps…
    Non pas que sa présence la dérange, bien au contraire. Il ne lui avait jamais été donné l’occasion de pouvoir observer un aussi bel animal. Un observateur extérieur aurait sans doute lynchée pour ses pensées peu charitables : traiter un être humain d’animal, quel outrage…
    Seulement pour elle, c’était un compliment. Misanthrope Lilian ? Noon…
    Ainsi donc, le loup solitaire avait accepté sa présence. Une vague de reconnaissance pure l’envahit. Lui, un si noble animal, avait accepté la présence d’un clébard. Lorsqu’il tournait la tête, lorsque ses iris gris accrochaient le faible rai de lumière blanche, il lui semblait les voir se parer de reflets ambrés. Lorsqu’il souriait, cynique, Lilian voyait le mépris des babines du loup. Ses cheveux soyeux, aux reflets métalliques évoquaient immédiatement une douce fourrure, et ses traits parfaits, la perfection du canidé originel.
    Presque impressionnée par cette ressemblance évidente, la gamine se serra un peu plus contre le panneau de bois dans son dos, et ne fit pas un mouvement lorsque le cendré bougea. Du pied, il écarta les nombreux objets dont elle ne voulait pas connaître l’utilité, afin de ménager un espace autour de lui. Une fois sa besogne terminée, il s’appuya contre la paroi du placard à laquelle il était adossé, et se laissa glisser, froissant sa chemise au passage. Il finit par s’asseoir, jambe pliée, dans un coin du minuscule réduit. Il eut un moment de flottement, puis mu d’une soudaine inspiration, il tendit le bras et écarta les objets qui jonchaient le sol aux pieds de Lilian, pour les rapprocher de lui. Elle le regarda faire, sans mot dire, sans expression apparente. Ce fut son corps qui décida pour elle. Une furieuse douleur lui mordit les jambes, et serrant les dents, elle commença à les plier lentement. Reproduisant les précédents mouvements du garçon, elle descendit lentement le long du panneau contre lequel elle était adossée, et enfin s’assit en face du loup. Elle avait un certain espace grâce au ménage de ce-dernier, et une gratitude silencieuse envahit l’océan de son regard, que le loup ne dû avoir aucun mal à percevoir.
    Elle le regarda s’appuyer contre la cloison de bois rêche, et ne détachant par son regard de ce visage qui lui évoquait le loup en tous points, elle sentit quelque chose. Comme une vague, une onde fraîche. Une pluie apaisante, qui la nettoyait de tout. Ses doutes, ses peurs, ses remords… Ils coulèrent sur son corps et disparurent avant de toucher terre. Cherchant l’origine de la douche bienfaisante, elle n’en trouva qu’une.
    Lui.

    Il irradiait une aura de calme voluptueux, de sérénité, de… douceur presque. Lilian lui lança un regard inquisiteur, puis petit à petit, son expression changea. L’intimidation face au loup, puis l’angoisse qui lui avait succédé furent remplacées par un certain bien être, et une profonde gratitude. Elle, Lilian.
    Elle qui méprisait tout et tout le monde, remerciait quelqu’un.
    Dans son for intérieur certes, mais quel progrès…
    Ou quelle faiblesse.

    Elle releva les yeux, et cette fois, planta ses iris cobalt dans l’acier du loup. Elle ne détourna pas les yeux, une farouche détermination dansait telle une flamme au fond de ses pupilles noires. Elle ne cilla pas. Ne cligna pas. Son regard comme aimanté, absorbé, restait obstinément fixé dans celui du garçon. Elle voulait voir.
    Tyrannique dans son état, elle exposa deux de ses sentiments aux yeux du garçon : Sa soif de connaissance d’abord. L’avidité dont elle avait toujours fait preuve, qui allait de pair avec son égoïsme.
    Si les émotions, les traits de caractères pouvaient-être, comme le disent certains, représentés sous forme de couleur, alors la dominante chez Lilian, la toile de fond, serait blanche. Pas de cette blancheur éclatante et froide, comme celle du loup ou de la mort… Non, un blanc terne, tiède. Sans reflet ni éclat. Des taches furieuses de rouge le maculeraient, signe de son instabilité, de son inconstance. Le bleu courroucé aurait suivi, un bleu roi, furieux, rageur, qui voudrait imposer son règne aux quatre coins de la toile de son âme. Mais maqué par cette couleur claire et froide, un bleu clair rigide, imperméable, tremblant. Sa peur. Sa peur exacerbée de toutes choses. Du contact, de l’étouffement, du bruit, de la chaleur, de la proximité, de conséquences, du monde. Sa peur universelle, celle qui englobe tout et ne laisse rien. Celle qui prend pour ne jamais rendre, celle qui tremble mais reste implacable, méthodique, cruelle.

    Un nouvelle couleur, pourtant, venait à la contrer. Le gris. Un gris à la fois doux et implacable, soyeux, sournois, dédaigneux, prévenant, affectueux, farouche. Le gris du paradoxe qu’elle venait de rencontrer. Il était celui qui partant d’un coin de son esprit, s’exprimait petit à petit, en rosaces gracieuses. Il enjambait le blanc, narguait le rouge, méprisait le bleu roi, annihilait le bleu clair.
    Le gris qui absorbait le tout et l’harmonisait.

    Le gris, c’était lui.

    La gratitude vint se faire une place auprès de la conquête, et un mot dansa, aussi silencieux qu’expressif.
    Merci…

    La comprenait-il à présent ?


Dernière édition par Lilian le Mer 28 Avr - 17:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'échappée belle ; Privé. L'échappée belle ; Privé. Icon_minitimeMer 7 Avr - 22:59

L'échappée belle ; Privé. 25p1sgy
La perfection masculine a désormais un visage. Le sien ♥️

    Ce fut a cause de cette impression de brûlure sur sa peau qu’il finit par ouvrir les yeux.
    Et ce fut comme ouvrir la porte d’un sous marin se situant dix mille lieues sous les mers. L’eau s’engouffrerait aussitôt par le petit interstice, inonderait le grand bâtiment en quelques minutes, et aucune âme ne survivrait pour raconter l’horreur qu’elle avait vécu ce jour la.
    L’eau, c’était ses yeux.
    Le sous marin, c’était curve.
    Totalement happé par le regard impitoyable de Lillian, le garçon eut l’impression délicieusement angoissante de se faire empoigner par une force mille fois supérieure a la sienne, et fut contraint de se laisser guider. Comme si on lui avait passé un collier, il ne pouvait rien faire, et telle une bête soumise, n’était autorisé qu’a regarder.
    Sous ses yeux, les iris de Lillian se diluèrent peu a peu, et se fondirent en une surface transparente et légèrement scintillante, lui permettant de lire en elle.
    Sans limites, sans restrictions.
    Les premiers sentiments qu’elle lui exposait, impudiquement, le harponnaient avec force, ferrant le peu de conscience qu’il restait audit loup.
    Pourtant, la bête avait un fort instinct de survie.
    Et dans un effort monumental, il détourna la tête, ses paupières fines se fermant telle la porte du cachot qu’on ouvrirait plus jamais.

    A l’abri du regard plus efficace que l’Autorité elle-même, le cœur endiablé du jeune oméga put peu a peu se réguler, alors que ses muscles tendus se relâchent. Un léger pli se forma l’espace d’une seconde, a la commissure des lèvres du loup exaspéré par sa fuite imprévue.
    Il détestait faire face a l’imprévu.
    Et il détestait fuir lâchement.
    Curve, le paradoxe.
    Il reposa sa tête contre le bois, et plongea dans son état habituel d’austère paix extérieure.
    Délaissant non sans regret Lillian et son regard dominateur.

    Dans l’océan fourbe et instable des pensées continues du jeune oméga, une brèche vint peu a peu se former, fendiller la croûte opaque des songes indomptés, craqueler la surface lisse de la neutralité apparente. Une brèche se forma, une blessure aux lèvres sans aspérités et à la cicatrice lisse comme la surface d’une vitre. Les pensées de Curve se virent peu a peu refoulés, et le garçon ouvrit alors les yeux, verrouillant derrière ses paupières, de nombreuses réflexions plus ou moins pertinentes, des théories et des idées, des stratagèmes et des projets de vengeance, des brouillons et des poèmes. Et sous ses cils qui se redressaient, se dessina la forme boursouflée et disgracieuse d’une souris éméchée au poil terni.
    Immobile, le garçon profita impudiquement de ce laps de temps ou son cerveau était désactivé, ou il ne pensait a rien. Et puis le torrent interrompu gronda de nouveau à ses oreilles, et une foule de remarques virent l’ensevelir avec méthode. Le premier sentiment qui émanait du tas était l’indignation. Comme ce rongeur avait – il osé le déranger en pleine ébauche philosophique sur l’intérêt de rester assis dans un placard érotique et ou des échardes perçaient ses doigts si fins ? Comment avait – il eu le culot de lui mordiller le bout de la cheville ? Celle souris, ignorait-elle qu’on ne le mordillait pas sans permission au préalable ? Passablement irrité, il amorça un geste pour chasser le rongeur, quand ses doigts impulsifs se refermèrent sur la bestiole surprise, qui n’eut même pas l’idée éclatante de se barrer a toute pattes. Non, elle se laissa cueillir comme une banale cerise, et se débattit une fois qu’elle fut bien ferrée.
    Eh bien. L’exposition rallongée aux sextoys devait pourrir son système primaire de cognition. Le garçon tendit l’index, et frôla la tête velue de la petite chose, qui essayait vainement de ne pas éclater sous la pression cardiaque que son cœur malmenait exerçait.
    Ouh la.
    Curve, auteur de l’armageddon au niveau rongeurien.
    Le garçon toisa un moment la souris, et desserra brutalement les doigts. Celle-ci, dans un éclair de génie inespéré, bondit, et, prenant ses pattes a son cou, fila ventre a terre se réfugier … Dans la manche droite de Lillian.
    Eh bien.
    Son estime pour les rongeurs venait d’être ruiné par un seul individu qui représentait alors toute l’espèce. Lui qui affectionnait les bêtes minuscules et muettes, le voila qui considérait rats et souris comme une inutilité de plus sur la Terre.
    Mais qui se souciait de l’opinion de Curve ici bas ?
    Cette idée le fit sourire, et il reposa sa tête contre la cloison de bois, laissant le soin a Lillian le chat, le loisir de se débarrasser de l’importune au fin museau. Apres tout, c’était son rôle.
    Un loup ne chassait pas les souris.
    Pas même lorsqu’il s’ennuyait.

    Pourtant, le chat semblait en difficulté.
    Relevant la tête, le cendré ouvrit les yeux sur une scène incongrue.
    Dressée sur ses genoux, auréolée par l’unique rai de lumière blafarde qui jaillissait de l’interstice provoqué par la porte mal jointe, Lillian, le bras en l’air et la main opposée dans la manche droite, farfouillait fievresement entre le tissu et son épiderme, cherchant du bout des doigts la damnée souris qui avait commis l’erreur impardonnable de la confondre avec une cachette potentielle.
    Le garçon retint un sourire et plissa légèrement les yeux, tachant vainement de réprimer l’amusement cynique qui pétillait dans ses yeux sombres.
    Allons, allons. Il était en quelque sorte, fautif de ce trouble occasionné.
    Ses yeux se radoucirent, formant une question muette qu’elle comprendrait sans doute.
    Avez-vous besoin d’elle, gente demoiselle ?
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MessageSujet: Re: L'échappée belle ; Privé. L'échappée belle ; Privé. Icon_minitimeJeu 8 Avr - 23:31

    Elle lui avait fait une faveur. Un immense honneur. Il n’avait visiblement pas apprécié. Indécente, elle lui avait exposé ses sentiments, imposé sa gratitude et son mépris, la toile peinte des couleurs de son âme. Tyrannique dans son état, elle l’avait cerné, encerclé de ce regard dérangeant, aussi attirant que répulsif. Il répugnait aux Autres de la regarder dans les yeux. A lui, parce qu’il était différent, elle ne lui avait laissé le choix.
    Et le loup n’avait pas aimé voir sa liberté brimée sous un collier bleu cobalt.
    Il lui semblait qu’il avait d’abord sombré… et avant d’arriver au point de non-retour, dans un élan de vie, un instinct primaire, un sursaut de volonté, il s’était arraché à son emprise.
    Il s’était détourné.

    Lady Lilian en fut outrée d’abord. Un crime aussi vil, aussi ignoble, ingrat, ne pouvait venir d’un animal si noble que le loup. Loup qui avait laissé fondre un instant l’acier de ses yeux. Lilian se découvrait le nouveau pouvoir d’imposer aux gens ses désirs. Et se sentiment la ravit à peu près autant qu’il l’horrifia. Il ne lui vint pas à l’esprit d’exposer au cendré une lueur triomphante dans son regard, et elle tut ses émotions nouvelles.
    Il ne la regardait plus à présent, et avait posé son front contre la paroi de bois, qui avait légèrement protesté sous la faible pression. Un sourire contrit tordait ses lèvres. Il n’était pas très content… Il n’avait visiblement pas aimé la tentative de la gamine blonde, et ne s’en cachait guère. Quelle moue aurait-elle dû arborer, elle, alors ? Elle était tout à fait en droit d’être contrite, le loup ne s’était-il pas rendu compte de ce que son geste avait d’outrancier ? Il venait de commettre un deuxième crime. Lilian traînait donc avec un criminel. Voilà qui n’allait pas arranger ses affaires…
    L’image lancinante de l’Alpha Carter s’imposa à son esprit, et elle la chasse en secouant vivement la tête, tel un chien qui s’ébroue après un bain désagréable.

    Alors qu’elle voguait sur ses pensées, laissant se calmer son agitation première, le cendré lui semblait être profondément enfoncé dans les siennes. Un instant passa, et s’étira sur la trame du temps selon la perception exagérée de Lady Lilian. Puis le gris releva les yeux, lentement, presque crispé. Une minuscule forme sombre palpitait de vie à ses pieds, et venait visiblement de commettre un acte odieux. Un véritable outrage. Qui arracha d’ailleurs un sourire à la gamine blonde, peu charitable, prenant le fait comme une petite vengeance personnelle… Puéril, mais rafraichissant. Une esquisse de sourire flotta encore un instant sur son visage, puis disparut, laissant pour seul témoin une fossette imperceptible au creux de sa joue.
    Agacé, le garçon entreprit de faire la chasse au rongeur. Il ne s’attendait d’ailleurs pas à la cueillir d’un seul coup. Il était vrai que le plus logique aurait été la fuite d’une souris au bord de l’anévrisme sous le regard d’acier du garçon. Acier en fusion, irritation.
    Il la tortura un instant, frôlant sa tête soyeuse de son index déplié, puis sans prévenir, desserra son étreinte brutalement, le rongeur tomba comme un fruit mur sur le sol poussiéreux du placard.
    Gravité, quand tu nous tiens…

    Elle eut toutefois un sursaut d’intelligence, au bien le signal en retard de son instinct de survie, et elle détala. Lilian sentit ce qui allait arriver. Vit le rongeur foncer sur elle, lancé à pleine vitesse par la force de ses pattes alimentée de sa terreur retardataire. Elle le vit aussi s’orienter vers le seul orifice disponible, chaud, et qui ressemblait vaguement à un trou.
    Sa manche.

    Dans un premier temps, Lilian ne fit rien. Et la souris non plus. Paralysée de peur ou de soulagement, elle n’en savait rien, mais la situation resta en suspens pendant près de dis secondes complètes, durant lesquelles le garçon sembla s’impatienter. Et tout éclata. La bête minuscule se rendit compte pour quelques obscures raisons que ce n’était pas son trou, mais quelque chose d’aussi dangereux que l’étau précédent. Et son instinct, ayant tiré expérience de son erreur, ne se fit cette fois pas désirer pour se manifester. Il lui recommanda la fuite, en omettant malencontreusement le GPS.
    Or, Lady Lilian et Mister Curve venaient de rencontrer le rongeur ayant le plus mauvais sens de l’orientation au monde. La bestiole remonta frénétiquement dans sa manche, et dans un mouvement incontrôlé, l’Omega tenta de la saisir de son autre main, voulant l’arrêter avant qu’elle n’aille plus haut. Ce fut sans succès qu’elle se retrouva dans une position on ne peut plus cocasse et absolument gênante. Les deux bras engoncés dans la même manche, et la souris qui avait décidé d’explorer son dos. La jeune fille se tortilla, et grâce au renfort de la cloison de bois dans son dos, elle réussit à faire remonter la souris, qui sortit de son col.

    Sentant une onde moqueuse dans l’espace réduit, la blonde se tourna immédiatement vers le cendré, et ses yeux s’assombrirent à la vue de son sourire mesquin.
    Ris mon cher loup… Ris et peu importe ton titre dans le monde animal, tu feras un tapis de chambre bien doux…
    Une menace informulée déchaîna l’océan des yeux de la jeune fille.
    Le cendré releva les yeux vers elle. Le cobalt croisa l’acier. L’océan rencontra le mur.
    Avez-vous besoin d’aide, gente demoiselle ?

    Si les vagues ne perdirent pas de leur courroux, le vent de la tempête s’adoucit, puis tomba. C’était une question aussi ironique que la proposition était tentante. Et la gamine décida de lui faire payer.
    Elle releva la tête dans un signe de défi, lui lança un regard provocateur, qui se rua sur l’acier.
    Chiche. Viens donc.
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MessageSujet: Re: L'échappée belle ; Privé. L'échappée belle ; Privé. Icon_minitimeSam 10 Avr - 12:21

    ( Si jte vois pas avant, sache que je pars a midi pour aller chez ma mère grand What a Face Jreviens sans doute demain soir, tu va me manquer mon zonzon savateux <3 Désolé pour le RP que jvais bâcler cause’ j’ai a peine un quart d’heure devant moi, ça va être chaud mon dieu. Jtaime ♥️ )


    Et merde.
    Pour une fois encore, il aurait mieux fait de houer au gentil tapis de fourrure et la regarder se débattre seule d’une façon comique qui l’aurait parfaitement distrait. Mais non. Curve était Curve, il avait fallu qu’il pousse plus loin sur le terrain accidenté de l’insolence et de la provocation, terrain vaste donc il avait coutume de frôler les bords, un léger sourire aux lèvres.
    Désormais il y était entré, et piégé, comme un chien l’était en cage.
    Pourtant … Pourtant, malgré la situation délicate, le garçon ne regrettait absolument pas ce qu’il avait fait. Elle l’avait pris au dépourvu, ce qui en soi n’était pas surprenant venant d’une fille a qui il tenait compagnie depuis quand même plus d’une heure et demie. Voir deux.
    Il avait proposé, dans un élan de douce folie inconsciente, et elle avait accepté, dans son aura d’éternelle provocation.
    Assume, mon cher loup.

    Il inclina la tête de coté, basculant ses longues mèches immaculées devant ses yeux d’une neutralité angoissante, calculant nonchalamment la distance qui séparait sa propre main de la souris. Etant donné qu’ils étaient cloîtrés dans un placard minuscule, il pouvait aisément l’attraper sans même se redresser. Parfait.
    Il n’amorça pas un mouvement pourtant. Imaginant contre son gré ses doigts qui frôlaient la peau de la gamine, ratant la souris, continuant a glisser, dans une danse sensuelle qui avait le don d’exaspérer leur propriétaire. L’idée de lui avoir déjà saisi la main ou le poignet l’effleura, mais il l’écarta sans grand mal, prétextant que l’urgence de la situation let son taux d’adrénaline l’avait influencé.
    Il cilla, croisa le regard impétueux du chat trompé par la souris.
    Et c’était lui le chien, qui allait partir en quête du rongeur pour aider le félin prédateur. Il arqua lentement les sourcils, une onde d’amusement simple le traversant.
    Et puis il étendit le bras, dans une sereine tentative d’attraper ce damné rongeur.

    Qui elle, n’avait as oublié Curve.
    Juchée sur l’épaule de la blonde, aussitôt la main qui voulait s’emparer de sa liberté, elle poussa un couinement étranglé, et se jeta avec l’énergie du désespoir … Dans la tunique de Lillian.
    Et apprit donc a ses dépens que même petite, il était impossible de passer entre une colonne vertébrale humaine et un mur tout ce qu’il y avait de plus déterminer a ne pas bouger.
    Grillée.
    Les doigts du garçon l’effleurèrent, se resserrant lentement sur son dos. Alors en un bond inespéré, elle détala le long de l’omoplate de son perchoir humain, semant derrière elle des couinements étranglés.

    Et laissant un Curve particulièrement agacé.
    Ses doigts crochetèrent la petite bête poilue, qui lui échappa dans un sursaut d’énergie, le laissant comme un andouille, la main en l’air et observant le rongeur se faire la malle.
    Non mais pas moyen, tu bouges pas sale garce.
    Déterminé, il se jeta en avant, posa son autre main sur le sol et s’étendit soudainement vers l’avant, jetant un bras farouche en direction de la bestiole qui cavalait allégrement à coté cou de lady Lillian, au niveau de l’épaule.
    Sa main s’abattit sur sa proie comme un aigle l’aurait fait, et il referma sa main sur la victime grise qui se tut une fois être ses mains.
    Lentement, il se redressa, et releva la main, la ramenant a lui sans effleurer la gamine devenue l’espace d’un instant, le terrain de jeux d’un rongeur masochisme. Qu’il toisa d’un regard réfrigérant, songeant qu’il en aurait bien fait du hachis. Sa main se desserra légèrement, et il fit sauter la souris dans les airs, qui décolla de quelques centimètres a peine de sa main. Les doigts du cendré s’enroulèrent alors autour e sa queue, et il présenta la bestiole a Lillian, tête en bas et queue en haut. Hermétique, il la lâcha dans sa main qu’elle sembla refermer par réflexe, alors qu’un léger sourire dénué d’émotions se peignait sur le minois du cendré.

    « T’as plus qu’a la manger. »

    Il tourna alors la tête et replia ses jambes contre lui, guettant les sons extérieurs au cas ou les péripéties de Miss MadMouse avaient provoqué des échos a l’extérieur.

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Lilian
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L'échappée belle ; Privé. Vide
MessageSujet: Re: L'échappée belle ; Privé. L'échappée belle ; Privé. Icon_minitimeMer 28 Avr - 17:44

[Ahaha, Lady Lilian & Sir Curve sont de retour è_é
Jme suis amusée x) ]




    Il vint.
    Comme elle l’avait prédit, comme elle s’en était doutée, comme elle l’avait espéré peut-être…
    Non. Certainement pas. Mais peu importe ses pensées, le résultat fut le même.
    Il vint.
    Il ne se défila pas. Il s’était engagé sur un tortueux, boueux, s’y était embourbé avec dignité. Oui, il fallait bien l’admettre. Dans le merde jusqu’au cou, il restait classe. Sûr de lui. De son sourire hautain et son regard désespérément neutre, qui cachait un cynisme constant du haut duquel il regardait le monde.
    Un loup, un vrai.

    Les griffes vicieuses du rongeur la ramenèrent à la réalité, et elle les sentit tracer de minuscules sillons rouges dans la peau de son dos, tandis que la souris tentait de remonter vers son cou.
    Lilian-le-chat poussa un feulement silencieux mais non moins irrité. Elle n’aimait pas qu’une souris la prenne pour son trou. Elle n’aimait pas sentir son contact si doux qu’il en était énervant, tel une écharpe de soie que l’on a gardée trop longtemps autour du cou. Elle n’aimait pas non plus la flamme moqueuse qui dansait sans gêne dans les iris acier du cendré.
    Non, celle là, elle ne l’aimait pas du tout
    Le dernier regard qu’elle lui lança témoigna du paroxysme de sa colère. Si la peur d’être découverte ne s’était pas ancrée si profondément dans son être, son pouvoir aurait brisé tous les barrages qu’elle avait put former pour l’empêcher de déborder. Il aurait submergé son esprit, sa conscience, et le placard, la pièce, le bâtiment auraient été réduits à un tas de ruines poussiéreuses. Et le loup à une crêpe flasque.
    Une crêpe de loup…
    Charmant.

    La fureur qu’elle ne tentait pas de cacher, mais bien de dévoiler au grand jour, finit néanmoins par refluer dans les méandres tortueux de son esprit, et la jeune fille se calma lentement. La souris, toujours bloquée entre le mur et le dos qui la maintenait contre la paroi de bois, finit par trouver une solution. Elle enclencha la marche arrière, et remonta à reculons entre les omoplates, puis dans le cou de Lilian. Ce fut à ce moment que le deuxième chasseur entra en action. Nonchalamment, il tendit le bras vers le rongeur gris, dans une tentative de l’attraper presque désintéressée.
    La souris ne l’avait pas oublié, malgré son esprit étroit entièrement occupé par la peur.
    Elle vit une main menaçante s’approcher, et détala. Dans la tunique d’une Lilian passablement agacée par la situation, par son incompétence, et par tout le reste. Le rongeur ayant sans doute – comme dit précédemment – le plus mauvais sens de l’orientation du monde, se jeta avec l’énergie du désespoir dans le dos de la gamine, se retrouvant de nouveau coincée entre le mur et sa colonne vertébrale.
    Raté.

    Le loup savait profiter des occasions, comme Lilian avait eu le loisir de l’apprendre à son contentement, et à ses dépens.
    Un sourire narquois s’esquissa sur le visage du chasseur, et il referma lentement ses doigts sur le dos de la souris.
    Qui elle n’avait pas encore abandonné. Elle n’avait visiblement aucune envie de finir dissoute dans l’acide gastrique d’un estomac lupin, ou même humain.
    Elle n’avait pas non plus envie de rencontrer ses agresseurs.
    Une souris bien difficile à l’approche de la mort…
    Elle eut donc un sursaut, se dégageant de l’emprise du cendré en couinant de terreur.

    Un air contrit se peignit sur les traits parfaits de l’Oméga gris, et son regard s’assombrit. Enervé ?
    Une lueur narquoise alluma les iris de la gamine blonde. Chacun son tour…
    Après plusieurs tentatives peu fructueuses, le garçon se ramassa sur lui-même, prêt bondir, puis au moment ou la bestiole pointait le bout de son nez, s’étendit violemment. Sa main s’abattit sur le corps frêle et tremblant. Puis il se redressa, considérant le rongeur suicidaire, puis Lilian qui avait été son terrain de fuite. Avec peut-être une pointe de sadisme, il la fit sauter dans les airs une seconde puis la rattrapa par la queue et la tendit ainsi à la jeune fille.


    « Tiens, t’as plus qu’à la manger »

    Elle leva lentement les yeux vers lui, soutenant un instant son regard acier, puis les baissa vers le rongeur à moitié mort. Des idées malsaines lui vinrent à l’esprit, elle les chassa dans un coin sombre de sa tête. De la même obscurité que celle, poussiéreuse, du placard étroit.
    Un léger sourire accueillit les paroles du garçon, peut-être parce qu’ils faisaient un trait d’humour, peut-être aussi parce qu’il était sérieux.
    La jeune fille ne se fit pas prier pour entrer dans son jeu. Elle tendit la main, effleura celle du cendré, puis ramena la souris vers elle, dans la même position.
    Elle ouvrit la bouche consciencieusement, amenant sa souris à sa hauteur, puis fit mine de l’avaler. Elle s’arrêta juste avant, alors que ses idées surréalistes revenaient à la charge
    Elle songea au cendré, et qu’en temps que chasseur de cette bestiole, il eût été discourtois de ne pas lui en proposer.
    Elle écarta la souris de son visage, inclina la tête de côté et lui demanda d’une voix neutre :

    « T’en veux un bout ? »


    Ses pensées s’emballèrent en attendant la réponse du loup. Elle se rendit compte qu’elle ne connaissait pas son nom, mais aussi que ça ne la dérangeait pas le moins du monde. S’il voulait l’en informer, il le ferait. Elle trouvait ça dégradant de le lui demander. Il aurait sans doute pris ça comme une curiosité malsaine. Il serait alors déçu d’elle. Elle n’en avait pas envie. Pourquoi ? Elle n’en savait rien, mais en oubliant ce qu’elle pensait de lui, elle voulait s’assurer qu’il ne la considérait pas comme un fardeau. Comme un poids mort.
    Revenant à l’idée du nom, elle finit par arriver à la conclusion que c’était tout de même peu pratique pour l’appeler, si elle en avait besoin. Crier « Eh ! » en sa direction n’était pas des plus respectueux…
    Son âme bilingue finit par trouver une solution. D’origine canadienne par son père, française par sa mère, elle était bilingue depuis sa plus tendre enfance, ce qui l’avait tirée sans conséquences de pas mal de situations fâcheuses. Sans conséquences… La condition la plus importante. Elle espérait qu’il en serait de même pour sa récente découverte. Qu’elle prononça sans s’en rendre compte à vois haute :

    « Wolf. »


Dernière édition par Lilian le Ven 30 Avr - 18:18, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: L'échappée belle ; Privé. L'échappée belle ; Privé. Icon_minitimeMer 28 Avr - 21:39


    Des sourires de la vie, des caresses enjouées
    Où s’évaporent l'enfance, et la naïveté.





    L’appendice caudal du petit rongeur fermement emprisonné entre le majeur et l’index, le regard flamboyant et insondable, le sourire au bord des lèvres, Curve lui présenta le fameux et tant convoité met remuant, comme le serveur apportant a une cliente plus qu’aisée une denrée rare et exclusivement réservée aux personnes d’un rang social un peu plus qu’aisé.
    Oh, certes. La présentation de la bête n’était pas au summum de la classe, et il aurait très bien pu lui amener l’exquise gourmandise délicatement étendue dans la paume d’une main offerte et dévouée, maintenant la petite tête de la souris d’un doigt sur, et qui aurait paru désintéressé. Qui aurait attiré le regard.
    Mais Curve n’était pas dans un restaurant cinq étoiles, et encore moins classifié sous le poste évocateur de serveur en smoking. Il ne possédait pas l’eau de Cologne a la senteur humide et acre, les cheveux luisants et noirs, la démarche saccadée d’un nécrosé des vertèbres cervicales, arthosé jusqu’aux digitales.
    Non, il n’était pas vraiment ça.
    A dire vrai, l’envie lui était grande, lorsqu’il observait son offrande sagement immobile, de la présenter à la fillette en la tenant, certes par la queue, mais a défaut de la maintenir par les ongles, c’est avec les dents qu’il aurait souhaité la présenter.
    Oui, comme un chien fier de sa trouvaille, qui toise son maître avec insolence, refusant catégoriquement de lui donner.
    Touche, mais avec les yeux.

    Oui mais Curve n’avait cette épique poussée d’inspiration qu’un bref laps de temps, et il ne lui venait pas a l’esprit de brutalement changer d’avis et d’introduire la patte – ou la queue – du rongeur entre ses incisives, et de jeter un regard humide a la blondinette qui le prendrait alors pour un véritable cinglé.
    Chose qui a vrai dire était encore a prouver.
    Soit l’imaginatif cendré était d’une précocité a couper le souffle, ou d’une connerie a s’en arracher la clavicule.
    Le mot d’ordre restait la neutralité, et il songeait intérieurement qu’au final, précoce ou trisomique, il restait bien plus intelligent que certains.
    Cette haute opinion de lui-même lui suffisait amplement, et ne le perturbait pas la nuit en de violentes crises de culpabilité.
    Non.
    Le cendré était un arrogant parfaitement insoumis, et il assumait avec verve cette partie de lui bien plus que simplement apparente.

    Un tiraillement caractéristique le tira de sa torpeur coutumière, et il crut un instant qu’il s’agissait de la souris qui, la tête en bas, devait trouver le temps long, alors que son sang si précieux se déversait avec fracas dans son encéphale, noyant ses tympans sous un flot écarlate, bouchant ses prunelles pétillantes, brouillant son si précieux odorat.
    Avalant la chair, dévorant les artères.
    Corrompant l’organisme en perdition.

    Mais il ne s’agissait pas de ça.
    Il baissa lentement les yeux, et ses pupilles d’ébène se posèrent avec la délicatesse d’une plume sur la main réceptrice de sa tendre offrande.
    Il cilla ; puis desserra lentement l’emprise qu’il avait sur son bien si durement capturé, et l’observa tomber dans une paume qui s’en empara bien vite.
    La souris, pleine d’espoir sur sa survie, n’eut pas le temps de couiner qu’elle fut aussitôt repositionnée la tête en bas. Résignée, elle s’abandonna a l’attraction de dieux bien plus puissants – et sadiques – qu’elle.
    L’oméga en ressentit une étrange déception, et suivit le cheminement de la petite bête condamnée vers la gueule affamée d’un prédateur indompté.
    Prédateur qui finalement, claqua des mâchoires devant son gibier, renonçant a s’en repaître.
    Diantre. Voila que le loup n’avait chassé que pour le simple plaisir de léguer son don a un carnivore repu.
    Cruelle déception.

    « T’en veux un bout ? »

    Mais quelle délicate attention que voila.
    Le prédateur n’était pas qu’étrange et inconnu. Il était aussi altruiste.
    Mot et conception que notre cendré ignorait avec la fourberie d’un tyran imparable, reléguant ce terme et sa définition lourde de concessions dans un coin reculé de son esprit.
    La bête voulait partager.

    Curve releva la tête, et jeta un regard a celle qu’il épiait sans la moindre discrétion.
    Suivit des yeux le mouvement doux d’une mèche dorée, glissée derrière l’oreille, filer souplement en une fuite désespérée le long de la joue de la gamine, pour fini par se balancer devant ses yeux en longs filaments couleur d’étoile.
    Un étrange sourire s’empara des lèvres du gris, qui prit conscience de son état qu’on aurait pu qualifier sans mal de ‘ somnambule ‘
    Comparer un félin a une étoile …
    Il secoua la tête, autant pour refuser l’offrande que pour se réveiller.
    Geste dont le taux d’échec approcha le zéro absolu.
    Comme si un cendré typé Curvien était éveillable.

    « Je n’offre pas pour recevoir. »

    Oh.
    Mais comme c’était beau.
    Il lui fallut quelques secondes pour réagir, le temps que la phrase s’imprègne sur son encéphale, et qu’il libère a contre cœur un iota de conscience pour s’intéresser a ce qu’il avait dit. Et fut amusé de la suprême arrogance de sa phrase. De ce ton hautain et dédaigneux, de cette attitude narquoise, de cette phrase sortie sans réflexion aucune et pourtant, lourde de tout ce qui le caractérisait.
    Altier.
    Méprisant.
    Suffisant.
    Le genre de personne qu’il ne pouvait pas supporter, mais qu’il était en grande partie.
    L’amusement cingla brutalement ses prunelles, qui flambèrent sauvagement, d’un feu pétillant et moqueur.
    Envers la situation.
    Envers sa phrase.
    Et envers lui.
    Le sourire qui étira, l’espace d’un instant fugace, ses lèvres pales disparut, comme absorbé par sa presque constante neutralité, et il détourna le regard de Lillian, lâchant au même moment qu’elle susurrait ‘ Wolf ‘ ce surnom par lequel il l’appelait en son antre mentale.

    « Lady. »

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MessageSujet: Re: L'échappée belle ; Privé. L'échappée belle ; Privé. Icon_minitimeSam 1 Mai - 0:05


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        Je n'ai pas grand chose à te dire
        Et pas grand chose pour te faire rire
        Car j'imagine toujours le pire
        Et le meilleur me fait souffrir

        Et toi et moi
        On était tellement sûrs
        Et on se disait quelques fois
        Que c'était juste une aventure
        Et que ça ne durerait pas




    « Je n’offre pas pour recevoir. »

    Cette phrase eut pour effet de faire remonter lentement le cobalt, jusqu'à ce qu’il rencontre de nouveau l’acier. Il n’y eut pas de confrontation. Pas de provocation. Pas même un reste flamboyant des ses iris océan, qui filtraient tout et ne retenaient rien. « Je n’offre pas… » Cette partie là, elle la comprenait totalement. Du sens propre des mots, leur définition dans le dieu Larousse, à la réflexion qui les avait poussés à devenir son, puis paroles. Il n’offrait pas. Un loup n’offrait. Cela, elle le concevait totalement. Et elle était d’accord au point le plus haut qu’il est possible d’atteindre dans l’acquiescement. Les autres ne valaient pas la peine que l’on se défasse de quelque chose pour leur en faire cadeau. Donner quelque chose à quelqu’un pour le plaisir était pour elle une chose idiote et insensée depuis le début de son existence. La fin de la phrase la sidéra donc.
    « … pour recevoir. »
    Quoi ?

    Comment ?

    Eh bien Lilian, si. Elle, ne donnait que si elle y était forcée. Seulement si elle pouvait en tirer quelque chose. La gamine avait toujours été du genre à ne rien faire sans bénéfices à la clé. Que ce fût un bien matériel, une information, ou une toute autre chose qui lui rapportait, il lui fallait une récompense. Quelque chose en échange.
    Après tout, même les chiens agissent par intérêt.
    Ils aboient et mordent sur commande, apportent le journal, les pantoufles, remuent la queue, se couchent devant leur maître… Pour une gamelle bien remplie ou une caresse. Ce n’est pas de l’amour qu’éprouvent les chiens face aux hommes.
    C’est une relation d’affaires.
    Un business.

    Voire un mal pour un bien.
    Un autre mot, enfoui profondément sous des tonnes de poussières mentales dans les archives de son cerveau. Courtoisie. Un deuxième suivi. Galanterie.
    Hm ? Ça existait, ça ?
    Une définition remontant des tréfonds de sa mémoire lui retentit aux oreilles un peu trop fort, mais elle en comprit le sens. Elle vissa son regard dans celui du cendré, et vit le signe qu’elle espérait. Une lueur narquoise, une flamme grinçante qui dansait follement sous l’amusement, suivie d’une vague de suffisance qui vint teinter l’acier de rouge.
    Bien, elle savait pourquoi il avait dit quelque chose comme ça.
    Comprendre lui procurait le certain plaisir de se trouver, ne serait-ce qu’un instant, infiniment plus intelligente que tout le monde. Imbue d’elle-même, Orgueilleuse.
    Effrontée, en regardant le loup en face.

    « Un vrai gentleman… »

    Dit-elle sans hésitation. Un sourire étirait ses lèvres, narquois, effronté, amusé, intrigué.
    Curieux.

    Ils se nommèrent instinctivement en même temps.
    Son nouveau nom la ravit.
    Durant un instant absurde, lui prit la farouche idée de changer de prénom coûte que coûte. La seule pensée de procédures l’effleura à peine que son esprit volage passait déjà à autre chose. Lilian était intelligente, mais se lassait vite.
    Son cerveau s’ennuyait, et zappait à tout moment la situation actuelle si elle ne lui plaisait plus. Si bien que la jeune fille avait eu des problèmes de concentration, lorsqu’elle était entourée de 24 gamins bruyants, incapables de tenir en place deux minutes sur leur chaise comme si on y avait mit des punaises.

    Le regard indécent qui lui dévorait le visage la ramena à la réalité, et dans ce mur d’acier, elle vit l’éternelle étincelle sarcastique qui irradiait une lumière ambrée, parant les iris métalliques de reflets d’or liquide.
    Lilian termina sa phrase :

    « …Provocateur. »

    Il était grand temps de régler les comptes.
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MessageSujet: Re: L'échappée belle ; Privé. L'échappée belle ; Privé. Icon_minitimeDim 2 Mai - 17:12

    « On retrouve dans nos larmes coulées des souvenirs que l'on a pu reconstruire. »